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Mavic, Corima, Asterion : les roues de la fortune

Créées à Lyon en 1889, les roues Mavic (1) ont une réputation universelle dans le petit monde du vélo. Régent LP vient d’acquérir (le 9 juillet) Mavic auprès d’ Amersport. Mavic conçoit dans ses bureaux d’études d’Annecy (Haute-Savoie) et fabrique dans ses ateliers de Saint-Triviers (Ain) des roues haut de gamme.

Partenaire du Tour de France, Mavic fournit les roues de secours des coureurs.

« Notre stratégie se concentre sur des produits procurant un niveau de performance élevé et un design épuré » insiste Michel Lethenet, responsable de la communication de MAVIC. « Nous n’utilisons, poursuit-il, que des matières haut de gamme et techniques , des conceptions et assemblages innovants selon des processus de fabrication longs et complexes ».

Jusqu’à 3500 € la roue !

Tenant à continuer à fabriquer en France pour ne pas risquer de divulguer ses secrets de fabrication, la société ne communique ni le nombre de roues mises sur le marché ni son chiffre d’affaires (selon d’autres sources, il aurait été de 101 millions en 2017).

Cependant, les prix publics sont bien connus des détaillants et des clients. Selon qu’elles soient en aluminium ou en carbone, les roues ont un prix de 600-1000€ environ la paire dans le milieu de gamme. Il peut atteindre 3500€ la paire pour des roues de complétion en carbone, voire 3500 la roue pour un modèle « haute performance » comme celle dont l’utilisateur a remporté une médaille d’or aux J.O d’Atlanta. Si les roues haut de gamme sont si chères, c’est qu’elles concilient des éléments contraires recherchés des cyclistes: souplesse et rigidité, nervosité et confort, légèreté et solidité.

Avec un tel niveau d’exigence et les résultats obtenus par les compétiteurs, il n’est pas étonnant que Mavic soit un partenaire privilégiés du Tour de France depuis 42 ans. Mavic est le fournisseur attitré de l’équipe AG2R-La Mondiale (celle du Haut-ligérien Romain Bardet) pour laquelle elle a conçu une série limitée en carbone baptisée « Cosmic Ultimate ». Mavic assure une assistance « neutre et technique » pour tous les coureurs du Tour de France (et de Paris-Roubaix) au moyen de quatre véhicules qui suivent la course en permanence, dont les dix techniciens sont considérés par les coureurs comme leurs « anges gardiens ».

Corima et Astérion: deux challengers

Mavic n’est pas la seule à faire dans la roue haut de gamme en AURA puisque deux challengers de moindre taille sont « dans sa roue ».

Basé à Loriol (Drôme), Corima s’est spécialisé dans la roue à haute performance en carbone, matériau garantissant une grande rigidité pour un poids moindre que l’acier ou l’aluminium. Avec ses 28 salariés, Corima (chiffre d’affaires d’environ 5 millions) fabrique quelque 5000 roues par an dont 70% sont exportées. La petite entreprise drômoise fournit l’équipe professionnelle Astana, dont l’un des leaders, le Danois Jakob Fulgsang, a remporté les éditions 2017 et 2018 du Critérium du Dauphiné Libéré.

Ce tour de la roue en Auvergne-Rhône-Alpes se terminera avec Asterion, un atelier installé à Charly (Rhône) fabricant des roues « exclusives » et de haute performance en aluminium et en carbone (1500 paires environ par an au prix moyen de 700€). Elles sont destinées aux amateurs passionnés souhaitant « un montage artisanal, méticuleux et personnalisé ». Astérion sponsorise une ambassadrice de charme en la personne d’Emmie Charayron, triathlète sélectionnée aux J.O de Rio.

Mach1: mieux que les Chinois

Enfin, comme pour témoigner de l’importance passée de l’industrie du cycle dans la région stéphanoise, c’est à Saint-Etienne que sont installés deux autres équipementiers qui contribuent au renouveau de cette spécialité. Stronglight (30 salariés, 3 millions d’euros de chiffre d’affaires) fabrique des pédaliers, des plateaux et des jeux de direction.

Quant à Mach1, une PME installée à Marclopt, elle est spécialisée dans la fabrication de jantes et de rayons. Comme le souligne son PdG, Bruno Bayard, « le vélo est porteur » et l’entreprise est en pleine expansion. Ses effectifs sont passés de 50 salariés en 2015 à 115 en 2019. Mach1 fait 80% de son chiffre d’affaires (25 millions d’euros) à l’exportation.

Le secret de cette bonne santé? La réactivité de Mach1 et la capacité de l’entreprise à livrer et répondre rapidement aux demandes des clients (Decathlon, Peugeot, Intersport et le géant hollandais Batavia).

Ce qui permet à l’entreprise stéphanoise – la performance mérite d’être soulignée – de damer le pion à ses concurrents chinois.

Pierrick Eberhard

(1) Acronyme de « Manufacture d’articles vélocipédiques Idoux et Chanel » (les deux fondateurs de ladite manufacture).