Privatisation : Genève, 1er aéroport… rhônalpin pourrait faire cause commune avec le 2ème : Lyon-Saint Exupéry…
En matière de transport aérien, Rhône-Alpes vit un étrange paradoxe : son plus gros aéroport est tout simplement….Genève, même s’il se trouve entièrement en territoire helvétique.
Avec ses 15 millions de passagers en 2014, cette plate-forme fait mieux que Nice, pourtant premier aéroport français hors-Paris ; et, surtout, elle distance largement Lyon-Saint Exupéry qui culmine pour l’instant à 8,4 millions de passagers. Bref, l’un est presque deux fois plus gros que l’autre.
Un beau succès pour les Helvètes : Genève est relié par ligne directe à 134 aéroports dans 46 pays, 108 en Europe et 26 au-delà.
Easyjet : 41,85 % du trafic de l’aéroport de Genève
Easyjet totalise désormais 41,85% ( !) du trafic total de l’aéroport suisse, ridiculisant ses quatre grandes rivales, Swiss (15,19%), Air France (4,70%), British Airways (4,59%) et Lufthansa (4%).
La compagnie low cost propose désormais, tout cumulé, soixante-douze destinations au départ de Genève, contre une trentaine au départ de Saint-Ex.
Par ailleurs, grosse différence par rapport à Lyon, Genève dispose de plusieurs lignes long-courriers, dont la rentabilité est assurée par la clientèle des organismes internationaux qui ont leur siège à Genève.
De quoi faire rêver Saint-Ex : l’aéroport de Genève dispose de lignes directes vers New York (JFK et Newark), Washington, Montréal-Toronto, Pékin, et les grands hubs du Golfe Persique.
Fort de ces arguments, Genève étend sa zone de chalandise loin en Rhône-Alpes et a mis en place les mesures nécessaires pour attirer la clientèle française (via des parkings à prix réduit, notamment).
« Des synergies évidentes »
Mais il ne faut pas s’arrêter là. Les synergies entre les deux aéroports existent. « Elles sont évidentes. Genève va notamment être confronté dans l’avenir à des problèmes d’extension pour la création de nouvelles pistes, ce qui n’est pas le cas de Saint Exupéry », précise Bruno Allenet, président du Club des entrepreneurs pour les aéroports de Lyon (*).
Une déclaration qui ne doit rien au hasard. La société de gestion de l’aéroport de Genève a en effet annoncé dans un communiqué son intention de rejoindre le Fonds d’investissement CUBE, pour participer à un consortium d’investisseurs qui va répondre à l’appel d’offres qui sera prochainement lancé à l’occasion de la privatisation de Lyon-Saint Exupéry.
Dans le passé, Genève a pu être considéré comme un concurrent par St Ex. Ce n’est assurément plus le cas, puisque la CCI de Lyon, pour l’heure principal actionnaire de l’aéroport rhônalpin avec 25 % du capital, observe favorablement cette candidature.
« Une candidature qui présente un grand intérêt »
Ainsi, Emmanuel Imberton, président de la CCI de Lyon « considère que cette candidature présente un grand intérêt pour le développement de la plate-forme aéroportuaire lyonnaise. »
Et d’ajouter : « Le partenariat envisagé par Genève Aéroport de Lyon pourrait ouvrir des perspectives ambitieuses en s’appuyant sur des aspects économiques connectés et des potentiels de développements complémentaires. »
Et Emmanuel Imberton d’assurer : « Nous sommes convaincus que l’ouverture du capital des Aéroports de Lyon constitue une opportunité majeure pour accélérer le développement de Lyon-Saint Exupéry et de Lyon- Bron (NDLR : l’aéroport d’affaires) et accroître ainsi l’offre de nouvelles liaisons attendues par toutes les entreprises du bassin métropolitain lyonnais et de la région Rhône-Alpes. »
A l’évidence, la CCI de Lyon, souhaite localement éviter la solution chinoise retenue lors de la privatisation de l’aéroport de Toulouse–Blagnac, mais aussi celle des Aéroports de Paris qui fait figure d’épouvantail…
A eux deux les deux aéroports de Genève et de Saint Ex représenteraient 23,4 millions de passagers, ce qui serait proche de la deuxième plateforme parisienne, Orly (28,9 millions de passagers, en 2014).
Un argument de poids susceptible d’attirer de nouvelles compagnies aériennes sur leurs tarmacs respectifs…
(*) Dans une déclaration dans Tribune de Lyon, n° 498.