Lyon inaugure son premier ELU (Espace Logistique Urbain) basé au sein du parking des Cordeliers
Une Plateforme logistique vient de voir le jour au cœur même de la Presqu’île lyonnaise, au sein du parking des Cordeliers. Il accueille deux camions électriques des Transports nantais Deret qui procédent aux livraisons dites du dernier kilomètre, celles qui sont d’ordinaire les plus gênantes pour les habitants et les automobilistes. Economie à la clef : 14 tonnes de CO2 par an et des particules en moins. Un nouvel outil vert qui participe à une politique mise en place depuis 2007 qui joue plus sur l’expérimentation et l’encadrement et qui devrait éviter à terme des contraintes encore plus lourdes.
Lyon vient de voter pour son premier ELU. Rien à voir avec les élections présidentielles. Il s’agit en fait d’un Espace Logistique Urbain. Le premier, sans doute, d’une série. Celui-ci et basé au rez-de-chaussée du parking des Cordeliers en Presqu’île. Il s’étend sur près de 1 000 m2.
Que se cache-t-il derrière cet acronyme ? Un concept d’une grande simplicité qui vise à diminuer à la fois les nuisances urbaines dues aux livraisons en centre-ville et partant, le taux de CO2 et de particules.
Actuellement, chaque magasin de la Presqu’île lyonnaise est livré le matin à partir d’entrepôts installés en périphérie, par un camion différent, souvent de taille imposante et au moteur thermique.
L’ELU est tout simplement une plate-forme logistique intermédiaire. Au lieu d’être effectuées directement, les livraisons sont déposées à des heures différentes, voire la veille sur cette plate-forme. Un camion de livraison électrique, donc silencieux, livre ensuite, non pas un ou deux magasins, mais une bonne dizaine, ce qui a l’avantage de limiter le nombre de poids-lourd chaque matin dans la Presqu’île lyonnaise.
Ce sont les Tranports Deret, une société de Nantes qui possède déjà une flotte d’une cinquantaine de camions de livraison électrique en France qui s’est installée sur ce site ELU des Cordeliers.
La société nantaise a déjà signé avec de nombreuses enseignes : Séphora, Lafuma, Dior, l’ Oréal, Nocibé, Marionnaud, etc. Au total, d’ores et déjà trente-et-un points de livraison sont traités depuis le mois de mars dernier, depuis l’ELU des Cordeliers.
Ce qui représente tout de même 250 palettes et près de 1 500 colis livrés chaque mois. Les chauffeurs de l’ELU des Cordeliers réalisent des tournées quotidiennes, six jours par semaine, et ce, de 6 heures à 13 heures ; soit, pour chacun des véhicules 60 km en moyenne chaque jour. Cette proximité permet en outre, de pallier la faible autonomie des poids-lourds électriques.
Deux camions électriques sont basés sur la nouvelle plateforme, ainsi que deux salariés. En prenant en compte la part de CO2 en amont, de l’électricité utilisée pour mouvoir les deux poids-lourds, soit 29g/km, le responsable des Transports Deret a calculé l’économie réalisée en matière de gaz à effet de serre : elle représente tout de même 14 tonnes de CO2 par an.
Finie la cohorte des voitures bloquées par des véhicules de livraison dans les rues étroites ? Géard Collomb, président du Grand Lyon met en avant les résultats de la politique de plus en plus contraignante en matière de livraison mise en place en Presqu’île lyonnaise depuis 2007. Car cette nouvelle plate-forme fait partie d’une stratégie d’ensemble.
La création d’aires de livraison, la limitation des arrêts à 30 minutes maximum avec installation d’un disque horaire dans les poids-lourds spécifiquement dédiés, ainsi que la restriction des véhicules les plus encombrants et la limitation de la taille des véhicules, ont fait, semble-t-il effet.
Accompagnée de répression (augmentation du nombre de PV de 105 % !), cette politique, a selon les chiffres du Grand Lyon, permis de diminuer le nombre de poids-lourds en double file de 25 %. L’objectif affiché est désormais d’étendre cette réglementation sur le reste de l’agglomération. Ce qui ne se fera sans doute pas sans grincements de dents.
L’expérience de l’ELU des Cordeliers devrait ainsi être dupliquée prochainement dans le quartier de la Part-Dieu.
Un autre objectif est affiché : la création d’un espace de logistique urbain de même nature, mais accueillant cette fois les matériaux de construction qui seraient redistribués ensuite par des véhicules électriques sur les différents chantiers. La Confluence et la Part-Dieu où se déroulent de nombreux travaux pourraient constituer les deux cibles principales.
La politique de l’agglomération est, contrairement à d’autres villes comme Londres, de ne pas faire payer l’accès à l’hypercentre ; mais de développer l’expérimentation, de nouveaux usages, tout en offrant le plus grand nombre de modes de transports verts aux usagers et aux entreprises.
Le parking des Cordeliers est devenu à cet égard une véritable vitrine de cette politique. Outre le nouvel Espace Logistique Urbain, il offre désormais des Autolibs en auto-partage, un espace Cityssimo de la Poste (*), mais encore un parc à vélo sécurisé, ainsi qu’un salon d’attente pour le co-voiturage.
Jean-Louis Touraine, le président de Lyon Parc Auto, gestionnaire du parking des Cordeliers l’affirme : « Nous ne voulons pas être qu’un simple opérateur, mais constituer un acteur de la mobilité durable : chaque Lyonnais doit pouvoir trouver chez nous son mode de déplacement adapté. » D’autres parkings pourraient être mis à contribution.
(*) Service de retrait de colis par abonnement 7j/7 24h/24.
Photo (DR) : Un des deux camions de livraison basé aux sein de l’Espace Logistique Urbain des Cordeliers dans la Presqu’île lyonnaise.