La filière textile rhônapine devrait pour la première fois cette année redevenir créatrice d’emplois
Il est rare d’entendre des chefs d’entreprises heureux, le sourire aux lèvres. C’est pourtant le cas des représentants de la filière textile de Rhône-Alpes qui retrouvent du tonus et devraient même embaucher, cette année près de 500 nouveaux salariés. Pour preuve de ce regain de dynamisme, l’organisation, le 12 juin, à Lyon, de la première journée de rendez-vous business, baptisée « Textival ». Une manifestation que ses promoteurs aimeraient bien voir devenir internationale.
La filière textile revient de loin. Les premiers coups de boutoirs la concernant ont été reçus peu après la première crise pétrolière, en 1976. La descente aux enfers s’est ensuite accentuée au fil des années. A coups de délocalisations, ses effectifs ont ainsi été divisés par dix en près de quarante ans !
En rencontrant les responsables de la filière textile de Rhône-Alpes venus présenter une nouvelle manifestation business concernant leur secteur, on les imaginait ronchons, la mine défaite.
Pas du tout ! Tous sourires, il expriment un dynamisme et un enthousiasme surprenants dans la conjoncture actuelle., que l’on rencontre peu dans d’autres filières
L’explication : la descente aux enfers du secteur est terminée et, marqué par quelques relocalisations, il renoue pour la première fois depuis des décennies avec la croissance.
Un quart des entreprises textiles de France basé en Rhône-Alpes
Important pour la région, cet heureux retournement de conjoncture : comptant 685 établissements textiles, Rhône-Alpes est la première région textile de France. Elle concentre à elle seule, le quart des entreprises françaises du secteur.
Cette filière pèse un total de 2,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires réalisés par les quinze mille salariés du secteur.
Mieux même, selon les instances professionnelles, pour la première fois depuis très longtemps, la filière devrait afficher un solde d’emplois positif avec cinq cents créations d’emplois.
« On ne pouvait descendre plus bas. Nous avons atteint le seuil et nous sommes en train de remonter : il y a, dans notre secteur, de moins en moins de disparition d’entreprises. Mieux même, on assiste à leur renouvellement », constate, ravi, Jean-Charles Potelle, le Pdg de la société Boldoduc et président de l’organe professionnel Unitex (*).
Une filière tirée par le luxe et les textiles techniques
Ce ne sont pas les relocalisations, encore trop peu nombreuses, même si elles sont réelles qui expliquent ce retournement, mais deux secteurs qui se développent particulièrement en Rhône-Alpes : les textiles à usage technique, utilisés dans de nombreux secteurs : aussi bien dans le bâtiment (Porcher en Isère), que dans la santé (Thuasne à Saint-Etienne), le médical, l’aéronautique, l’automobile, le sport et même l’agriculture, etc.
Autre filière qui a réussi à nouveau à développer à la fois son chiffre d’affaires et ses effectifs : le luxe, avec des entreprises héritières de la soierie lyonnaise. Le marché du luxe connaissant une croissance à deux chiffres, un certain nombre d’entreprises restent aujourd’hui pionnières sur des marchés de niche, pointus et particulièrement exigeants en termes de qualité.
On peut sans doute voir aussi dans ce regain de la filière, l’existence d’un pôle de compétitivité, en l’occurrence Techetera qui a sans doute une part de responsabilité dans le taux d’innovation constaté dans la filière textile rhônalpine, bien supérieur au niveau national.
Depuis sa création en 2005, Techetera est à l’origine de 265 projets de Recherche&Développement au sein des entreprises textiles pour un total de 242 millions d’euros.
Un haut niveau d’innovation
Au bilan, donc, grâce à son haut niveau d’innovation qui lui permet d’avoir quelques coudées d’avance par rapport à ses concurrents, le textile rhônalpin se révèle particulièrement exportateur. Près de la moitié des entreprises textiles-très précisément 48 %- exportent ainsi au moins 25 % de leur chiffre d’affaires.
La progression de l’export est significative : grâce au luxe et aux textiles techniques, la progression a été depuis 2012, de 25 % vers les USA et de 18 % vers la Chine et Hong-Kong.
Autre atout que les dirigeants du textile rhônalpin entendent conserver et qui sera très utile pour accompagner ce retour à meilleure fortune : la région concentre sur son territoire l’ensemble des métiers de la filière et des formations textiles : du CAP, aux diplômes d’ingénieurs, en passant par les BTS et autres licences.
Retrouvant un regain d’énergie, la filière est décidée à repartir de l’avant. Elle organise le 12 juin prochain à la Villa Créatis à Lyon, « la première journée de rendez-vous business », baptisée Textival.
« Réunir l’ensemble de la filière »
« L’objectif est de réunir l’ensemble de la filière, des savoir-faire et des clients des entreprises. Il s’agit de développer des rencontres d’affaires pour renforcer les liens, les partenariats, les réseaux des chefs d’entreprise», explique Jean-Charles Potelle.
Et d’ajouter : « Nous voulons faire de cette manifestation un accélérateur de synergies pour mieux faire connaître l’important potentiel de nos entreprises de Rhône-Alpes. »
Une manifestation destinée à se pérenniser-près de deux cents participants sont déjà annoncés- avec l’ambition à terme d’en faire une rencontre internationale.
(*) Créée en 1976 par les industriels du textile, Unitex (Union intertextile Lyon et région) rassemble l’ensemble des branches d’activité de l’industrie textile de la région Sud-Est de la France. Elle compte plus de 150 entreprises adhérentes.