Rhône-Alpes : la production d’électricité en hausse de 11 % en 2012, alors que la consommation a reculé de…5,5 %
Paradoxe : la production d’électricité tant nucléaire qu’hydraulique, éolienne ou photovoltaïque a fortement progressé dans la région Rhône-Alpes, en 2012, alors que la consommation piquait du nez. Des chiffres contrastés, mais pour une part en trompe l’œil. Ce qui ne l’est pas, en revanche, est la faible part de l’énergie renouvelable produite dans la première région nucléaire de France : 0,9 % seulement du total de la production électrique. Les 20 % promis en 2020 seront difficiles à atteindre…
L’année dernière, la région Rhône-Alpes a conforté sa qualité de première région énergétique de France. Elle a augmenté sa production d’électrictié de 11 %, tandis qu’au niveau national, celle-ci reculait de 0,3 %.
Deux raisons à cette forte hausse rhônalpine : le parc nucléaire a tourné à plein-moins d’arrêts que d’ordinaire-amenant une hausse de l’électricité d’origine nucléaire de 6,3 %. Mais surtout, Rhône-Alpes qui produit près de la moitié de l’électricité hydraulique de l’Hexagone n’a pas connu les viccissitudes de la sécheresse qui a sévi en 2011. L’année 2012 a été une année particulièrement humide, ce qui a permis aux barrages de bien turbiner avec à la clef, une hausse de 34 % de l’électricité hydraulique.
Du côté de l’électricité renouvelable, même si on part de très bas, les hausses ont aussi été significatives. Même si 2012 n’a été marqué par la création d’aucun nouveau parc éolien, poursuivant sur la lancée de 2011, la production d’électricité éolienne a crû de 12 %.
Malgré la crise qui a marqué les producteurs de panneaux solaires en France, les centrales photovoltaïques ont, elles, continué à pousser comme des champignons, avec à l’arrivée une hausse de 30 % de la production de cette énergie durable.
L’objectif des 20 % d’éolien et de photovoltaïque en 2020, mal parti
Cela peut paraître impressionnant sur le papier, mais en réalité, la production tant éolienne que photovoltaïque reste encore très faible dans la région : elle ne représente que 0,9 % de toute l’électricité produite, contre 3 % au plan national !
Y aurait-il dans la région un frein au développement de l’énergie durable ? Le rejet au Conseil régional Rhône-Alpes, en mars 2012 du « Schéma régional climat, air, énergie », avec l’aide des Verts qui ne l’estimait pas assez ambitieux, prive les opérateurs à commencer par RTE (Réseau de transport d’Electricité) de visibilité.
La Région s’est pourtant fixé l’objectif d’arriver en 2020 à 20 % d’électricité durable (hors hydraulique) : à ce rythme, cet objectif risque d’être difficile à atteindre. Il faudrait d’ici 2020 produire chaque année 2 000 Mégaw/h d’électricité renouvelable supplémentaire. Or, Rhône-Alpes est à peine à la moitié de ce rythme !
D’autant qu’il faut pour une société comme RTE qui assure le transport de l’électricité haute-tension, une visiblité à long terme, vu le temps imparti nécessaire pour mettre en place de nouveaux équipements de raccordement.
Selon son directeur Christian Guilloux, cette absence de Schéma directeur freine simplement le développement des énergies durables, mais n’est pas en soi rédhibitoire, même si elle lui complique la tâche. A telle enseigne que les investissements pour raccorder les nouveaux équipements vont représenter cette année chez RTE 186 millions d’euros, contre 177 millions d’euros l’année dernière.
Une « autoroute de l’énergie » le long du Rhône, à 300 millions
Une « autoroute de l’énergie », le long du Rhône, reliant Montélimar au Sud de Lyon est en train de bénéficier d’une partie de ces investissements. Même si cela avait été envisagé un moment, il ne s’agit plus de construire une nouvelle ligne haute-tension de 400 000 volts, mais d’améliorer les quatres lignes existantes en changeant les câbles d’aluminium qui transportent le courant pour les rendre beaucoup plus performants. Un investissement de 300 millions d’euros, de 2011 à 2016.
Pourquoi de tels investissements, alors que l’année dernière, la consommation a reculé de 5,5 % en Rhône-Alpes ? Pour le directeur de RTE, il s’agit de s’adapter aux nouveaux sites de production renouvelables et aux évolutions démographiques, mais pas seulement.
Car ce recul de la consommation est en grande partie dû à l’usine d’enrichissement de l’uranium du Tricastin (Eurodif) qui consommant jusqu’à présent l’équivalent de trois tranches de centrales nucléaires à elle seule (!), a mis au point des technologies nettement moins gourmandes d’énergie.
Hors Tricastin, la progression s’établit à + 3,1 %, essentiellement tirée par les particuliers et les professionnels (+ 9,6 %), car du côté des grandes entreprises, signe d’une activité en berne, le recul s’établit à – 2,9 %. La crise économique se lit aussi clairement dans les statistiques de consommation d’électricité…
Photo (DR) : Le centre de disptaching de RTE (Réseau de Transport d’Electricité) à Lyon-Part-Dieu.