L’Institut Aspen s’apprête à quitter Lyon pour Paris
Après le Jetro japonais et l’OMS, une nouvelle institution internationale prend la tangente : l’Institut Aspen qui avait été installé en 1994 à Lyon par Raymond Barre. La raison de ce départ annoncé tient à une forte diminution des subventions des collectivités qui remettent en cause les finances de cet organisme présidé par Jean-Pierre Jouyet, le président du gendarme de la Bourse (l’AMF). Pour autant ses responsables ne tiennent pas à couper les ponts avec la capitale des Gaules et veulent maintenir des activités.
« L’option départ de Lyon a été beaucoup travaillée. Quand je suis arrivé à l’Institut Aspen la question était déjà sur la table. Il s’agit d’un processus qui va s’étaler dans le temps. Mais la vocation d’Aspen n’est pas de perdre de l’argent… » Pierre Cunéo, inspecteur des finances et président du directoire de l’Institut Aspen (*) reste diplomate. Mais il est désormais assuré que l’association internationale va quitter Lyon au cours de cette année.
Au regard des institutions internationales qui y étaient installées, Lyon est de moins en moins une ville internationale. Le signal a été donné l’année dernière par le Jetro issu du Miti japonais (ministère de l’économie) qui mettait la clé sous la porte. Ce sera cette année le tour de l’OMS : des organismes à qui la municipalité désireuse alors de les accueillir avait déroulé alors le tapis rouge.
C’était aussi le cas de l’Institut Aspen dont le siège France avait été installé en 1994 à Lyon par Raymond Barre. Ce choix avait alors fait grand bruit puisque Lyon sous la pression du premier magistrat lyonnais de l’époque avait été préféré à Paris. Pour ce faire, une implication financière des collectivités avait été instaurée. Région, Grand Lyon, Conseil Général du Rhône contribuaient pour un tiers à son budget. C’est de moins en moins le cas. Le Grand Lyon par exemple avait versé 60 000 euros en 2008, puis 40 000 en 2009 et enfin 20 000 l’année dernière. Sa participation tombe à zéro cette année.
Il est vrai que cet Institut d’origine américaine qui reste une référence à l’échelle internationale préfère travailler dans l’ombre et n’aime pas trop médiatiser ses différentes opérations qui prennent la forme de conférences ou de séminaires accueillant de grands noms de la politique de l’économie ou du syndicalisme, à l’instar du dialogue Europe-Afrique qu’il a instauré. Une discrétion voulue pour permettre une grande liberté des échanges entre participants, mais qui ne favorise pas le développement de son image auprès du grand public.
Son budget de l’ordre du million d’euros est donc obéré par cette diminution de ressources. Pierre Cunéo, le président du directoire reconnaît qu’il doit repenser son modèle économique. Pour ce faire, il a approché des structures et des mécènes parisiens qui pourraient accueillir à la fois une part des manifestations de l’Institut et sa (petite) structure de trois personnes actuellement installée rue Pierre Corneille dans le 6ème arrondissement lyonnais. « Nous devons retrouver un modèle économique viable et durable », martèle-t-il.
Ce départ qui se fera discrètement dans la tradition de l’Institut, ne se veut pas une rupture. Pierre Cunéo l’assure : « Notre relocalisation sur Paris se fera en bonne intelligence avec les les collectivités rhônalpines : nous avons de bonnes relations avec elles. Nous ne voulons pas tout casser. Bien au contraire nous avons fermement l’intention de maintenir des activités à Lyon et en Rhône-Alpes, mais sous un format allégé. Par notre histoire, nous avons un fort attachement à Lyon et à la région. Mon rôle est de trouver un point d’équilibre. »
Une forme de séparation à l’amiable, très en vogue actuellement dans les entreprises…
Photo : Jean-Pierre Jouyet, le président de l’AMF, le gendarme de la Bourse est depuis mai dernier le président du conseil de surveillance de l’Institut Aspen, Il a remplacé à cette fonction Michel Pébereau, président de la BNP.
(*) L’Institut Aspen est un centre de réflexion et d’échanges qui a pris en France la forme d’une association de la loi de 1901, reconnue d’intérêt général, non partisane et à but non lucratif. Son rôle, tel qu’il le définit lui-même : « Encourager l’ouverture sur le monde, la prise d’initiative et l’exercice des responsabilités au service du bien commun. » Il opère autour de trois thématiques : la compréhension de la mondialisation, des contraintes et des opportunités qui en résultent ; la prise de conscience des avancées scientifiques en cours dans de nombreux domaines, des promesses et des risques associés et des dilemmes qu’elles posent aux dirigeants et l’aggiornamento du modèle économique, politique et social français. Il développe ses activités sous forme de conférences thématiques, de séminaires de leadership et de clubs.
Né aux Etats-Unis, il est présent en Inde, au Japon, en Allemagne, en Italie et en Roumanie.