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Entrepreneuriat : le french paradoxe

Auréolé récemment de « l’European Entrepneurship Education award », Alain Fayolle, professeur à EM Lyon est un des grands spécialistes français de l’entrepreneuriat.

 Avec quatre cents autres chercheurs dans le monde, il a participé à la plus importante enquête jamais réalisée en matière de dynamique entrepreneuriale dans le monde , la « Global Entrepreneurship Monitor » : elle couvre soixante-neuf pays, dont la France bien entendu.

 Et à l’heure où vient de se terminer à Lyon le Salon des entrepreneurs, où la polémique enfle autour du statut des auto-entrepreneurs, cette enquête offre un jour plutôt cruel sur la manière dont la France aborde et vit l’entrepreneuriat. Il faut bien le reconnaître, notre pays est l’un des plus mal placés au monde, les meilleurs élèves en la matière, sans surprise, se situant aux USA, en Australie et dans les pays scandinaves.

 Il existe un vrai french paradoxe en la matière. Si l’on prend cette enquête au pied de la lettre, jamais autant de Français n’ont eu envie d’entreprendre. Le taux d’individus « déclarant percevoir des opportunités entrepreneuriales » selon la formulation utilisée « n’a jamais été aussi élevé ». Trente-huit pour cent des Français seraient ainsi-sur le papier-désireux de créer leur entreprise.

 Un cran en dessous, l’enquête interroge ensuite nos compatriotes sur leur « intention de création ». Là encore, Avec 17,3 % d’intention de création à trois ans, la France possède le plus important taux des pays de l’OCDE.

Une énorme peur de l’échec

Un chiffre stratosphérique qui chute aussitôt à la troisième question : « Avez-vous peur de l’échec » dont la réponse affiche là encore un des taux les plus élevés rencontrés dans cette enquête : 43 % !

 Pour Alain Fayolle, «Cette peur de l’échec est directement liée à notre système éducatif qui est basé sur la détection d’une élite, sélectionnée par l’échec des autres… » 

 A l’arrivée, la France affiche un taux d’ensemble de l’activité d’entrepreneuriat parmi les plus faible de l’OCDE : 5,2 % en 2012.

 Ce constat attristant ne s’arrête pas là. Cette enquête montre également que même lorsqu’e les candidats franchissent le pas, les entrepreneurs qui ont osé se lancer recèlent en France des ambitions très modestes, ce qui pourrait expliquer l’absence de Google ou d’Apple tricolores.

 Ainsi, 8,7 % seulement des entrepreneurs naissant envisagent de créer une entreprises qui emploierait plus de quinze salariés (13 % aux USA).

 Autre constat tout aussi attristant : les créations effectives offrent un contenu novateur très faible : 8,62 % des entrepreneurs déclarent être les seuls à offrir un produit comparable au leur sur le marché.

 On trouve là une des conséquences de la forte implication publique dans la recherche. Même cocoonés, les chercheurs du secteur public ne font pas obligatoirement de bons capitaines d’industrie.

L’entrepreneuriat au féminin à la hausse

 Seule consolation au regard de tous ces chiffres guère encourageants : l’entrepreneuriat au féminin est en hausse : il est passé de 2,9 % à 4 %. Le salut de l’entrepreneurait viendra-t-il des femmes, à l’heure où Nadjat Vallaud-Belkacem vient de présenter des mesures pour développer le nombre « d’entrepreneuses » ?

Sans doute pour partie, mais pour Alain Fayolle, une mesure pourrait être prise rapidement et faire évoluer favorablement l’entrepreneuriat : « Il faudrait déjà développer chez les élèves la confiance en soi. La dimension psychologique est essentielle et la première chose qu’il conviendrait de faire, c’est de former à l’entrepreneuriat dès le primaire et le secondaire. Les pays scandinaves le font et çà marche très bien ! » Chiche ?