La BPI prévoit d’investir près de 600 millions d’euros cette année en Rhône-Alpes
Fusion de tous les organismes de financement public, haut de bilan compris, la Banque Publique d’Investissement (BPI) en Rhône-Alpes qui sera officiellement inaugurée le 20 juin, est désormais sur les fonts baptismaux. Les effectifs commencent à s’étoffer au sein de son siège de la Part-Dieu qui est également celui d’Oséo : outre l’addition des effectifs existants, son équipe de terrain est complétée par une dizaine de chargés d’affaires supplémentaires.
Si les bisbilles entre Ségolène Royale, nommée vice-présidente et son directeur, Nicolas Dufourcq ternissent quelque peu son image au plan national, la fameuse Banque Publique d’Investissement (BPI) dont la création figurait au programme de François Hollande semble, au niveau rhônalpin, débuter sous d’heureux auspices, du point de vue pratique, du moins.
Le siège de la BPI situé dans l’immeuble 6ème Sens à la Part-Dieu
Il a été décidé que son siége serait installé à la Part-Dieu, au sein de l’une de ses composantes : Oséo, la banque des PME. Mais où installer les nouveaux arrivants destinés à constituer la task-force du financement public des entreprises ? Natixis qui possède opportunément ses bureaux à l’étage au dessous de l’immeuble 6ème Sens de la Part-Dieu où Oséo est installé, va prochainement libérer une partie de ses locaux dans le cadre d’une réorganisation interne, au profit de la BPI.
On se posait la question de savoir si la création de cette BPI allait constituer la simple addition de ses membres, sans apport supplémentaire : il n’en est rien selon Pierre Villefranque, directeur régional de la BPI pour cinq départements sur huit.
« A l’occasion de cette création, près d’une dizaine de chargés d’affaires supplémentaires, notamment dans le haut de bilan, vont intégrer l’équipe de la BPI : ils seront une cinquantaine, tous métiers confondus, contre quarante actuellement. »
Rappelons que cette Banque Publique d’Investissement rassemble outre Oséo, la Caisse des dépôts et le Fonds Stratégique d’Investissement (FSI) pour le haut de bilan, ainsi que la Coface pour l’appui financier des entreprises à l’international.
« Des synergies plus fortes »
Le directeur régional de la BPI ajoute : « De surcroît, même si nous travaillions déjà ensemble, le fait de se retrouver pour une bonne part dans les mêmes locaux va nous permettre de développer des synergies plus fortes que lorsque nos relations étaient dispersées. »
Quelles seront les relations avec le conseil d’orientation composé notamment d’élus politiques et consulaires, du Medef, de la CGPME ? Seront-elles aussi tendues que celles constatées au plan national ?
Reprenant les mot de Nicolas Dufourcq, Pierre Villefranque parle d’ « anecdotes ». Pour lui, le mandat de la BPI est claire : « Nous accompagnons le développement, pas les difficultés des entreprises. »
Il ajoute : « Même si en permanence, in fine, ce sont les cadres de la BPI qui prennent tous les jours les décisions de financement et pas les élus, les collectivités n’ayant pas le droit d’investir dans les entreprises, la BPI accordera bien sûr sa boîte à outils aux attentes et aux tempos mis en œuvre par la Région. »
37 millions d’euros déjà octroyés pour le crédit d’impôt
Pour l’heure, le bilan que le directeur régional dresse du Crédit d’Impôt pour la Compétitivité et l’Emploi (CICE), une des composantes de la boîte à outils de la BPI est positif. Après un lent démarrage, les entreprises sont de plus en plus nombreuses à frapper à la porte de la BPI : à la date du 14 mai, « le cap des 280 préfinancements a été franchi pour un montant de 37 millions d’euros. Nous sommes sur un rythme de dix ouvertures de dossiers par jour. Et tout laisse présager que ce rythme va s’accentuer », lance Pierre Villefranque. Une ETI (Entreprise de Taille Intermédiaire) lyonnaise vient ainsi de déposer un dossier portant sur 14 millions d’euros de crédit d’impôt.
Un autre dispositif d’accompagnement financier des PME est lui aussi actuellement sollicité, celui du« Renforcement de la Trésorerie » qui permet aux PME de se voir garantir jusqu’à 70 % de leurs demandes d’apports financiers. A ce jour, 218 entreprises en ont bénéficié en Rhône-Alpes pour 27,5 millions d’euros.
1,5 milliard investis en co-financements
Au total, selon Pierre Villefranque, « la BPI devrait investir en Rhône-Alpes en 2013, près de 600 millions d’euros de financements moyen et long terme. Comme il s’agit de prêts le plus souvent menés en co-investissements avec les acteurs rhônalpins comme Siparex ou Garibaldi, par exemple, près de 1,5 milliard d’euros devraient être investis cette année dans l’économie rhônalpine. »
L’inauguration officielle de la BPI Rhône-Alpes se déroulera le 20 juin, en présence notamment de Nicolas Dufourcq, son directeur et de Jean-Jack Queyranne. On ne sait pas encore si Ségolène Royal sera présente…
Photo (DL)-Pierre Villefranque, directeur régional (Rhône, Ain, Loire, Drôme et Ardèche) de la Banque Publique d’Investissement.