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Le sort des salariés d’Erai entre les mains du privé…

Un paradoxe. Les entrepreneurs privés de l’OSCI qui regroupe les entreprises privées d’accompagnement à l’international n’avaient pas eu de mots assez durs ces dernières années à l’égard du fonctionnement et du comportement des dirigeants d’Erai, association financée par les deniers de la Région et donc des contribuables, allant jusqu’à porter plainte auprès des autorités de la concurrence et de la Cour des Comptes.

 Et pourtant ! Le salut d’une partie des 126 salariés d’Erai, désormais sur le carreau, va dépendre des offres que ces entreprises privées sont en train de déposer auprès de l’administrateur judiciaire en charge du dossier au Tribunal de Grande Instance de Lyon. Et ce, avant le mercredi 27 mai, dernier délai.

 Il apparaît que les seules propositions de reprise émanent de ces sociétés privées d’accompagnement à l’international, au nombre d’une vingtaine en Rhône-Alpes : des petites structures comme Exp-Peco Conseil à Chambéry ou Export’ease à Lyon, ou de plus importantes, comme le leader de cette niche de marché, Altios, dirigée par Boris Lechevalier, basée à à Francheville dans le Rhône et riche de 150 salariés avec de nombreuses implantations à l’étranger.

 C’est en effet une partie des vingt-sept implantations à l’étranger d’Erai qui intéresse ces sociétés privées qui bouillonnaient depuis longtemps en constatant la concurrence qu’ils estimaient déloyale de la structure financée par la Région Rhône-Alpes.

 Une dizaine de dossiers de reprises de bureaux à l’étranger, déposée

 Une dizaine de dossiers de reprise de ces implantations est déjà déposée sur le bureau de l’administrateur judiciaire. Ils concernent notamment les bureaux d’Erai en Chine, Turquie, Brésil, Inde, Russie, Vietnam, Maroc, Allemagne…

 Il apparaît également que deux directeurs de bureaux d’Erai à l’étranger ont également déposé une proposition de reprise, pour leur propre compte, en Turquie et en Chine.

 En revanche, pour l’heure aucune proposition ne s’est faite jour pour la reprise du siège lyonnais d’Erai. D’où l’idée de salariés d’Erai de créer une SCOP pour maintenir la structure faîtière. Mais en ne sait pas encore si cette proposition ira jusqu’au bout ou si c’est le cas, si elle sera acceptée, in fine par le tribunal.

Une étude des dossiers au cas par cas

 Après étude de chacun des dossiers de reprise, au cas par cas, la réponse devrait intervenir le 9 juin prochain.

 Mais, pour autant, ce n’est pas parce que le Tribunal fera le choix d’attribuer tel ou tel bureau à l’étranger à telle OSCI, que l’ensemble des salariés dudit bureau sera conservé intégralement. Un certain nombre pourrait bien au passage voir leur poste supprimé.

 Difficile donc de savoir à l’avance quel sera le sort réservé aux 126 salariés d’Erai, mais aussi aux 97 titulaires de contrats de travail en portage pour les PME de la Région, depuis le refus des élus de l’assemblée régionale de financer l’Ardi (Agence régionale du développement et de l’innovation) qui s’engageait à reprendre une partie non négligeable du personnel.

 Pour autant, autre paradoxe, les entreprises privées de l’OSCI ne veulent pas la disparition d’une structure comme Erai.

 Une structure ramassée, plus souple

 Ce qu’elles veulent, c’est une structure ramassée, plus souple, adepte du partenariat public/ privé.

 Pour l’OSCI, « Il faut beaucoup mieux définir l’intervention publique dans l’aide aux exportateurs : que les pouvoirs publics facilitent la tâche des exportateurs dans les phases d’amorçage sur de nouveaux marché, sous forme de découverte, d’information ou de premiers pas. »

 Et d’ajouter : « Mais que ces mêmes pouvoirs publics aient la sagesse, aussi bien sur le plan opérationnel que budgétaire, de passer le relais aux entrepreneurs privés de l’international dont l’ancrage commercial sur les marchés constitue le cœur de métier et qui construisent une part très importante des exportations de la France ».

 Pour Boris Lechevalier, le créateur du leader privé du secteur, Altios, « le casus belli entre Erai et nous a été provoqué lorsqu’Erai est allé chercher des clients en dehors de Rhône-Alpes. Il était scandaleux qu’une structure financée par des subventions régionales viennent concurrencer des opérateurs privés d’autres régions. »

 Pour lui, la disparition annoncée d’Erai ne constitue pas pour autant « une revanche, mais l’illustration d’un immense gâchis que nous n’avons cessé de dénoncer… »