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La tonalité de la rentrée économique : Rhône-Alpes se porte mieux que les autres

A force de crier au loup, personne n’y croit plus. François Hollande a si souvent annoncé que la reprise était au coin de la rue pour être démenti par les faits que le plus grand scepticisme règne en la matière.

 Pourtant lors d’un point presse de rentrée, Jean-François Carenco, préfet de région a martelé évoquant l’économie : « Tout va bien » ! On peut y trouver de la provocation ou de la volonté bien naturelle chez un représentant de l’Etat de peindre la situation actuelle en rose, mais son analyse qui s’appuie sur des chiffres et des données tangibles mérite qu’on s’y arrête.

 A tel point que l’on se pose la question : Rhône-Alpes se porterait-elle mieux que la plupart des autres régions françaises ? A cette question, la réponse est incontestablement oui. Comme les pays, les régions ne se développent pas au même rythme économique. Tout dépend de leurs fondamentaux et ceux de Rhône-Alpes sont plutôt bons.

 Une autre question surgit : Rhône-Alpes qui a toujours anticipé, à la hausse comme à la baisse, les mouvements nationaux afficherait-elle une reprise qui ensuite se diffusera au reste du territoire ? Et là, il est à coup sûr trop tôt pour répondre à cette question.

 Les gros sinistres industriels sont derrière nous

 « Le tout va bien » préfectoral s’appuie sur le fait que les gros dossiers en matière de sinistres industriels sont derrière nous.

 Ils ont été plutôt bien gérés, il faut le reconnaître. Kem One est en train de repartir.

 Rio Tinto, en Maurienne, de son côté, repris par un groupe allemand s’apprête même à embaucher une soixantaine de salariés. Le groupe de l’Ain, CIAT est en voie de rachat par un groupe américain. Il en est de même pour Porcher.

 Certes les chiffres du Tribunal de Commerce de Lyon montrent une poursuite des faillites, mais sont essentiellement concernées des petites structures représentant peu d’emplois comme les commerces. Ceux-ci continuent à souffrir, au pouvoir stagnant des français s’ajoute la dure concurrence, désormais prégnante du e.commerce.

 Mais surtout, comme on peut le constater ci-contre, l’investissement repart …mais uniquement dans les grandes entreprises ou les ETI (Entreprise de Taille Intermédiaire).

 Cette newsletter en constitue l’illustration puisqu’on y annonce l’investissement de 70 millions d’euros de la société allemande Fresenius à l’Arbresle dans le Rhône, et celui, dans l’attente d’une confirmation du chimiste américain spécialiste de la fibre de carbone, Hexcel, encore plus important au sud de Lyon : 400 millions d’euros.

 La baisse de l’euro va-t-elle relancer les exportations ?

 Les mesures prises par Mario Draghi, le président de la BCE qui ont amené une baisse de l’euro qui devient significative (- 6% depuis le 1er janvier) vont-elles aussi permettre de relancer les ventes à l’étranger des entreprises dans une région qui est une grande exportatrice ? Hors zone euro, une baisse de la devise européenne peut se révéler efficace. On scrutera avec intérêt les prochains chiffres des Douanes.

En outre,  la TVA rentre mieux depuis quelques semaines (+ 5 %), tandis que les déclarations d’embauches augmentent de « manière significative » signale Jean-François Carenco, ce qui constitue aussi des signaux intéressants.

Côté emploi, à rebours des chiffres nationaux, les derniers chiffres du chômage rhônalpin, à la baisse, du moins pour la catégorie A (sans aucune activité, même partielle) ont constitué une bonne surprise. Reste à savoir s’il s’agit d’une embellie de courte durée ou d’une tendance de fond.

 On aurait tendance à donner la première réponse car cette toute relative bonne santé de l’agglomération lyonnaise et de la région Rhône-Alpes attire des salariés de toute la France, avec cette conséquence : le stock du nombre de chômeurs a peu de chance, dans ces conditions de baisser.

 La confiance ? Oui, si…

 Pour qu’il y ait une vraie reprise, il faudrait que cette volonté d’investissement des grandes entreprises se diffuse au reste de l’économie et notamment aux PME, très créatrices d’emplois et on n’en est pas encore là, loin s’en faut.

 Le « tout va bien » préfectoral signifie donc que Rhône-Alpes va moins mal que les autres régions. C’est déjà un bon point, mais pour l’instant insuffisant.

 Il faudra attendre d’autres signaux pour assurer qu’une reprise est enclenchée. Cela dépendra aussi d’une autre variable : la confiance. Le « J’aime l’entreprise » de Manuel Valls sera-t-il suffisant ? Oui, comme le martèlent les représentants patronaux, à l’instar de Laurent Fiard, le nouveau président du Medef Lyon-Rhône, s’il est suivi de décisions concrètes et efficaces…