L’hôtellerie lyonnaise à la peine
Cela ressemble à la course à l’échalote : toute baisse de rythme serait préjudiciable. Il va falloir que le tourisme poursuive sa croissance à Lyon pour que les hôteliers lyonnais ne sombrent pas dans un pessimisme à tout crin.
Jusqu’à la fin de l’année dernière, ça allait à peu près. Le nombre de nuitées a augmenté de 7 % dans les hôtels du Grand Lyon, entre 2011 et 2013, tandis que le nombre de chambres connaissait une croissance de… 6,82 %.
Malgré ces chiffres l’inquiétude tend désormais à prédominer chez les professionnels. Fini le temps où les collectivités locales et les Chambres de Commerce pouvaient réguler le nombre de nouveaux hôtels.
Quiconque désire ouvrir un hôtel ou une résidence hôtelières peut le faire, personne ne peut désormais lui interdire.
Six nouveaux établissements hôteliers cette année
Pour tenter tout de même de réguler le développement des capacités hôtelières, un Schéma de Développement de l’Hébergement Touristique (SDHT) a été mis en place dans le Grand Lyon pour la période 2011/2015, avec la volonté de jouer sur la persuation en direction des investisseurs. Plus d’un an et demi avant son échéance, 78 % de l’objectif fixé est déjà atteint.
La hausse du nombre de nouvelles chambres était de 2 % l’année dernière, après une vive hausse de près de 5 % en 2012.
Cette année, vu les ouvertures qui s’annoncent, le rythme va remonter à 2,6 %.
Six nouveaux établissement hôteliers sont en effet annoncés cette année. Ce n’est pas « Canabae », le premier hôtel flottant avec ses seize chambres posées sur le Rhône qui va déstabiliser la marché. Il va l’élargir au contraire, en proposant une offre originale.
Le nouvel hôtel quatre étoiles, Okko, un nouveau concept proposant du luxe low-cost dans le 6ème arrondissement, évoqué récemment par Lyon-Entreprises, devrait également élargir en l’enrichissant l’offre existante (85 chambres).
Pour le reste, il s’agira d’une hôtellerie classique de chaîne, avec l’ouverture annoncée d’un « Hostel » de 48 lits dans le 3ème arrondissement de Lyon, d’un B&B deux étoiles de 129 chambres à Vénissieux, d’un « 1ère Classe » de 130 chambres à Saint-Priest et enfin, d’une nouvelle résidence de tourisme de trente appartements annoncée à Vaulx-en-Velin.
Cette dernière résidence de tourisme fait partie du segment hôtelier qui s’est le plus développé ces dernières années avec une croissance de 31 % depuis 2011 ! Ces résidences représentent désormais 20 % du parc hôtelier lyonnais en nombre de chambres.
Trois cent-soixante nouvelles chambres ou appartements en 2014
Au total, plus de 360 chambres ou appartements sont en cours de construction dans l’agglomération lyonnaise.
Toute la question est de savoir si ce rythme de croissance de l’hôtellerie lyonnaise qui comptait à la fin de l’année dernière très précisément 13 650 lits va perdurer ou si l’on va assister à un freinage en douceur.
Outre l’Intercontinental 5 étoiles qui prendra place au sein de l’Hôtel-Dieu toujours programmé, mais qui a pris du retard, un « gros porteur » quatre étoiles de 300 chambres est annoncé. Il figure dans le Schéma de Développement de l’Hébergement Touristique : il s’agit de répondre aux besoins des organisateurs de congrès qui souhaitent ce type d’équipement.
Le bilan de l’année 2013 était à la quasi-stabilité : malgré l’augmentation de l’offre, le ratio clé dans l’hôtellerie, le revenu par chambre (le RevPar) n’a reculé que de 0,37 %, toutes catégories d’hôtels confondus, à 53 euros par chambre.
Net recul du revenu par chambre au 1er trimestre
En revanche, depuis le début de cette année, on assiste à une dégradation. Structurelle ou conjoncturelle ? A l’instar des deux mois précédents, mars n’a pas été bon pour l’hôtellerie du Grand Lyon, selon les chiffres de la CCI de Lyon. Le taux d’occupation des établissements a chuté de 6,6 % et le revenu par chambre encore plus : – 8,8 %, après – 8,5 % en février et – 30 % en janvier…
Olivier Devys, l’un des deux créateurs de la nouvelle chaîne hôtelière Okko qui ouvre cette année à Lyon, a récemment mis en garde ses confrères hôteliers : « Ne faisons surtout pas l’erreur de nous concurrencer à tout va entre nous. Nos vrais concurrents, ce sont les chambres d’hôtes et les nouveaux sites Internet comme Airbnb ».
Une manière de dire : serrons nous les coudes dans la conjoncture compliquée que nous connaissons…