La start-up « industrialise » les consultations en ophtalmologie : Opta Point Vision implante un centre à Lyon
Obtenir une consultation en ophtalmologie en quarante-huit heures et la payer au tarif sécu, c’est possible ! C’est ce que veut prouver depuis quelques jours la start-up Ophta Point Vision qui s’est installée sur 300 m2 au sein de la clinique privée Natucia dans le 8ème arrondissement de Lyon, face à l’Hôpital Edouard Herriot. Saint-Etienne et Grenoble pourraient suivre : 50 implantations sont prévues dans toute la France d’ici 2020.
Les dysfonctionnements même de notre système de santé constitueraient-ils une opportunité pour des entrepreneurs n’ayant pas froid aux yeux ? Sans aucun doute, si l’on en croit le succès rencontré par une start-up parisienne créée par François Pelen, un médecin ophtalmologiste et un ancien de HEC, Patrice Pouts qui ont incubé leur société au sein de la célèbre Ecole de Commerce parisienne.
De quatre à douze mois d’attente pour un rendez-vous
Prenant en compte les délais hallucinants, incontournables désormais, pour prendre un rendez-vous avec un ophtalmologiste -de quatre mois à Lyon, bien lotie pourtant, à six ou douze » mois dans des villes les moins bien dotées en cabinets-les deux hommes ont créé l’année dernière une start-up avec comme viatique un premier tour de table de 700 000 euros apportés à parité par Picardie Investissement et et le Fonds privé Jaïna. Ils ont baptisé leur société « Ophta Point Vision ».
Ils savaient qu’il était possible d’ « industrialiser » et d’accentuer fortement l’efficacité d’un cabinet d’ophtalmologie : en faisant appel à des orthoptiste qui peuvent légalement effectuer les premiers contrôles (mesures, réfraction, détection des anomalies de la vision binoculaire, etc), avant que le médecin reçoive le patient.
Ce dernier peut alors analyser les résultats de l’examen liminaire, effectuer son diagnostic et délivrer une ordonnance si nécessaire, tout en rédigeant un compte rendu d’examen.
Dans la majorité des cabinets, ces tâches répétitives sont effectuées par les médecins eux-mêmes. Or, elles représentent près de 40 % du temps d’une consultation.
Le mode de fonctionnement d’un Centre « Ophta Point Vision » a été ainsi calibré. Il s’étend sur 300 m2 et accueille trois médecins ophtalmologistes, trois orthoptistes, ainsi que trois assistantes médicales.
« Notre concept nous permet de prendre en charge deux fois plus de patients que dans un cabinet traditionnel, tout en garantissant la qualité des actes médicaux », assure Patrice Pouts, le président d’Ophta Point Vision.
Un tandem qui permet de voir 50 patients par jour
Le tandem orthoptiste et ophtalmo permet de voir près de 50 patients par jour. Chaque cabinet peut ainsi accueillir de 150 à 160 patients par jour, soit 40 000 par an pour chaque centre. « Bientôt, nous serons ouverts le samedi : nous pourrons traiter encore plus de patients», se félicite Patrice Pouts.
Les deux premiers centres créés à Paris (le 30 juin) et Lyon (le 17 octobre), dirigé par Anne Gourraud, une ophtalmologiste en libéral ont très facilement fait le plein, vu la pénurie rencontrée dans ce secteur. On le comprend facilement : Ophta Point Vision, s’engage, non seulement à fournir un rendez-vous en quarante-huit heures, ce qui n’existe nulle part ailleurs, mais de plus, les centres proposent les tarifs de la sécurité sociale. « Il n’y a pas chez nous de dépassement d’honoraires », assure Patrice Pouts.
Un meilleur remboursement donc à la clef pour les patients, d’autant que des partenariats sont également en train d’être noués avec des mutuelles, à l’instar de Malakoff Méderic, la première à s’intéresser à ce nouveau concept.
Validé à Paris, le concept vient donc de connaître sa première concrétisation à Lyon, au sein de la clinique Natecia, située en face de l’hôpital Edouard Herriot. Spécialisée dans la maternité, cette clinique privée cherchait d’autres spécialisations.
Un centre atteint la rentabilité en seize mois
Les premières projections permettent, selon les deux créateurs de la start-up, de prévoir l’arrivée à l’équilibre financier pour chaque centre en seize mois. Cela signifie qu’outre les fonds propres réalisés à l’occasion d’un second tour de table de 5 millions d’euros, l’extension de la société sera financée pour une bonne part par les bénéfices réalisés.
Ce qui permet au duo de créateurs de programmer six à huit nouveaux centres chaque année en France, calqués sur ceux de Lyon et de Paris. Leur objectif est de créer 50 centres, d’ici 2020, ce qui susciterait 600 emplois. Parmi les priorités, outre Rhône-Alpes, le Sud-Ouest et le Nord.
Le seul impératif : « Pour que ce soit rentable, il faut que nous nous implantions dans des agglomérations dont la population atteint au moins les 200 000 habitants », précise Patrice Pouts. Grenoble et Saint-Etienne figurent ainsi parmi les cibles potentielles.
Les deux créateurs d’Ophta point Vision ont à n’en pas douter, un boulevard devant eux, du moins si d’autres concurrents ne voient pas le jour. Selon la Société Française d’Ophtalmologie, deux mille départs à à la retraite sont prévus dans les quinze ans à venir sur les 5 600 ophtalmos recensés en 2009…
Photo (DR)–François Pelen et Patrice Pouts, les deux créateurs d’Ophta Point Vision.