Toute l’actualité Lyon Entreprises

Conjoncture en Rhône-Alpes: au point mort

Le coup de tabac que viennent de connaître les marchés boursiers constitue un sérieux avertissement.

Ils s’étaient installés dans l’idée que, même lentement, la croissance allait enfin tirer peu à peu vers le haut l’économie européenne. Et là, au fur et à mesure que tombent les chiffres distillés par les différents instituts de conjoncture, les voyants qui étaient à l’orange retournent au rouge.

Une déclinaison régionale de cette situation qui donne de l’eau au moulin à tous ceux qui craignent une situation de déflation/stagnation à la Japonaise en Europe vient d’être donnée par l’Insee Rhône-Alpes. Le titre de cette dernière étude de conjoncture : « La reprise différée »…

Pascal Oger, directeur de l’Insee Rhône-Alpes reconnaît n’avoir jamais rencontré une telle situation. Tous les moteurs traditionnels de la croissance sont au point mort. Aucun d’entre eux n’a encore entamé ne serait-ce qu’une amorce d’accélération.

« Pour autant, il n’y a pas effondrement, il n’y a pas de baisse, mais une sorte de faux-plat qui n’en finit pas », précise-t-il. Ainsi, la croissance lors des deux premiers trimestres de 2014 était de …0 %, les deux derniers devraient, selon l’Insee être de 0,1 % pour chacun d’entre eux. L’épaisseur du trait.

L’export à nouveau en recul

La première mauvaise nouvelle concerne l’export rhônalpin. Le premier trimestre de l’année semblait marquer une embellie avec une hausse de près de 2 %. Ce petit soufflé est retombé, avec un recul au 2ème trimestre du même ordre.

Ne parlons pas de l’immobilier où les mises en chantier sont toujours orientées à la baisse (-4,1 % au 2ème trimestre), même si celle-ci ralenti (- 7 % en début d’année).

Le reste est à l’avenant : signe de l’investissement des entreprises, les immatriculations de camions qui ont reculé en juillet et août se sont simplement stabilisées au premier trimestre, tandis que la fréquentation hôtelière est en net repli sur l’ensemble du 1er semestre 2014.

Seul petite touche émanant cette fois de la Banque de France Rhône-Alpes qui interroge régulièrement les chefs d’entreprises industrielles, ceux-ci annoncent un raffermissement de leurs commandes, même si leur niveau est encore inférieur de la moyenne de longue durée.

Une indication qui corrobore le chiffre fournit par le cabinet Trandeo qui observe la balance entre la création de nouveaux sites industriels qui heureusement continuent à voir le jour et ceux qui disparaissent.

L’investissement industriel repart

Or, avec 119 nouveaux établissements en France contre 90 l’année dernière a même époque, le nombre de nouveaux établissements industriels à augmenté de manière significative : + 30 % depuis le début de l’année.

Pour la seule région Rhône-Alpes ont ainsi été annoncés ces dernières semaines la création d’une nouvelle unité de fabrication de matériaux composites par l’Américain Hexcel à Roussillon (200 millions d’euros), celle d’une ligne de fabrication de fibres pour dialyseurs à l’Arbresle (70 millions d’euros), ainsi qu’une d’une nouvelle unité de fabrication de silicones par le Chinois BlueStar (10 millions) dans la Vallée de la Chimie.

Reprise de l’emploi intérimaire

C’est sans doute pour cette raison que l’emploi intérimaire retrouve un certain dynamisme. Il a créé 1 550 postes, permettant à l’emploi salarié rhônalpin de repartir légèrement à la hausse (+ 0,1 %).

Un signe parmi d’autres qui amène le directeur régional de l’Insee à ne pas croire au scénario à la Japonaise qui serait une catastrophe pour l’Europe.

Un certain nombre d’autres signaux militent en effet pour le scénario d’une reprise simplement différée.

Il y a la baisse de l’euro vis à vis du dollar et de nombreuses autres monnaies dont le yuan qui mécaniquement va redonner de la croissance.

Une baisse de l’euro signifie sur le papier, renchérissement du cours du baril de pétrole qui est libellé en dollar, si son prix restait stable. Or, celui-ci a très fortement baissé ces dernières semaines, passant de 110 dollars à près de 80 euros le baril, ce qui ne s’était pas vu depuis longtemps. Une bouffée d’oxygène importante pour notre balance commerciale, pour les particuliers et les ménages. Peut-être aussi importante que la baisse de l’euro.

Il faut ajouter les mesures d’assouplissement prises par la Banque Centrale Européenne, puis celles annoncées par le nouveau président de la Commission Européenne, Jean-Claude Juncker d’un plan de relance de 300 milliards pour l’Europe dont 35 à 40 milliards d’euros sur trois ans pour la France.

Bref, notre continent semble avoir enfin pris conscience du risque qui pèse sur sa croissance et commence dans la douleur à prendre des mesures. Il est vrai qu’il est temps !

Le vrai vecteur de la reprise sera la confiance

Mais comme le précise Pascal Oger, le véritable vecteur de la reprise sera la confiance, absente pour l’heure. Or, celle-ci ne se décrète pas. Elle découlera de la situation économique. Qu’une reprise s’enclenche et celle-ci reviendra petit à petit, déclenchant enfin un cercle vertueux. Le scénario rose que chacun espère, mais à coup sûr, ce ne sera pas pour cette année. En 2015 ?