Comment donner un nouvel élan à l’économie et à l’emploi de la Métropole lyonnaise…
Gérard Collomb l’industriel ! Depuis qu’il a pris les rênes de l’agglomération lyonnaise transformée désormais en Métropole, il n’a jamais changé de discours : l’avenir de Lyon passe par le maintien et si possible par le développement de son solide socle industriel. Une condition nécessaire pour lui, mais pas suffisante…
C’est ce qu’il va défendre lundi 19 septembre devant les conseillers métropolitains en présentant son nouveau programme de développement économique pour 2016/2021 qui trace les grandes lignes de la stratégie économique de la Métropole.
Objectif affiché dans le document de présentation : « Ce programme de développement économique vise à donner un nouvel élan à l’économie et à l’emploi sur le territoire, d’une part ; et en poursuivant les initiatives initiées ou soutenues par la Métropole et ses partenaires ayant fait leur preuve et en impulsant de nouvelles… »
On ne change pas une stratégie qui gagne. Les grandes lignes de la politique menée jusqu’alors sont conservées. Mais il s’agit d’améliorer encore les dispositifs existants pour les rendre plus efficaces.
Comme un leitmotiv depuis qu’il a accédé aux commandes de l’agglomération, l’accent est plus que jamais mis sur l’industrie.
Baisse de 4 % des effectifs industriels
Ce document veut ainsi répondre à la question : « Comment préserver la base industrielle de l’agglomération qui représente 18 % des emplois de l’aire urbaine ? Comment accompagner sa mutation vers l’industrie du futur, en saisissant les opportunités offertes par les transitions digitales et environnementales ? »
La Métropole lyonnaise a une caractéristique rare au sein des grandes villes françaises, elle bénéficie d’une base industrie solide.
Seul problème, en cinq ans, la baisse des effectifs industriels est de 4 %, bien moins il est vrai que le reste de l’Hexagone.
Comme le montre l’action menée depuis deux ans dans la Vallée de la chimie (« l’Appel des 30 »), la solution passera par le foncier.
Gérard Collomb veut ainsi « sanctuariser » certains sites destinés à de nouvelles industries.
Une mesure forte est proposée : la création d’un nouveau zonage réservé aux activités productives.
Le développement de l’industrie passera aussi par des réaménagements de sites (ZI Lyon Nord, ZI Lyon Sud, etc.), mais aussi la plaine Saint-Exupéry qui « présente le potentiel foncier le plus important ».
Des pôles entrepreneuriaux
La deuxième interrogation de ce document concerne l’innovation : Il veut répondre à la question : « Comment mieux accompagner les PME, mieux les soutenir, accélérer leurs démarches d’innovation, faciliter leur croissance, afin qu’elles continuent à être créatrices d’emplois ? »
Pour développer la création d’entreprises, Lyon bénéficie d’un dispositif envié : « Lyon Ville de l’entrepreneuriat. »
Associant tous les acteurs de l’entrepreneuriat, il est parfois vécu comme un peu lourd. L’idée est cette fois de se diriger vers « une offre de guichet ».
Nouveau aussi : la création de trois pôles entrepreneuriaux « permettant aux créateurs de trouver un lieu adapté à leurs besoins, proche de chez eux tout en étant au sein d’un écosystème ». Ils seront basés à Neuville, La Duchère et Givors. Un investissement de 15 millions d’euros.
Une autre initiative figure dans ce projet : la création d’entreprises par les bénéficiaires du RSA. Elle vise une généralisation dès le début 2017.
Un solde commercial rhodanien en déficit
Troisième question à laquelle veut tenter de répondre ce Programme : « Comment préserver l’attractivité de la Métropole face à une concurrence toujours plus forte de la part de nombreuses autres métropoles européennes qui continuent à se développer, dopées » par des atouts spécifiques ? «
Il faut savoir que le solde commercial du Rhône (avant création de la métropole), présentait, en 2014, un déficit de 4,6 milliards d’euros, alors qu’il est largement positif au niveau de la région Auvergne-Rhône-Alpes.
Pour redynamiser l’international, un guichet unique – « hub métropolitain urbain » -, rassemblant toutes les offres disponibles d’aide à l’international, sera créé.
La Métropole compte aussi poursuivre ses actions en matière de « diplomatie économique » avec les missions régulières menées par Gérard Collomb accompagné de chefs d’entreprises, en Chine, aux Etats-Unis, au Japon, pour faire franchir les frontières nationales aux entreprises du territoire.
Côté numérique, le projet table sur le « projet de Fibre Grand Lyon ». Plus de 900 kilomètres de réseau doivent être installés d’ici 2018.
Il s’agirait aussi, pour donner un nouvel élan économique à l’agglomération, à rajouter aux domaines d’excellence qui ont largement fait leur preuve (sciences de la vie, greentechs et numérique), de nouveaux domaines, tels que ceux concernant les objets connectés, la sécurité et la cyber sécurité, ainsi que l’assurance.
La question sociale
La dernière question à laquelle veut répondre ce Schéma de développement économique est sociale : « Comment mieux répondre au défi de la compétence et de l’employabilité des personnes, tout au long de la vie, mieux adapter les formations aux besoins des entreprises (métiers en tension » et favoriser le retour sur le marché du travail des publics qui en sont éloignés ? »
La Métropole compte pour ce faire sur les nouveaux leviers qu’elle a récupérés de l’ancien Conseil Général du Rhône et qui lui permettent d’agir de manière nettement plus profonde sur ce plan social.
Au final, les objectifs fixés sont ambitieux : accueillir 100 nouvelles entreprises par an pour créer près de 2 000 emplois, maintenir l’emploi industriel à 18 %, faire grandir 200 pépites et faire émerger 10 nouvelles ETI lyonnaises, etc.
« Un document nul et non avenu » pour des élus de l’Ain de l’Isère et du Rhône
Tout le monde n’est cependant pas à l’unisson : la semaine dernière, des élus de la périphérie de la Métropole de Lyon, (de l’Ain, de l’Isère et du Rhône) ont dénoncé fermement ce programme économique, l’estimant même « nul et non avenu », reprochant l’absence de concertation entre les élus alors que certains des projets de la Métropole de Lyon auront un impact, au moins foncier, sur les communes limitrophes de l’agglomération lyonnaise…
Les regards appuyés de Gérard Collomb vers la Plaine de Saint-Exupéry et ses réserves foncières provoquent de nombreux boutons chez ces élus…
(*) Avec l’aide de documents d’Acteurs de l’Economie