A la clef, 70 millions d’euros : l’Allemand Fresenius s’apprête à construire une nouvelle usine de dialyseurs près de l’Arbresle
Il est possible en France de fabriquer des produits à des coûts similaires non seulement à ceux de l’Allemagne, mais même du Japon ou des USA. A condition de mettre tous les atouts de son côté, notamment en matière de robots. C’est ce que prouve Thierry Eyrard, président de Fresenius SMAD qui, de haute lutte, a obtenu le feu vert de la direction ce groupe mondial pour un très important investissements permettant de produire près de Lyon 30 millions de dialyseurs par an.
La concurrence au sein du groupe Fresenius était sévère. Ce groupe allemand de 202 000 salariés, spécialisé dans le traitement de l’insuffisance rénale présent dans le monde entier et dont le siège est à Francfort, avait lancé un appel d’offres auprès de ses quarante-quatre unités de fabrication pour la construction d’une nouvelle usine d’ampleur.
Début des travaux au printemps 2015
« Nous étions en compétition avec une usine en Allemagne, une autre au Japon et une troisième aux USA », raconte Thierry Eyrard, patron de l’actuelle unité de fabrication de Fresenius SMAD qui emploie 475 salariés près de l’Arbresle pour 130 millions d’euros de chiffre d’affaires. Il y fabrique des dialyseurs ou des poches contenant des concentrés de dialyse.
Grâce à cette décision qui vient d’être prise par les plus hautes instances du groupe Fresenius, coté en Bourse, il va pouvoir doubler la taille de son usine.
Il s’agit là du plus important investissement industriel depuis le début de l’année en région lyonnaise : 70 millions d’euros.
Thierry Eyrard vient d’acquérir un terrain adjacent à l’usine actuelle, soit 36 000 m2.
Ce qui va lui permettre de démarrer au printemps 2015, les travaux de sa nouvelle unité de fabrication qui se déploiera sur 18 000 m2. Objectif : la fabrication de fibres de dialyse, creuses et de la taille d’un cheveu, afin de permettre, sur cinq lignes de production, la fabrication de plus de trente millions de dialyseurs par an.
A la clef : près de quatre-vingts emplois : des ingénieurs, des chefs d’équipes, des techniciens, des conducteur de lignes.
Les premiers dialyseurs devraient sortir des chaînes dès 2017 pour les trois premières lignes de fabrication, et en 2018 pour les deux lignes supplémentaires.
Objectif : fabriquer trente millions de dialyseurs par an
Comment Thierry Eyrard a-t-il pu faire la différence avec les autres projets émanant donc d’Allemagne, du Japon ou des USA où est implanté Fresenius.
Le patron de l’usine Fresenius de l’Arbresle met d’abord en avant l’enchaînement réussi sur le site qu’il dirige déjà, de nouvelles lignes de production, en 2012 (concentrés de dialyse), puis 2013 (dialyseurs), 2014 (un nouvel atelier d’injection de pièces plastiques) et 2015 (nouvelles lignes de poches de concentré et de dialyseurs), en cours.
« Nous avons fait auprès de la direction du groupe la démonstration de notre capacité à intégrer de nouvelles technologies et à les mettre en œuvre efficacement, grâce à des équipes performantes », se félicite le directeur.
Autre atout qui a été mis en œuvre : la collaboration avec l’Etat ou les collectivités. Un projet de cet ampleur aurait pu se heurter à des difficultés ou des lenteurs administratives.
Or, dès que Thierry Eyrard a évoqué le sujet en préfecture, une task force pour porter le projet a été créée par Jean-François Carenco, préfet de région, ce qui a permis de faire travailler ensemble et efficacement toutes les parties prenantes : l’Etat, bien sûr, mais aussi la Direction du Travail, mais encore la Communauté de Communes des Pays de l’Arbresle, ainsi que l’Aderly, l’Agence de développement économique du Grand Lyon, au rôle pivot.
Bientôt cinquante robots
Mais, Thierry Eyrard reconnaît que l’atout décisif, permettant d’amener les coûts de fabrication au niveau internaitonal a été « la robotisation très importante de la production : il y a cinq ans, il y avait un seul robot dans notre usine. Très bientôt, nous deviendrons une des usines les plus modernes du groupe Fresenius, avec près de cinquante robots ! »
Des robots provenant bien sûr d’Allemagne ou du Japon puisqu’on en fabrique pratiquement plus en France, sauf chez Staübli, près de Grenoble.
Toyota a démontré à Valenciennes que l’on pouvait fabriquer des voitures en France, en l’occurrence des Yaris, à des coûts compétitifs. Fresenius montre à son tour, par cet exemple que c’est aussi possible dans d’autres secteurs. Or, il faut savoir que notre pays est en retard en matière de robotisation des chaînes de production.
La réindustrialisation de la France passera donc aussi par là. Un discours auquel sera sans doute sensible le Lyonnais Bruno Bonnell désigné comme le Monsieur robotique par le gouvernement…
A noter que la future usine est promise à un important développement, le marché des produits permettant de lutter à travers la monde contre l’insuffisance rénale croissant au rythme de 5 à 7 % par an. Bon en outre pour le commerce extérieur : Fresenius à l’Arbresle exporte…97 % de sa production !