Auvergne-Rhône-Alpes dans le sillage ? L’Europe commence enfin à s’afficher comme un vrai concurrent de la Silicon Valley
D’aucuns ont souri en entendant Laurent Wauquiez, le président de la Région afficher à de nombreuses reprises sa volonté de faire d’Auvergne-Rhône-Alpes, la Silicon Valley française, voire européenne.
S’il y a de l’effet d’annonce bien sûr dans ces propos-on en est encore loin-cette stratégie de vouloir mettre le paquet sur les nouvelles technologies de l’information ne peut être que la bonne. C’est là où se nichent à la fois la productivité et les emplois de demain.
L’annonce de l’organisation du Davos du Web, en avril prochain à Lyon pour la seconde fois, constitue déjà un excellent signal. L’ouverture l’année prochaine du lieu Totem de la French Tech lyonnaise dans le quartier de la Confluence va aussi dans le même sens.
Bonne nouvelle en effet, il apparaît que l’Europe sort enfin de sa léthargie et s’affiche de plus en plus en pointe dans les nouvelles technologies, ce que l’on englobe désormais sous le vocable générique de « tech ».
Des chiffres très encourageants
Ce n’est pas moi qui le dit, mais le rapport annuel « The State of European Tech », publié et présenté récemment à Helsinki, lors du « Slush » qui se déroule chaque année en Finlande et qui constitue désormais la plus importante conférence d’Europe rassemblant des milliers de start-up et des centaines d’investisseurs. Ce rapport révèle en effet des chiffres très encourageants sur les technologies de l’information en Europe, tant d’un point de vue des investissements que des talents…
Il met en évidence un mouvement qui place l’Europe comme un concurrent de plus en plus important de la Silicon Valley, confirme notre confrère l’Usine Digitale.
Selon cette étude annuelle publiée par Atomico, un fonds d’investissement européen, pas moins de 19 milliards d’euros seront investis cette année dans le secteur en Europe.
« La tech européenne n’a jamais été aussi forte. Nous sommes entrés dans un cercle vertueux », a déclaré Tom Wehmeier, qui est à la tête d Atomico, cité par l’Usine Digitale.
Depuis le début 2015, l’Europe a investi plus de 3 milliards de dollars par trimestre dans les technologies de l’information, d’après le rapport.
« Nous n’avons pas à rougir… »
Parmi les technologies de pointe, l’Intelligence Artificielle et la blockchain (*) placent d’ailleurs l’Europe comme la mieux placée pour obtenir un statut de leader mondial. « Nous n’avons pas à rougir devant les Etats-Unis et la Silicon Valley », ont affirmé de nombreux investisseurs croisés dans les allées de l’événement finlandais.
Mais l’avenir n’est pas seulement une question d’argent, mais aussi de compétences. Or, l’Europe peut désormais aussi compter sur ses talents.
5,5 millions de développeurs professionnels
Ils sont de plus en plus nombreux : c’est d’ailleurs ce qui attire aussi les investisseurs. L’Europe compte désormais 5,5 millions de développeurs professionnels contre 4,4 millions pour les Etats-Unis.
Or, pas de doute, selon les experts, « les talents sont la clé du futur de l’économie ».
La demande pour recruter les meilleurs ingénieurs et développeurs est croissante et la compétition s’accélère.
La bataille fait rage aussi entre les pays à l’intérieur même de l’Europe. Quatre pays arrivent en tête des destinations pour les talents des technologies de l’information : le Royaume-Uni, la France, l’Allemagne et les Pays-bas. Et si le Royaume-Uni reste leader, les trois autres tirent assurément leur épingle du jeu.
Bref, il est indispensable qu’Auvergne-Rhône-Alpes ne se laisse pas distancer dans cette compétition impitoyable et se glisse dans le sillage d’un mouvement de plus en plus ample. La clé se trouve dans l’investissement et les talents. La voie qui est prise semble la bonne dans la Région car elle prend ces deux directions. Ce devra être un effort de longue haleine. Mais L’Europe peut enfin relever la tête…
(*) La blockchain est une technologie de stockage et de transmission d’informations, transparente, sécurisée, et fonctionnant sans organe central de contrôle. Par exemple, le Bitcoin dont il est beaucoup question actuellement est une blockchain.