Le développement du low-cost en Rhône-Alpes : on n’a encore rien vu…
A croire que l’arrivée à Lyon de l’entreprise de Jean-Paul Tréguer, le théoricien français du low-cost a servi de révélateur !
Ce dernier a installé à Lyon.Part-Dieu son agence de publicité : « Low-Cost 360 », comme l’a relaté récemment lyon-entreprises.
A cette occasion, le publicitaire Jean-Paul Tréguer qui est devenu, après avoir été l’auteur de l’ouvrage « La révolution du Low-Cost », en quelque sorte le spécialiste français du phénomène, n’a pas caché que le concept né il y une vingtaine d’années a encore de très beaux jours devant lui.
Et effectivement, à peu près au même moment, l’on apprenait que trois entrepreneurs lyonnais étaient en train de bouleverser deux professions jusqu’à présent bien protégées : les opticiens et les auto-écoles.
Après Paris, Jean-Paul Morlet ouvre à Lyon « Lunettes pour tous »
Le premier est Jean-Paul Morlet, 25 ans. Avant de faire de même à Lyon, il a ouvert il y a un an aux Halles, à Paris, son premier centre d’optique, à travers lequel, il entend bien jouer les Xavier Niel du marché de l’optique.
Comment ? En proposant des prix, mais aussi des délais de livraison défiant toute concurrence. « L’idée est de livrer des lunettes de vue à 10 euros en vingt minutes », précise le jeune patron de Lunettes pour tous.
Pour ce faire, Paul Morlet a imaginé une réduction des coûts à tous les échelons. Un modèle économique « low cost » qui ne peut fonctionner qu’à condition de vendre un grand nombre de lunettes par jour.
« Lunettes pour tous », nom commercial de sa société propose une collection de trente-cinq montures qui proviennent de la même usine chinoise que celle des Ray Ban en acétate.
Le nom du fournisseur des verres correcteurs, fabriqués en Corée, est quant à lui gardé « top secret ».
Une fois que le client a choisi ses montures dans la boutique, il doit s’adresser, ordonnance de moins de trois mois en main, à un vendeur équipé d’une tablette numérique.
C’est une fois le règlement effectué qu’entre en scène le système unique en Europe mis au point par Lunettes pour tous.
« Nidek System Edger+ » taille les verres en quelques secondes
Une imprimante en sous-sol crée le code-barres de taille des verres et l’ordinateur transmet à la « Nidek System Edger+ », machine codéveloppée par l’enseigne, la taille des verres encore ronds comme des soucoupes. En quelques secondes, ces derniers sont découpés et prêts à équiper les montures. Un SMS prévient alors le client que sa commande est prête…
Un procédé qui, selon Paul Morlet, permet de produire « cinq cents montures par jour ».
Après Paris, Paul Morlet vient d’ouvrir un magasin de 300 m2, cours Gambetta à Lyon : 300 m2 et trente-cinq vendeurs. Là, comme à Paris, une lunette d’entrée de gamme et des verres unifocaux coûtent 9,99 euros, soit un prix cinq fois inférieur à la moyenne.
Rien d’étonnant si Xavier Niel qui, en tant que patron de Free, est l’un des plus importants promoteurs du low cost en France ,a mis un million d’euros dans les boutiques. Il pourrait même prendre part dans les futurs développement de l’enseigne en France et à l’étranger.
« Le permis libre »
Deux autres Lyonnais ont eu aussi tout récemment une vocation de low-costers : Lucas Tournel et Romain Durand.
Surfant sur la toute récente loi Macron qui entend libéraliser le secteur des auto-écoles et favoriser la dématérialisation, ils ont créé une société, « Le permis libre » qui semble bien démarrer sur les chapeaux de roues.
A la fois physique et en ligne, l’auto-école low cost permet de travailler son code de la route à domicile via le Web, grâce à une application qu’il ont créée.
Ils proposent ainsi le permis de conduire à 690 euros en candidat libre, contre 990 euros dans une auto-école classique.
Grâce à eux, déjà des dizaines et des dizaines de candidats ont déjà eu leur code et même leur permis grâce à ce concept.
Ils prévoient d’atteindre le seuil du million d’euros de chiffre d’affaires d’ici trois ans…
Easybus l’année prochaine à Lyon
Si l’on ajoute à cette première liste l’arrivée annoncée l’année prochaine à Lyon de la société Easybus qui prévoit de s’attaquer au monopole du très cher RhônExpress sur la liaison Lyon/aéroport de Saint Exupéry, la liste s’allonge.
Pour Jean-Paul Tréguer, « la grande majorité des marchés sont perméables au low-cost ».
Il n’exclut du phénomène que les marché du luxe (et encore !), celui des marchés encore protégés par des législations spécifiques, à l’instar de celui des pharmacies ou les huissiers, mais là aussi les choses sont en train de bouger ; les marchés industriels nécessitant de lourds investissements technologiques, comme le nucléaire ou l’aéronautique ; et enfin les nouveaux segments de marchés à forte dimension d’innovation technologique.
Ce qui, on le voit, laisse encore un vaste potentiel aux entrepreneurs tentés par l’aventure low-cost…