Les PME et ETI d’Auvergne-Rhône-Alpes ont un train numérique de retard…
Fin observateur de la vie économique, lui-même chef d’entreprise (la Sier, promotion immobilière, basée à Bron) Philippe Guérand, président de la Chambre de Commerce Auvergne-Rhône-Alpes s’inquiète « du retard important qu’ont pris de nombreuses entreprises en matière de digitalisation ».
Pour lui, « la révolution numérique ne se généralise pas assez vite. Elle est beaucoup trop lente dans la région. Après, ce sera trop tard !», affirme-t-il, tirant le signal d’alarme.
Il n’est pas seul à le faire. D’autres observateurs de la vie économique régionale effectuent à intervalles réguliers le même constat, à l’occasion des nombreux colloques, conférences ou séminaires consacrés à la digitalisation des entreprises. Quelque part l’arbre qui cache une forêt un peu trop décharnée.
En témoigne une large étude menée et rendue publique par la Bpi, la Banque Publique d’investissement. Elle montre un paysage français très en retard en la matière. Plus encore qu’on pouvait le craindre.
Cette étude est intitulée « Histoire d’incompréhension : les dirigeants de PME et ETI face au digital ».
Les données chiffrées qui sont divulguées ont de quoi inquiéter. On apprend ainsi que « 47 % des dirigeants considèrent que l’impact du digital ne sera pas majeur sur leur activité dans les cinq années qui viennent ! »
On ne s’étonnera pas donc si 45 % de l’échantillon n’a pas de vision claire de la transformation digitale de leur entreprise et si 63 % n’ont pas de feuille route claire…
Entre l’élaboration de la vision d’avenir et la mise au point d’une feuille de route précise, il y a tout un chemin, une prise de conscience à accomplir. Qui n’est pas encore faite…
Les trois-quarts des chefs d’entreprise pas du tout ou pas assez en phase
Tout aussi inquiétant : 73 % des dirigeants déclarent n’avoir pas du tout (29 %) ou modérément (44 %) engagé des actions en faveur de la digitalisation comme une migration vers le cloud, la vente en ligne, ou le développement d’une application mobile.
Du côté des ressources humaines, seulement 39 % des dirigeants indiquent favoriser le travail en mode expérimental en laissant une forte autonomie aux équipes et une capacité d’initiative.
La suite de l’enquête illustre s’il était encore besoin le décalage : seulement 4 % déclarent utiliser des outils particuliers pour favoriser le travail collaboratif, quand 54 % répond ne pas le faire du tout.
Bref, assez décourageant, même si l’étude de la BPI montre qu’il existe de fortes disparités entre le secteur des services et du tourisme plutôt en avance et les entreprises du secteur du BTP et du transport nettement plus à la traîne, l’industrie et le commerce se situant entre les deux.
La typologie des chefs d’entreprise vis-à-vis du numérique
Cette enquête distingue trois types de chefs d’entreprises par rapport au numérique : les conquérants, fort peu nombreux ; les sceptiques et les apprentis… largement majoritaires :
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les conquérants (10 %) : à fond dans la transformation digitale, ils doivent maintenant mobiliser leurs équipes.
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les sceptiques (38 %) ne croient pas vraiment que la digitalisation les concerne…
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les apprentis sont majoritaires (52 %) : ils ont de la bonne volonté, ils ont mené quelques actions. Il leur reste à définir une stratégie et à l’appliquer pour donner une cohérence à ses actions en l’appuyant sur un projet.
Les sceptiques se trouvent relativement plus dans les petites entreprises, quand les conquérants sont plus présents dans les entreprises les plus grandes de l’échantillon, note la BPI.
Une certitude : l’implication du dirigeant est essentielle à la réussite du projet de transformation : c’est à lui de l’initier, de le porter et de le partager auprès de ses collaborateurs. Or, à ce jour, seul un quart des dirigeants associent leurs équipes opérationnelles au projet de transformation !
L’âge du dirigeant n’est pas un critère
Ce n’est pas une question de génération : fausse pioche pour les spécialistes de la génération Y. L’âge du capitaine n’a pas d’influence statistique démontrée sur le degré de maturité et d’adoption de solution numérique.
L’âge et par ailleurs la région d’implantation de l’entreprise ne sont pas des variables explicatives de la stratégie suivie.
Une mauvaise nouvelle dans la mesure où ce retard à l’allumage numérique est quelque part inquiétant pour l’avenir même de notre tissu économique à l’heure où l’on parle de développer l’usine du futur 4.0
Bonne nouvelle en revanche pour les Web Agencies ou les sociétés qui accompagnent les PME et les ETI dans leur transformation numérique : elles ne sont pas prêtes de voir tarir le nombre de leurs clients….
Une certitude : il va falloir qu’elles passent à la vitesse supérieure en matière d’évangélisation numérique des chefs d’entreprise !