Elections régionales : l’économie passée à la trappe
Les élections régionales entrent dans leur phase finale avec le deuxième tour, dimanche prochain sur fond de séisme politique.
A 20 heures, le 13 décembre, on saura qui, de Laurent Wauquiez ou de Jean-Jack Queyranne, pourra s’asseoir dans le fauteuil de président à l’hôtel de Région, à Lyon Confluence. Les électeurs auront tranché.
Seule certitude pour l’instant partagée par les deux principaux candidats : le résultat se jouera dans un mouchoir de poche. Bien malin qui pourrait prédire qui tiendra les rênes de l’AURA-le nom probable de la future régional- pendant six ans.
Même si dans certains départements comme l’Isère, le Front National est arrivé en tête, contrairement au Nord et à PACA, il ne peut se revendiquer le 1er parti parti rhônalpo-auvergnat, s’offrant tout de même la deuxième place en devançant-suprême humiliation- la liste du président sortant, Jean-Jack Queyranne.
A une différence près cependant : c’est ce dernier qui pour le second tour a le plus de réserves de voix avec le Front de Gauche et les Ecologistes, Laurent Wauquiez ne pouvant tabler que sur celles des souverainistes de « Debout la France » ; tandis que le Front National n’en a guère.
L’explication de la forte progression du Front National est là. Ses électeurs ont été ceux qui se sont mobilisés le plus. De loin : 85 % d’entre eux ayant voté selon une étude sortie des urnes, tandis que 50 % des électeurs du PS/PRG ou de « Les Républicains/UDI/MoDem » ne se sont pas déplacés. Terrible désaveu qui a laissé le champ libre à ce vote protestataire qui n’est d’ailleurs plus seulement cela.
Au plan national, le nombre global d’électeurs du Front National n’a guère été plus important que lors des dernières élections présidentielles. Mais à droite comme à gauche, on a voté avec ses pieds en se refusant en grande partie à prendre le chemin des urnes.
Telle est l’explication des 50 % d’abstention constatés et des gros scores du FN.
Une autre raison peut également expliquer ce score : c’est le Front National qui a donné dès le début le tempo de la campagne. Ce sont ses thématiques traditionnelles : la sécurité, l’immigration, l’identité nationale qui ont envahi l’espace électoral.
On a donc parlé très peu durant cette campagne des enjeux très importants que cette fusion des deux ex-régions Rhône-Alpes et Auvergne impliquent. L’économie, pourtant première compétence régionale, comme la formation sont passées à la trappe. Et qu’on ne vienne pas dire que les électeurs s’y désintéressent puisque ce sont leurs emplois, leur avenir qui dépend en partie de la Région.
Et ce n’est malheureusement pas au cours de la campagne du deuxième tour que l’on abordera ses sujets, l’axe de cette élection, au vu des résultats de ce dernier dimanche, se situant plus que jamais autour du Front National.
On ne peut donc qu’en tirer un grand sentiment d’amertume, alors que la région bénéficie de la taille critique idéale pour traiter justement de l’économie, de la formation, de la culture.
On a oublié que la politique ce devrait être aussi ça.
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