Grande déception de l’export et reprise poussive
La mobilisation générale en faveur de l’export du haut en bas de l’échelle n’y aura rien fait.
Tant les mesures prises par Nicole Bricq, secrétaire d’Etat au commerce extérieur que la création dans la région de « L’équipe Rhône-Alpes » de l’export, agrégeant et mobilisant tous les acteurs n’aura pas permis de miracle.
Recul de 0,9 % des exportations
A l’heure du bilan de 2013, le résultat est très décevant. Non seulement, selon les chiffres du troisième trimestre 2013, les derniers connus, les exportations ne progressent pas, mais elle diminuent même ! Pour revenir à la case départ, c’est à dire à leur niveau du début de l’année.
Cette baisse des exportations s’établit à – 0,9 % pour s’afficher au 3ème trimestre à 11,5 milliards. Premières responsables : les exportations de produits pharmaceutiques, grandes spécialités régionales qui plongent de 12,3 %, mais aussi celles des produits métallurgiques qui reculent heureusement de manière plus modérée (- 1,8 %).
Qui faut-il incriminer ? La baisse de régime des pays émergents ? Les exportations régionales reculent effectivement de 1,8 % vers l’Asie et de 1,9 % vers l’Amérique ; tandis qu’elles croissent de seulement 0,3 % vers une Zone Euro désormais tirée d’affaires et qui redémarre.
Les conjoncturistes tablaient sur la demande adressée à la France par la reprise mondiale pour que l’export reparte. Il n’en a rien été. Pourquoi ? Il faut sans doute mettre une nouvelle fois en cause la perte de compétitivité des entreprises françaises. A laquelle s’ajoute un phénomène auquel personne ne prend garde, mais qui s’avère mortifère : le trop haut niveau de l’euro par rapport au dollar. Il s’est envolé de 3,50 % depuis six mois.
Si l’on considère la parité de pouvoir d’achat, la paire euro/dollar devrait être, selon les économistes à 1,25 pour ne pas entraver nos efforts à l’export : or cette même paire euro/dollar était en fin de semaine dernière à plus de 1,36 euro pour un dollar. Beaucoup trop !
Une cruelle désillusion
Une cruelle désillusion donc qui a d’importantes conséquences. D’après Pascal Oger, directeur de l’Insee Rhône-Alpes, on ne peut guère tabler sur la consommation au cours des deux premiers trimestres de 2014 pour tirer le PIB. L’inflation devrait un peu repartir, de 0,7 % à 1,1 %, effaçant les maigres gains de pouvoir d’achat que l’on aurait pu escompter.
Pas question non plus de compter sur l’investissement des entreprises qui, certes, après un recul de 0,9 % au cours du 3ème trimestre 2014 repart, mais lentement : il ne devrait pas dépasser 1 % au cours du premier semestre 2014.
Résultat : en l’absence de véritable moteur, la croissance va se révéler « poussive » selon l’expression même de Pascal Oger.
Après un encourageant 0,4 % de gain de PIB au quatrième trimestre 2013, c’est déjà la décélération en ce début de 2014 avec une croissance annoncée de seulement 0,2 % respectivement au cours de chacun des deux premiers trimestres de l’année.
Seule certitude : grâce à l’acquis de croissance dû à ces 0,4 % du dernier trimestre 2013, la croissance du PIB devrait être cette année a minima de 0,9 %.
On comprend mieux dès lors le « Pacte de Responsabilité » de François Hollande qui vise à redonner confiance aux chefs d’entreprise pour qu’ils se remettent à investir, relançant au moins un des trois moteurs de la croissance.
On estime qu’il faut 1,5 % de croissance pour inverser véritablement la courbe du chômage, or on ne devrait pas y arriver encore cette année.
Un taux de chômage rhônalpin de 9,3 % contre 10,5 au niveau national
Selon l’Insee Rhône-Alpes, le chômage va donc continer à croître légèrement jusqu’à la mi-2014, freiné par les emplois aidés : 87 120 en 2013. Alors interviendrait seulement la véritable inversion.
La région Rhône-Alpes dont le tiers de la capacité des entreprises travaille pour l’export avait la possibilité de tirer son épingle du jeu sur le front de l’international. Cela ne sera assurément pas pour tout de suite.
Seule satisfaction, toute relative : le différentiel de taux de chômage entre Rhône-Alpes et la France qui s’établit en général à 1 %, s’est élargi ces derniers mois à 1,2 %.
Le taux de chômage national est de 10,5 %, celui de Rhône-Alpes n’est pas encore à deux chiffres et s’établit à 9,3%. Bref, la situation de l’emploi y est moins pire, mais cela ne constitue en aucune manière une satisfaction...