Euronews face à un avenir incertain…
Basée à Lyon-Confluence, la chaîne TV d’informations Euronews avait fêté avec faste, l’année dernière l’arrivée de l’actionnaire majoritaire qui devait la propulser dans le 21ème siècle et dans le nouveau monde des médias numériques : le magnat égyptien des télécoms, Naguib Sawiris.
Ce virage était crucial pour la chaîne, qui, on semble désormais l’oublier, était à l’origine une émanation des télévisions publiques européennes, membres de l’UER : l’Union Européenne de Radiodiffusion.
Or, cette arrivée au sein de la chaîne d’un actionnaire privé semble avoir eu l’effet inverse et désarçonné quelque peu le navire médiatique européen.
En témoignent les différents événements qui se sont succédés ces dernier mois dont le point d’orgue a été le vote d’une motion de défiance de la rédaction, d’ailleurs, sans l’appui des principaux syndicats.
Une motion votée largement : 205 votants sur 291 répondant « non » à la question : « Faites-vous confiance à la direction ? » ; pour seulement 34 « oui » et 52 ne se prononçant pas.
La première fois depuis la création de la chaîne, fleuron des médias lyonnais, le seul qui soit vraiment international, qu’un tel climat règne en son sein. Car face à cette fronde, un contre-mouvement a vu le jour, composé d’une centaine de salariés, dénonçant, eux, les dangers du mouvement en cours.
Négociations avec NBC News
Car dans le même temps, après l’épisode Naguib Sawiris, la chaîne est en train de négocier avec le groupe de télévision américain NBC News, qui pourrait entrer à son tour au capital, à hauteur de 20 %.
Bref, face à ces bouleversements qui sont en train de changer en profondeur une chaîne née du moule des télévisions publiques, l’angoisse est perceptible.
Que va devenir Euronews ? D’autant que face à la baisse des ressources publicitaires et de l’emprise croissante du numérique et des réseaux sociaux, Michael Peters, le président du directoire d’Euronews avait lancé un grand projet baptisé Euronews Next très axé sur le Web, avec beaucoup plus de digital, de nouveaux modes de fonctionnement, etc. Un projet qui a semble-t-il du mal à embrayer et qui, assurément, angoisse la rédaction.
C’est pourtant la seule chance d’Euronews de surnarger dans le grand chambardement que connaissent actuellement les médias, avec des suppressions de postes importants un peu partout, comme chez Al-Jazeera ou BBC World, pour ne citer qu’eux, suite à la chute des ressources publicitaires.
Au cours des dix dernières années, Euronews avait réussi à se développer peu à peu, multipliant le nombre de langues de diffusion, élargissant sans cesse le nombre de ses téléspectateurs.
Un processus qui s’enraye
Ce processus est désormais arrivé à son terme et s’enraye même.
Euronews a désormais besoin d’une nouvelle dynamique, mais qui va l’insuffler ? NBC News ? Et comment, si l’équipage refuse de continuer à ramer comme on lui demande ?
Un conseil de surveillance de la chaîne programmé le 16 décembre devrait commencer à répondre à cette question.
Sinon, la chaîne qui a fait jusqu’à présent la fierté des Lyonnais et s’est dotée à Confluence d’une vitrine emblématique et bien visible, risque de connaître des lendemains qui déchantent…