Le difficile pari de l’augmentation de la disponibilité des centrales nucléaires rhônalpines
Visites décennales, travaux importants nécessitant le changement de générateurs de vapeur : ces dernières années, les centrales nucléaires n’ont cessé de voir leur taux de disponibilité baisser, chutant à 78 % au plan national, même si les 14 tranches nucléaires des centrales rhônalpines se sont mieux comportées. Promis, juré, 2010 devrait être l’année du redressement, même si des travaux importants sont encore programmés. Ce ne sera pas facile.
La faible disponibilité du parc nucléaire français avait fait désordre au plus froid de cet hiver amenant EDF à importer de l’électricité en quantité. Beaucoup plus qu’à l’ordinaire. En 2009, le solde des exportations d’électricité, en général très en faveur de l’Hexagone, s’est réduit des deux tiers !
La disponibilité du parc nucléaire français, c’est-à-dire le pourcentage entre la production maximale et la production effective est en effet tombé à 78 %. L’une des plus faibles de l’histoire des centrales françaises. Pire, en incluant l’effet des grèves de l’année dernière, les experts estiment que le coefficient de disponibilité est en réalité tombé à 74 % !
On est donc loin du taux de disponibilité promis par EDF lors de son introduction en Bourse en 2004 : 84 % pour 2007…
L’année dernière, les centrales nucléaires n’ont jamais aussi peu produit d’électricité en France, sauf en Rhône-Alpes. La production des quatorze tranches de centrales nucléaires rhônalpines est en effet passée de 83,6 milliards de kWh à 84,8 milliards de kWh.
Il n’empêche. Comment en est-on arrivé là ? Le problème majeur est lié à la mauvaise gestion des périodes pendant lesquelles les centrales sont arrêtées pour recharger le combustible ou assurer la maintenance. En moyenne, ces arrêts durent 26 jours de plus que prévu, selon la CGT.
Au total, sur l’année, la CGT estime que ces difficultés se sont traduites par 1 360 jours de prolongation de travaux. Or un jour d’arrêt entraîne un manque à gagner de près de 1 million d’euros.
Il va être encore difficile cette année d’améliorer de manière importante la productivité des centrales dans la mesure où en 2010, deux importants chantiers s’annoncent en Rhône-Alpes.
En février dernier, a été lancée la troisième visite décennale de l’unité de production n°2 de la centrale du Bugey et conjointement les remplacements des générateurs de vapeur des unités 2 et 3. L’objectif est d’augmenter la durée de vie de cette centrale pour qu’elle puisse dépasser les 40 années de production. De ce fait, toute une période de maintenance des installations s’étalera jusqu’en 2013. Une certitude, cette année, une tranche nucléaire sera à l’arrêt pendant un an.
Ces très importants travaux qui viennent de démarrer, mobiliseront 2 500 ouvriers pendant six mois. Ils représentent un investissement de 170 millions d’euros. Et ne seront pas propices à une production importante d’électricité de la part de la centrale de l’Ain, dotée de quatre tranches.
Même remarque pour la centrale du Tricastin dans la Drôme qui fêtera cette année ses 30 ans et dont l’unité 2 fera l’objet d’une 3ème visite décennale. « Cette révision constitue la clé pour la poursuite en toute sûreté des dix prochaines années d’exploitation », explique-t-on à la direction d’EDF.
Malgré tout, Jean-Roger Régnier, délégué régional d’EDF Rhône-Alpes pense réussir à augmenter cette année d’un point le taux de disponibilité des centrales nucléaires rhônalpines. Ainsi, pour atteindre l’objectif qu’a fixé le premier ministre François Fillon à EDF, soit 85 % de taux de disponibilité soit atteint d’ici trois ans, soit fin 2012, il va falloir qu’EDF cravache.
Pour tenter de tenir cet objectif, EDF a signé l’an dernier un accord salarial qui encadre mieux le pilotage des arrêts de tranche. Il permet notamment de travailler presque 24 heures sur 24 pour gérer les aléas. L’autre initiative dont on verra la mise en œuvre sur la centrale du Bugey est le remplacement de gros composants comme les générateurs de vapeur. Cela sera–il suffisant ? Possible, à condition qu’en 2010 ne soit comptabilisé dans le même temps qu’un minimum d’aléas techniques. A suivre…
Illustration : La disponibilité des centrales nucléaires françaises n’arrête pas de baisser depuis 2006. L’année 2010 marquera-t-elle l’inversion de la courbe ?