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Où l’on reparle du projet de Canal Rhin-Rhône…

Souvenez-vous pour des raisons purement politiques, le projet de canal Rhin-Rhône qui devait fortement bénéficier à la région Rhône-Alpes était torpillé en 1997 de manière incompréhensible pour les béotiens, par une ministre de surcroît écologiste, Dominique Voynet.

Ce projet pour lequel la Compagnie National du Rhône avait travaillé une trentaine d’années avait été rayé d’un train de plume par le gouvernement Jospin, alors qu’il aurait permis d’économiser du CO2 en quantité en transportant les containers et les marchandises en vrac sur des bateaux de 2 000 tonnes, plutôt que sur des remorques tirés par les poids-lourds.

Or, ce projet, revient d’actualité. Il existe toujours une association qui défend un tel projet. Elle a été rebaptisée Saône-Rhin-Europe. Et fait de plus en plus entendre sa voix.

Ce projet vise à faire relancer les travaux pour relier le bassin rhodanien à plusieurs pays dans lesquels le mode fluvial est particulièrement développé comme l’Allemagne, le Benelux , ainsi qu’à la Suisse : le même objectif que celui fixé par le défunt canal Rhin-Rhône. Bref, il s’agit encore de relier la mer du Nord à la Méditerranée.

Au niveau international, ce projet rendrait possible le transit des flux de marchandises vers le Maghreb et l’Afrique, ainsi que vers le Moyen-Orient, l’Asie et la Chine, via le canal de Suez.

Actuellement, un cul-de-sac

Située sur cet axe, la vallée du Rhône, de Lyon à la Méditerranée profiterait à plein de la relance d’un tel projet. Actuellement, le trafic fluvial ne cesse de croître sur l’axe Rhône-Saône, alors qu’il s’agit d’un cul-de-sac vers le Nord pour les bateaux à grands gabarit qui y circulent.

Les membres de cette association ont, il y a deux mois, déjà fait entendre leur voix à l’occasion de l’ouverture des Assises nationales de la mobilité.

« Le fluvial ne doit pas rester le grand oublié des transports » avait alors plaidé Pascal Viret, président de l’association Saône-Rhin Europe. « De 1990 à 2015, seulement 1,1 % des investissements en infrastructures lui ont été accordés », avait-t-il déclaré à l’Est Républicain.

Il est remonté au créneau lors du récent One Planet Summit, sur l’île Seguin à Paris, lancé par Emmanuel Macron.

Il a profité de cette tribune pour rappeler l’une des revendications fortes de son association : réinscrire les axes Saône-Moselle et Saône-Rhin dans les priorités de la loi de programmation 2018 du futur Schéma national des infrastructures de transport (SNIT).

Autrement dit, faire en sorte que les deux projets reviennent au cœur du débat, alors qu’ils sont pour l’instant repoussés à l’échéance de… 2050.

Ces défenseurs du fluvial estiment avoir des arguments solides.

Le fret : 43 % des gaz à effet de serre

« Le transport de fret est responsable de 43 % des gaz à effet de serre émis en France », rappelle à cet égard Pascal Viret. « Et le mode routier représente à lui seul 86,6 % des trafics » insiste-t-il auprès de nos confrères de la Presse Quotidienne Régionale.

« La réflexion sur le réchauffement climatique ne peut faire l’impasse sur le fluvial », insiste le président de Saône-Rhône Europe. Ce en quoi il a parfaitement raison.

Le fluvial n’a-t-il pas été reconnu par le Grenelle 1 de l’environnement comme un mode de transport à part entière du développement durable et comme un acteur incontournable de la transition écologique ,

Selon la nature des travaux et des aménagements périphériques, l’association évalue le coût entre 5 et 8 milliards pour faire sauter le verrou de la vallée du Doubs, à travers un projet « adapté, polyvalent, novateur et évolutif. » Rappelons qu’à l’époque le coût du Canal Rhin-Rhône avait été évalué entre 20 et 50 milliards.

Le fluvial relancé par l’urgence climatique ? Les plus écologistes ne sont pas toujours ceux que l’on croit…

Quinze mille poids lourds transitent quotidiennement aujourd’hui sur l’axe Rhin-Rhône transportant a minima trois-cent mille tonnes, contre… cinq mille tonnes seulement chaque année pour le fluvial…

Et si les élus de la Région Auvergne-Rhône-Alpes se mouillaient à leur tour ?