Quel gâchis ! Depuis près de douze ans, le quartier Grôlée situé dans la Presqu’île lyonnaise était un quartier fantôme. Sans commerce, sans âme.

Tout part de la vente en bloc, en 2004, par la ville de Lyon, de vingt-quatre beaux immeubles haussmanniens en pierre de taille.

Il s’agissait pour Gérard Collomb, maire, de se séparer d’un patrimoine lourd à gérer et peu rémunérateur, et surtout de faire rentrer de l’argent dans les caisses de la Ville.

Les 48 000 mètres carrés de surfaces privatives, répartis le long des rues Carnot et Grolée, sont alors vendus 87 millions d’euros à l’Américain Cargill. Qui s’empresse de réaliser une belle plus-value financière en revendant les seuls rez-de-chaussée, soit 20 % de la surface totale… 100 millions d’euros aux Docks lyonnais !

Cette société foncière cotée en Bourse entend transformer le quartier en triangle d’or du haut-de-gamme. Les agences de voyages, le cinéma et les boutiques en place sont priées de déguerpir. Mais au fil des années, les Lyonnais ne voient rien venir. Le quartier se meurt… Zilli, le tailleur très haut de gamme, s’installe, reste seul et fini par baisser le rideau…

Nous sommes en 2012, les Docks lyonnais constatant l’échec de leur stratégie visant à transformer Grôlée en une sorte de quartier Montaigne parisien, font appel à un professionnel reconnu : la société parisienne Firce Capital qui gère déjà 400 000 m2 de bureaux. Un poids-lourd. Un an plus tard, les immeubles sont revendus au fonds souverain d’Abu Dhabi qui conserve Firce Capital à la manœuvre.

Cette fois, exit la volonté du haut de gamme, mais une stratégie beaucoup plus pragmatique se met en place, visant à combler les manques commerciaux de la Presqu’île : dans les domaines du bricolage, de la mode enfant, des jouets, du mobilier et de la décoration.

Les raisons de l’échec

« Nous avons analysé les raisons de l’échec : le positionnement n’était pas le bon. La rue de la République, proche est plutôt « mass market », on ne pouvait s’orienter vers le haut de gamme »,  explique Christophe Fournage, le patron de Firce Capital.

Une stratégie qui demande du temps, mais finit par payer. Les grandes enseignes visées, plutôt moyennes gammes, donc, demandent des superficies importantes, sans poteaux intérieurs.

« Nous avons dû regrouper les unes avec les autres, une cinquantaine de surfaces, trop petites pour intéresser notre nouvelle cible », précise Christophe Fournage. Un investissement de 20 millions d’euros : il s’agit de regrouper, transformer les pas-de-porte, remplacer les nombreux poteaux disgracieux, souvent porteurs, par d’épaisses poutres métalliques horizontales. Pour ce faire, deux bonnes années, ont été nécessaires.

L’idée de Firce capital pour relancer le quartier est enfin de relancer le commerce par trois locomotives situées chacune à des endroits stratégiques du quartier.

Trois locomotives commerciales

La première est le Hard Rock Café, le long du quai. Un succès depuis son ouverture.

La seconde locomotive, le fameux spécialiste japonais Uniqlo ouvre le 29 septembre sur un peu plus de 2 000 m2, non loin de la place de la République d’où il est très visible.

Enfin la troisième locomotive, Decathlon située entre le Hard Rock Café et Uniqlo vise la création d’un nouveau concept de magasin de sport de centre-ville. Il n’ouvrira qu’en 2019 sur 1 245 m2.

Dans les interstices, toujours en fonctions des cibles visées, les enseignes signent les unes après les autres : le e.commerçant, Miliboo crée sa 2ème boutique en dur ; la success story danoise spécialisée dans l’équipement de la maison « Flying Tiger » qui compte déjà 700 magasins ; « Doc Martens », le « Wood Concept » de Courir ou encore « La Redoute intérieurs », etc.

Plus que trois pas-de-porte à commercialiser

Il ne reste plus que trois pas-de-porte d’une superficie globale d’un peu plus de 1 000 m2 à commercialiser : les négociations sont en cours et devraient rapidement déboucher, selon le patron de Firce Capital.

Très rapidement, le quartier va donc enfin retrouver une vie commerciale animée, enrichissant l’attraction de la Presqu’île, deuxième pôle commercial de Lyon, avec 1 500 commerces et 600 millions d’euros de chiffre d’affaires, face à la Part-Dieu (250 commerces seulement, 130 000 m2, mais 700 millions de chiffre d’affaires).

Mais la Presqu’île pourrait, grâce à la renaissance de Grôlée et l’ouverture prochaine du Grand Hôtel Dieu, retrouver son leadership commercial au sein de la Métropole. Et dépasser la Part-Dieu ?

Mais pour ce faire, il aura fallu attendre près de douze ans. Combien vaut désormais le quartier Grôlée ? En tout cas, bien plus désormais que les 87 millions d’euros auxquels il a été vendu par la Ville !

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Quartier Grôlée : état des lieux

Déjà ouverts

– Comédie Odéon, Naturalia, Picard, Marc Tavoukdjian, Habitat, Bleu comme gris,

Sephora, Hema (octobre 2016), Hard Rock Café (novembre 2016), Du Pareil Au Même (août) Miliboo, « Au 31 du cycle »  et Women Secret (début septembre).

Ouvrent à partir de la mi-septembre

Uniqlo : ouverture le 29 septembre 2017

Bialetti : ouverture prévue le 30 septembre

 Ouvrent en octobre

moi#purjus

Wood Concept de Courir (Groupe Go Sport)

Ouvre en novembre

Flying Tiger : 200 m2 pour la success story danoise

Ouvre en décembre

La Redoute Intérieurs

 Ouvrent en 2018

Dr Martens : 1er trimestre

Snow leader : 200 m2, en avril 2018

 Ouvre en 2019

Decathlon : 1 245 m2 au 1er trimestre 2019