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Musée des Confluences : les dessous de l’inauguration d’un « nuage » à prix d’or

Ça y est : le 20 décembre, près de dix ans après le lancement de sa construction, le musée des Confluences à Lyon ouvrira ses portes au public qui pourra juger sur pièce. C’est tout de même lui, ce même public, qui, par ses impôts aura payé ce musée qui constituait une bonne idée à l’origine.

La bonne idée est d’avoir installé ce musée sur l’extrême pointe de la Confluence, bien en vue sur le trajet de millions d’automobilistes qui migrent vers le sud. Et d’avoir choisi pour ce faire une architecture plutôt décoiffante conçue par le cabinet autrichien Koop Himmelblau, baptisé « le nuage ». Aussi originale que le musée de Bilbao de Franck Gehry qui a tant fait pour la renaissance de la capitale basque.

Las ! Cette excellente idée s’est au fil des années transformée en fiasco économique et par là politique : gageons que lors de l’inauguration, on parlera au moins autant de son coût que des collections qu’il recèle…

C’est bien simple, selon Canol (*), une association de contribuables qui a épluché les comptes du Conseil général, le coût final n’est pas exactement celui qu’indique le Département, mais 328 millions d’euros, foncier (2,5 millions d’euros), dépollution du sol et aménagements divers compris.

 Un budget évalué au départ à 61 millions d’euros

 Une multiplication par plus de cinq par rapport au budget originel qui rappelons-le avait été arrêté à 400 millions de francs lorsqu’il avait été présenté aux conseillers généraux, soit 61 millions d’euros d’aujourd’hui.

Comment en est-on arrivé là ? Les deux membres de Canol qui ont décortiqué tous les comptes du musée ont listé un à un l’ensemble des errements des acteurs à la manœuvre.

 Il semble bien qu’au départ une collectivité comme le Conseil général du Rhône n’avait pas les équipes aptes à gérer un tel dossier. Elles n’avaient pas toutes les compétences pour ce faire et surtout n’ont pas été les chercher ailleurs.

Il semble bien enfin que malgré les multiples avatars du chantier, la collectivité s’est enferrée de plus en plus désireuse, envers et contre tout de mener ce chantier à son terme.

 Le maître d’ouvrage délégué, la SERL n’a pas non plus toujours joué le rôle qui aurait dû être le sien.

 Vingt-deux modifications du contrat au fil du chantier !

De ce fait, ce projet a été géré à la godille avec des ajouts successifs sous la forme de vingt-deux avenants et modifications de contrat en cours de chantier ! Ce qui explique les nombreux impondérables qui ont émaillé le cours de la construction, à l’instar des difficultés entre l’architecte et la première entreprise adjudicataire (Bec Frères du Groupe Fayat) qui a fini par jeter l’éponge, amenant la résiliation du contrat.

Il a alors fallu relancer la mécanique et repartir de zéro, ce qui s’est soldé par deux ans d’interruption des travaux, avec une seule entreprise répondant favorablement à l’appel d’offre : Vinci, etc.

Pour financer ce bateau qui prenait l’eau, le département a dû vendre les bijoux de famille (des biens immobiliers pour 17 millions d’euros) et notamment les actions de la CNR (11,4 % du capital) pour 63 millions d’euros. Ce qui s’est révélé une très mauvaise affaire puisque depuis son changement de statuts, ces actions vaudraient aujourd’hui… 460 millions : de quoi largement payer le « nuage » !

Les emprunts toxiques (220 millions aujourd’hui) dont le Département va transférer une partie à la Métropole de Gérard Collomb le 1er janvier prochain, proviennent aussi pour partie de cette fuite en avant.

Par une suite ininterrompue d’erreurs, la meilleure intention du monde se révèle donc un gouffre financier.

Champion du dérapage financier

A telle enseigne que des cinq derniers musées construits ces dernières années (Quai Branly à Paris, Centre Pompidou de Metz, le Louvre Lens, et le MuCEM de Marseille), le musée des Confluences est celui qui a connu, de loin, le plus important dérapage financier.

Mais ce n’est sans doute pas fini car s’il reste encore un paramètre, sur le plan financier, qui est encore flou, c’est celui du coût de fonctionnement de ce grande paquebot qui d’ici moins de quatre semaines -va intégrer le patrimoine de la grande Métropole lyonnaise. De 16 à 19 millions d’euros par an, selon Gérard Collomb, interrogé par nos soins, il y a quelques mois, sur le sujet. Plus ? Pas exclu, selon Canol.

A quelques jours de l’inauguration, ce Musée qui aurait pu, avec la Basilique de Fourvière, le Vieux Lyon et la cathédrale Saint-Jean, devenir un des symboles de la capitale des Gaules est en train de devenir celui du gaspillage et de la mauvaise gestion des deniers publics.

Une étiquette qui risque de coller longtemps à sa peau translucide.

(*) Etude réalisée par l’association de contribuables Canol et notamment, Jean-Claude Serrant et Pierre Desroches.