Cenntro Motors : un immense gâchis
La plupart des observateurs qui suivaient le dossier Cenntro Motors (ex-SITL) s’y attendaient.
Vendredi 30 octobre a constitué un jour très sombre pour les 382 salariés restant sur le site de Cenntro Motors à Lyon-Gerland
Très mal géré, le dossier de l’ex-Fagor devenue ex-SITL, puis plus récemment Cenntro Motos du nom du dernier investisseur en date, a abouti à un fiasco.
Ce vendredi, le tribunal de Commerce de Lyon n’a eu d’autre choix que d’opter pour la liquidation de la société avec pour conséquence : le licenciement immédiat des 382 salariés encore attachés au site de Gerland.
Ce bel et immense site qui dans le passé accueillait la fabrication des lave-linges Brandt n’aura au final produit qu’une poignée de petits poids-lourds électriques et des filtres à eau. Mais c’est tout.
Il aura surtout été irrigué d’argent public pour une somme globale de près de 10 millions d’euros (oui vous avez bien lu !) qui auraient pu être utilisés ailleurs de manière beaucoup plus productive pour créer cette fois des emplois qui auraient pu être pérennes.
On a entendu beaucoup de voix lors des différents-et nombreux- événements qui se sont produits sur l’ex-site Fagor. Or, le dernier et triste épilogue de vendredi s’est déroulé dans un silence assourdissant !
Générosité publique
Au total si l’on additionne en effet toutes les aides qui ont été déversées dans ce tonneau des Danaïdes, ce sont près de 10 millions d’euros qui n’ont fait que reculer une échéance malheureusement inéluctable : 5,2 millions pour l’Etat, entre les aides à la relocalisation, la prise en charge du chômage partiel, etc.
Le Grand Lyon a de son côté mis au pot autour de 1,5 million d’euros et la région Rhône-Alpes, près d’un million d’euros. Sans oublier les 1,7 million débloqués pour financer le chômage partiel endémique pour ce site qui ces derniers mois ne fabriquait quasiment plus rien.
Cette générosité publique tient sans doute pour une part à un effet calendrier, ajouté à la forte médiatisation du dossier : les élections municipales, puis européennes se profilaient.
Certes, les Régionales arrivent désormais, mais cette fois les pouvoirs publics face à l’étendue du fiasco ne pouvaient plus rien faire. Plus d’autre choix que de jeter l’éponge.
Beaucoup de questions se bousculent concernant le dernier repreneur en date (juin 2014) : la société Cenntro Motors dont le siège est basé aux Iles Vierges qui s’était engagée auprès du Tribunal de Commerce à verser 15 millions d’euros pour relancer la production.
« Reprise d’activité…sans activité »
Son propriétaire a bien débloqué quelques millions, mais n’a jamais redémarré quoi que ce soit. Ce que le préfet du Rhône a qualifié avec cette image forte et plutôt humoristique de « reprise d’activité…sans activité » !
Pourquoi avoir agi de la sorte ? Selon des représentants syndicaux, Cenntro Motors, le groupe dirigé par le sino américain Peter Wang n’aurait agi que pour pomper la technologie mise au point pour développer le poids-lourd électrique élaboré par le premier repreneur, l’Isérois Pierre Millet, sous l’égide alors de la SITL.
De nombreux ingénieurs avaient en effet planché pour développer ce véhicule de belle facture, mais qui s’est révélé un mirage. Tout autant que les emplois !
Constat désabusé de la part des syndicats CGT et SUD de l’entreprise : « Nous n’en serions pas là, si les pouvoirs publics avaient répondu aux interpellations des salariés, faites depuis 2014, sur le fait que Cenntro Motors ne respectait pas ses engagements. » Pas de doute, un beau gâchis…