Les entreprises de Rhône-Alpes au cœur du projet de prothèse cardiaque tricolore
Il peut être bon de tempérer parfois la morosité actuelle en mettant en exergue de belles aventures entrepreneuriales. Il en existe toujours de belles prouvant que notre pays est capable d’innovations d’ampleur internationale.
Peut-être avez-vous déjà entendu parler de Carmat, société cotée en Bourse lancée par un des plus grands chirurgiens cardiaques français, le professeur Alain Carpentier avec l’appui du groupe EADS, plus précisément de sa filiale Matra. Ce projet a reçu la plus grosse aide jamais accordée par Oséo à une PME : 33 millions d’euros.
Il est vrai qu’il est animé d’une ambition qui peut paraître folle et qui s’est heurté jusqu’à présent à de nombreux échecs : fabriquer en France le premier cœur articifiel au monde.
L’insuffisante cardiaque qui touche vingt millions de personnes sur la planète est une des premières cause de mortalité et le nombre de greffons est totalement insuffisant par rapport à la demande. Plusieurs équipes travaillent dans le monde sur un tel cœur. Et grâce à Alain Carpentier, c’est la France qui est actuellement en pointe dans ce domaine.
Les premières transplantations à l’étranger, pas en France
L’accord est signé : les premières transplantations cardiaques vont se dérouler d’ici quelques jours, fin juin/début juillet au sein de quatre centres de chirurgie cardiaque de réputation internationale : en Belgique, en Pologne, en Slovénie et en Arabie Saoudite. Pas en France, de manière étonnante pour des raisons réglementaires, ce qui en dit long sur les freins qui peuvent exister parfois dans notre pays. Mais en l’occurrence ce n’est pas grave, le futur marché de ce cœur artificiel étant mondial.
La fabrication en cours, dans la région parisienne de ce cœur artificiel Carmat fait appel à des technologies multiples : biomatériaux, mécanique, hydraulique, électronique, celles concenant la pile à combustible, etc.
Or, lorsque l’on regarde la liste des principales entreprises partenaires de Carmat, on y trouve de nombreuses PME rhônalpines.
La société SERF (Décines dans le Rhône) fournit les matériaux biocompatibles constituant les parties structurelles de la prothèse
La PME drômoise Vignal-Artru développe, elle, les ensembles groupes moto pompes qui permettent la circulation du sang. Elle prend en charge une partie de l’intégration de ces groupes. Une fois les tests d’évaluation du cœur artificiel seront validés par les premières transplantations, cette entreprise compte même construire une usine dédiée pour fabriquer les éléments du cœur artificiel dont elle est chargée.
Située non loin de là, la société HEF (Andrézieux-Bouthéon, dans la Loire) réalise, elle, la qualification de ces mêmes groupes moto pompes, ce composant clé de la prothèse.
On peut y ajouter Memscap à Grenoble qui conçoit les capteurs électroniques (les mems) indispensables pour réguler automatiquement les débits et fréquences cardiaques en fonction des besoins physiologiques du patient, tel que l’effort physique, par exemple.
Une pile à combustile grenobloise pour fournir l’énergie au cœur artificiel
Une autre pièce indispensable est aussi d’origine rhônalpine : celle fournissant l’énergie pour que le cœur puisse fonctionner, en l’occurrence une pile à combustible fabriquée par l’un des spécialistes français en la matière, PaxiTech (Echirolles, près de Grenoble). La pile sera utilisée comme source d’énergie externe portable : elle apportera une autonomie de plus de dix heures au patient.
PaxiTech réalise également l’intégration de la pile à combustible avec le réservoir d’hydrogène, de façon à obtenir une solution alternative aux batteries portables.
On peut y ajouter Biomatech, une entreprise de Chasse-sur-Rhône (Isère), voire encore Akka (Lyon) qui accompagne le projet en matière d’ingénierie et d’autres entreprises.
Cette longue liste prouve que nous bénéficions en France et notamment en Rhône-Alpes de toutes les technologies permettant d’accompagner un tel projet à très forte capacité d’innovation. Et il est intéressant de constater que ces sociétés de pointe sont pour l’essentiel des PME…