Le voile se lève sur le futur « Campus des métiers du numérique » de Charbonnières
Installé au sein de l’ancien siège de la Région à Charbonnières, le futur « Campus Numérique » promis pendant la campagne des Régionales par Laurent Wauquiez, le nouveau président d’Auvergne-Rhône-Alpes devrait voir le jour fin 2017/début 2018. Formation initiale et continue, fab-lab, accélérateur, hôtel d’entreprise, etc. : ses grandes missions ont été définies. Reste à le mettre en musique en partenariat avec l’écosystème numérique régional. Interview à deux voix avec Etienne Blanc, vice-président chargée des Finances et Juliette Jarry, son homologue chargée du Numérique.
Le Campus Numérique est un projet phare. Quel est son objectif et son originalité ?
Juliette JARRY– Pour favoriser la transformation digitale et l’emploi, la région a trois priorité : créer un écosystème stimulant pour aider nos entreprises à sauter le pas du numérique y compris dans les services, soutenir la formation et l’apprentissage pour le volet compétences, doper l’innovation, les usages et les marchés nouveaux.
C’est le défi que se fixe le futur « Campus européen des métiers du Numérique » qui se veut évolutif, modulaire et ouvert pour mailler tous les territoires, et impliquer les pôles et les acteurs de tous horizons.
Trois grandes missions sont fixées : la formation initiale, la formation continue, le service aux entreprises, de type fab-lab, atelier de coworking, accélérateur, hôtel d’entreprises et autres équipements et outils collectifs destinés à être partagés…
Pourquoi choisir Charbonnières, avec le risque d’en faire un campus betterave, vu la rareté des transports avec Lyon et tous les pôles universitaires alentour ?
Etienne BLANC– Laurent Wauquiez tient à ce site de l’ancien Conseil régional, pour le valoriser. Pour ce campus, tout est à définir avec les partenaires : la stratégie, le financement public-privé, le juridique (coté PLU-H), enfin le volet transport et mobilité.
Il est crucial que ce campus, vu l’enjeu, soit accessible à tous tant au plan géographique, culturel, financier que technologique.
C’est pour cela qu’au-delà de Laurent Wauquiez et Juliette Jarry, ce projet mobilise tous les vice-présidents et les directions de la région : finance, économie, recherche, culture, transport, éducation, tourisme, environnement, international et même communication… Tous les secteurs sont impactés.
Vu l’ambition d’un tel projet, comment va-t-il se mettre en place et fonctionner ?
Juliette JARRY – Attendu par toute la communauté numérique, et tous les secteurs connexes impactés, ce campus se construit, se finance et se prépare à fonctionner de manière totalement collaborative avec le monde éducatif, académique, entrepreneurial, associatif ou institutionnel environnant.
Des groupes de travail se sont constitués autour de l’équipe de la Région pour définir la stratégie, les missions, l’organisation.
C’est une des originalités de ce projet, pensé avec l’appui des acteurs de terrain qui par leur vision croisée en font la richesse et la force. Fond, forme, business model, gouvernance, ce campus imaginé participatif par Laurent Wauquiez est à ce jour unique par son ambition, son ouverture et surtout la diversité des champs qu’il explore et des acteurs qui s’y investissent, des plus traditionnels aux plus avant-gardistes…
Pourquoi créer ce « Campus » vu la foison d’Ecole, Universités, pôles numériques et French Tech ?
Juliette JARRY – Au-delà du pur volet technique, l’explosion du digital, change l’économie, la société toute entière en créant des demandes de compétences et de services nouveaux dans tous les secteurs. L’offre doit les anticiper, car le secteur éducatif en place ne couvre pas tous les besoins des entreprises qui peinent à trouver des compétences pointues, de type data scientist, développeur de logiciel, d’application, d’usages, de services et de produits nouveaux…
Concrètement, quels services peut offrir ce campus ?
Juliette JARRY – Il faut pouvoir répondre au besoin de recrutement de toutes les organisations publiques ou privées confrontées aux défis de la révolution numérique, quels que soient leur secteur, leur taille, leur activité. Le Campus vise former aux nouveaux métiers du digital et des Big data ainsi qu’à tous les métiers que cela impacte tout au long de la chaine de valeur : management, gestion, sécurité, finance, juridique, assurance, relation fournisseur ou client, marketing, commercial…
L’idée est de parvenir à une meilleure adéquation entre l’offre (de jeunes formés) et la demande (des entreprises). Business high tech ou non, filière agro-alimentaire, artisanat, commerce, médecine, automobile, tourisme, culture, art, éducation, sport, ou encore police ou sécurité, Pas un secteur n’échappe à cette transformation…Le monde du marketing, des loisirs, des média, de la politique l’a vite compris !
Côté grands groupes, PME, start-up, innovation, le campus a-t-il aussi un rôle à jouer ?
Juliette JARRY – Ouvert à tous et couvrant toute la chaine de valeur, ce campus se veut le cœur d’une plateforme sans mur, multi-sites, multi-disciplinaire, multi-acteurs qui maillent tous les pôles et les réseaux de l’écosystème environnant.
De Clermont à Lyon, de Saint Etienne à Grenoble en passant par Chambéry, Bourg en Bresse, Oyonnax ou Valence, l’objectif est d’aider à tous niveaux, les entreprises, les porteurs de projets, les start-up, les chercheurs qui inventent les métiers, les marchés, les sociétés de demain.
Le numérique envahit tout : e-commerce, impression 3D, pratiques pédagogiques, mobilité, smart city, énergie, communication et réseau…
Dans ce cadre, en 2016, les premières études relatives au projet de la Région et du campus sont déjà lancées avec les acteurs du monde économique et académique…
Le numérique incite à des usages innovants pour tous. Le champ des possibles est quasi illimité. C’est cette créativité, cette performance collective qu’Auvergne Rhône-Alpes veut favoriser par ce Campus numérique d’un genre nouveau qui prépare le monde et les emplois de demain. Le défi est de taille.
Propos recueillis par Marie-Françoise VILLARD
Dossier « Campus Numérique », lire également :
–Laurent Wauquiez : « Jusqu’à présent la Région n’a pas suffisamment agi en matière de Numérique »
– Numérique et emploi : une entreprise sur deux éprouve des difficultés à attirer des talents