Investissement : le boom de la location…de vaches laitières
Première entreprise européenne de gestion du cheptel, une société de Meyzieu dans le Rhône propose des vaches en location. Elle rencontre un succès grandissant.
« Depuis que la crise économique a éclaté, nous sommes bombardés de demandes : 1 500 depuis le début de l’année. Nous n’avions jamais vu cela ! » Président de la société Elevage et Patrimoine basée (*) à Meyzieu dans le Rhône, Pierre Marguerit est un homme heureux.
La société qu’il dirige ne date pas d’aujourd’hui, loin s’en faut -elle a été créée en 1971- mais elle semble correspondre depuis quelques mois à une attente des investisseurs. Et ce, malgré la crise du lait. Une crise que Pierre Marguerit balaie d’un revers de la main. « A mon avis, ce n’est qu’un épiphénomène. Il faut regarder les choses à long terme. Il existe de plus en plus de bouches à nourrir sur terre. Les débouchés de l’agriculture sont grandissants. Cette crise du lait va se régulariser : nous ne sommes pas inquiets ».
Il s’agit, à l’instar d’appartements en location confiés à un régisseur, d’une régie de troupeaux laitiers. Le principe est simple : l’investisseur achète des vaches laitières, puis les confie à la société Elevage et Patrimoine qui, grâce aux services d’un régisseur spécialisé, la société Gestel, les louent pour lui à un éleveur sélectionné. Les particuliers peuvent, pour 1 296 euros, acquérir un ruminant qui sera ensuite loué à un éleveur professionnel. Il leur faudra ajouter, uniquement pour le premier achat, un chèque de 125 euros à l’ordre du Trésor Public.
Par le jeu de la commercialisation du lait, mais aussi des naissances et de la vente de viande, et en fonction des tarifs de l’alimentation, ce placement pour le moins atypique rapporte en moyenne entre 4 % et 5 % par an aux investisseurs, avec des pointes possibles à 7 % les bonnes années, assure Pierre Marguerit qui précise : « Il ne s’agit pas d’un investissement spéculatif, mais à effectuer sur le long terme. »
De surcroît, pour les éleveurs, ce système permet de mieux affronter la crise en leur permettant une économie de capitaux, avec des avantages fiscaux à la clef. Il constitue, une des réponses, mais une réponse seulement à la crise du lait ; une deuxième étant permise par la hausse des cours et une troisième par la valorisation et la vente en direct (yaourts, fromages) de leur production par les éleveurs eux-mêmes.
Etant donné l’âge de la société, 835 élevages en France, soit près de 30 000 têtes de bétail (vaches ou génisses) pour un bon millier de propriétaires régisseurs, ont joué la carte du bail à cheptel. Les éleveurs louent tout ou partie de leurs troupeaux, ce qui leur évite un lourd endettement. « Cela leur permet d’avoir de la trésorerie et de déduire des sommes importantes de leur revenu, grâce à une diminution de leurs charges sociales et fiscales », constate Pierre Marguerit.
Selon ce dernier, le risque d’un tel investissement pour le particulier est faible, sinon nul : « l’achat est accompagné d’un complément d’assurance intégrant les risques de maladie contagieuse, de pandémies, de fléaux tels que celui de la vache folle, car dans ce dernier cas, c’est l’Etat qui intervient. » Et d’ajouter : « le risque est d’autant plus limité pour l’éleveur, comme pour l’acquéreur, que nous ne louons que des vaches sélectionnées, à haut potentiel. »
Le système s’appuie également sur le renouvellement du cheptel qui permet de remplacer les animaux arrivés en limite d’âge ou réformés. Ainsi, le troupeau garde un âge moyen constant.
Bref, cet investissement n’est pas fait pour ceux qui comme en Bourse, ne veulent effectuer qu’un aller et retour. Il doit là, jouer le moyen et long terme : moins de cinq ans s’abstenir !
(*) « Elevage et Patrimoine » est la régie de l’Association Française d’Investissement en Cheptel (AFIP), complétée par une régie technique, Gestel, leurs sièges sont situés à Meyzieu dans la banlieue est de Lyon.