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L’offensive de Laurent Wauquiez contre l’arrivée du Chinois Fosun à la tête de la Compagnie des Alpes : un mauvais signal lancé à l’international

« Il est temps que l’Etat cesse de brader nos fleurons et notre patrimoine au profit d’actionnaires internationaux, sans s’interroger sur la finalité des opérations réalisées et les conséquences à moyen long terme », a lancé Laurent Wauquiez, président de la région Auvergne-Rhône-Alpes dans un communiqué co-signé avec d’autres élus isérois et savoyards (*).

10 à 15 % du capital

 La cible : les discussions engagées depuis le printemps par la Compagnie des Alpes que préside Dominique Marcel avec des investisseurs dont le conglomérat Fosun qui pourrait entrer au capital à hauteur de 10 ou 15 %.

 Ce qui provoque l’ire des élus, avec en tête, Laurent Wauquiez, le président de la région : le fait que la Compagnie des Alpes est propriétaire de onze des stations les plus dynamiques des Alpes.

 L’objectif affiché par les dirigeants de la Compagnie des Alpes à travers cette éventuelle arrivée chinoise dans son capital : s’ouvrir les portes du gigantesque marché chinois où pourraient émerger les clientèles de demain sur un secteur des sports d’hiver mature, et qui en tout cas, en Europe, marque le pas.

 L’inquiétude des élus : voir investissements et centres de décisions s’éloigner des stations alpines.

 Il ne s’agit d’abord pas de « brader » nos intérêts et donc pas de « vendre » la Compagnie des Alpes, comme semble le sous-entendre le président de la région, mais d’une décision stratégique de sa gouvernance puisque la présence chinoise, si l’opération se fait, ne dépassera pas 10 à 15 % du capital.

L’engagement d’Emmanuel Macron

 Il est dit et répété au niveau du gouvernement et on n’a aucune raison de ne pas le croire sur ce dossier : la Caisse des Dépôts restera l’actionnaire de référence de la société. Un engagement pris par le ministre de l’Economie, Emmanuel Macron, à une question posée en assemblée par Hervé Gaymard.

 Emmanuel Macron a confirmé que la Caisse des Dépôts conservera ses 40 % et donc sa minorité de blocage dont il a souligné l’importance.

 On peut voir dans cet affichage anti-Fosun une posture politicienne, à tonalité populiste.

 Ce que confirme d’ailleurs une autre prise de position toute aussi politicienne, concernant cette fois, l’un des candidats à la privatisation de l’aéroport de Lyon-Saint Exupéry, celle du turc Limak, en partenariat d’ailleurs avec l’aéroport de Genève, qui a par ailleurs retiré sa candidature.

 Laurent Wauquiez a ainsi déclaré : « Il n’est pas question de céder Saint-Exupéry à un groupe étranger. Je ne suis pas favorable notamment au rachat de notre aéroport par un groupe turc. Notre aéroport est un outil de souveraineté ».

 Et ce dernier d’ajouter : « J’attire l’attention qu’un État ruiné comme le nôtre pourrait être tenté de céder notre aéroport au plus offrant. Je mets donc le gouvernement face à ce raisonnement simpliste qui consisterait à brader les bijoux de famille. Si tel était le cas, il y aurait une très forte levée de boucliers », dit-il.

 Là, encore, il ne s’agit pas de « vendre » St-Ex, mais d’accorder une concession pour la gestion des infrastructures.

 Pourquoi le Turc Limak et pas l’Australien Macquarie ?

 Pourquoi ce groupe turc, précisément et pas l’Australien Macquarie qui figurait parmi les deux finalistes avant que les enchères ne soient relancées ?

 Ce type de discours à tonalité populiste n’est pas bon pour l’image régionale donnant l’impression d’une région qui veut économiquement se bunkériser, alors que le tiers de son PIB va à l’export et qu’un nombre important d’entreprises internationales est installé sur son sol.

Au risque aussi pour nos fleurons régionaux de rencontrer le même type de réaction lorsqu’elle lorgneront un marché ou une entreprise étrangère ? Il faut savoir par exemple que l’aéroport de Lyon-Saint Exupéry apporte son savoir-faire à plusieurs aéroports étrangers.

Il faut savoir si oui ou non Auvergne-Rhône-Alpes est une région à vocation internationale ?

Dans ce cas, il faudrait plutôt se féliciter que ses entreprises suscitent l’appétit. Même s’il faut bien sûr instaurer des barrières. Mais en l’occurrence, sur ces deux dossiers là, elles ne s’imposent pas du tout…

(*) Aussi Jean-Pierre Barbier, le président de du Département de l’Isère, Hervé Gaymard, président du Conseil départemental de Savoie et Christian Monteil, celui de la Savoie