Conjoncture en Rhône-Alpes : le pessimisme excessif n’est plus de mise
Pas de pessimisme excessif ! Tel est le message porté à la fois par l’Insee et la Banque de France pour Rhône-Alpes. Et ce, malgré une conjoncture marquée par les soubresauts de la crise de la dette et une forte incertitude qui pourrait bien perdurer encore plusieurs mois. Nous sommes probablement actuellement en (petite) récession, mais nous devrions en sortir à la fin du semestre, sauf, bien sûr accident économique ou financier majeur. Qu’il s’agisse de la production industrielle, du bâtiment ou du commerce de gros, les conjoncturistes notent une stabilisation. La chute est enrayée.
L’embellie que connaît la Bourse depuis quelques semaines avec une hausse de plus de 3 % du CAC 40 depuis le 1er janvier pourrait être annonciatrice d’un climat un peu meilleur. La corbeille est traditionnellement anticipatrice des reprises, fussent-elles douces, à échéance de cinq à six mois.
Sur le front de l’économie, l’heure semble être à l’apaisement, même si avec les échéances européennes qui sont programmées, aucun pays n’est pas à l’abri d’un sursaut d’adrénaline. Même si le risque d’un renchérissement du crédit, avec effet retard, la perte du triple A est apparue comme un non-événement.
Du haut de leur promontoire d’observateurs impartiaux, tant l’Insee que la Banque de France Rhône-Alpes, constatent une stabilisation de la situation de l’économie régionale. La chute constatée suite au krach boursier de l’année dernière, due à la crise de la dette européenne est enrayée. C’est la stabilité qui, désormais, prédomine.
« En décembre, les carnets de commandes ont continué de s’éroder, mais la production industrielle est restée stable. Les prévisions pour les mois à venir sont toujours prudentes, mais sans pessimisme excessif. Globalement, l’activité et les effectifs devraient se maintenir à leurs niveaux actuels », précisait fin décembre la succursale Rhône-Alpes de la Banque de France.
Les industries alimentaires et les équipements électriques et électroniques se maintenaient à un bon niveau. Seule l’automobile, côté industrie, semblait marquer un peu plus sérieusement le pas.
Les effectifs qui diminuent dans la fabrication de matériels de transport, se maitiennent dans les autres secteurs.
Le bâtiment est à l’aune de la situation générale : il n’est pas excessivement vaillant, mais rien de catastrophique : « L’activité dans le bâtiment s’est stabilisée. Alors qu’ils étaient encore solidement garnis au sortir de l’été, les carnets se sont vidés, tout en s’établissant à un niveau tout juste honorable. Les prix des devis s’effritent, mais les effectifs se maintiennent », ajoute la Banque de France Rhône-Alpes.
On ne peut malheureusement pas compter sur l’export pour tirer les carnets de commandes vers le haut, le croissance mondiale ralentissant, elle aussi. Les exportations rhônalpines se sont mises en phase avec la stabilisation générale. Elles étaient de 11,83 milliards d’euros au troisième trimestre 2011, au même niveau qu’au second (11,85), en léger repli par rapport au premier trimestre : 12 milliards d’euros, selon les Douanes.
Reste le grand souci du moment : l’emploi. L’intérim, le meilleur indicateur de récession ou de reprise, marque le pas. Et hors celui-ci, « seuls les services affichent une dynamique de création d’emploi d’avant crise », est bien obligée de constater l’Insee Rhône-Alpes.
Mais ce n’est pas suffisant pour redresser des courbes du chômage réorientées à la hausse. En novembre dernier, le chômage a progressé de 0,2 %, nettement moins cependant que dans l’ensemble de l’Hexagone (+ 1,1 %). Décembre devrait également, selon Jean-François Carenco, préfet de région, marquer une hausse relativement modérée du chômage.
Il est vrai que les dossiers sociaux ne manquent pas. Les salariés de Lejaby devraient souffrir : « Aucune solution n’est bonne », reconnaît-il, mais il estime « avoir de bons espoirs sur le dossier Photowatt », à Bourgoin-Jallieu (442 emplois).
Bref, le scénario actuellement esquissé, après la récession actuelle, est celui d’une reprise très molle de la croissance au cours du deuxième trimestre 2012.
Il est fort peu probable que la consommation qui représente plus de 60 % du PIB en France reparte. Les conséquences sont évidentes sur le commerce : selon la CCI de Lyon, le commerce de détail a reculé de 2,1 % en novembre dans l’agglomération lyonnaise ; tandis que plus récemment, les soldes ont connu un démarrage plutôt poussif. Au global, rien d’excessivement alarmant ; ni, il est vrai, de bien enthousiasmant…
Illustration (source Insee Rhône-Alpes) : Le chômage est reparti à la hausse, mais avec un niveau moindre en Rhône-Alpes.