Que vont devenir les organismes de formation avec le COVID ?
En quoi consiste la certification Qualiopi ? Pourquoi la situation liée au Covid 19 remet en question l’avenir des organismes de formation ? Quelle sera la suite pour ces derniers ? Éléments de réponse.
La certification Qualiopi, c’est quoi ?
Si les organismes de formation devaient déjà être enregistrés sur une base de données DataDock, la situation a évolué depuis le 5 septembre 2018. Une loi promulguée à cette date, et baptisée « Pour la liberté de choisir son avenir professionnel », oblige ces derniers à se munir d’une certification Qualiopi, avec une deadline fixée en premier lieu au 1er janvier 2021, et dernièrement repoussée à 2022. Celle-ci est délivrée par des organismes de certification (eux-mêmes accrédités) et constitue un changement majeur, toujours dans le sens d’une démarche qualité.
Il s’agit d’une « certification de services » qui permet de soumettre les organismes de formation au respect de leurs engagements. “Ainsi, les personnes en formation voient leur apprentissage favorisé et devenir plus qualitatif. La différence majeure qui distingue la certification Qualiopi du Datadock repose essentiellement sur des audits fréquents (tous les 18 mois environ) ainsi que sur la mise en place d’éléments de preuves strictes, à fournir par les organismes de formation” ajoute Monsieur Rissoan, accompagnateur certification qualiopi et gérant de Optédif formation. En effet, la capacité de faire exister le système de formation en continu sera vérifiée. Une façon de s’assurer de leur bienveillance, et d’inscrire ces pratiques dans un processus de sécurité pour les apprentis.
Les certificateurs sont choisis librement par les organismes de formation. Ils doivent obligatoirement être accrédités par le COFRAC (Comité Français d’Accréditation). La certification Qualiopi est la référence en la matière, et les délais pour l’obtenir varient entre 4 et 12 mois. Afin d’anticiper au mieux, et être certifiés à la date butoir du 1er janvier 2021, de nombreux organismes de formation avaient prévus de commencer les démarches en ce début d’année. L’épidémie de Covid 19 vient donc perturber les plans de ces derniers, près de 90 000 étant concernés par le processus. Comme évoqué plus haut, en réponse aux circonstances actuelles, et à l’impossibilité d’effectuer le processus de certification Qualiopi, la date butoir a été repoussée à 2022.
Pourquoi les organismes de certification ne peuvent actuellement pas se certifier ?
Le coronavirus a mis la France à genoux, et le secteur de la formation n’est pas épargnée. D’abord, le confinement entraîne une évolution obligatoire vers des modes d’enseignement dont le système éducatif français ne maîtrise pas toutes les facettes. En effet, les cours à distance, que ce soit pour les étudiants ou les personnes en formation professionnelle ne sont pas forcément adaptés, et rendent plus difficile leur appréhension. Les enseignants ont plus de mal à exercer leur fonction, et doivent s’habituer à des outils qu’ils n’ont que très rarement utilisés au cours de leur carrière. Pire encore, les examens de millions d’étudiants sont remis en question aujourd’hui, que ce soit le baccalauréat, le brevet, ou même ceux qui concernent les diplômes supérieurs. Si des solutions sont étudiées, le Covid 19 met la formation française dans une situation d’anxiété et ne facilite en rien la préparation aux échéances à venir.
Et les organismes de formation font partis des principaux perdants de cette « guerre sanitaire ». Comme évoqué précédemment, ces derniers sont au pied du mur, et doivent impérativement effectuer leur certification Qualiopi s’ils veulent perdurer. Sauf qu’eux non plus n’avaient pas anticipé le tsunami provoqué par le Covid 19, et ne se sont pas préparés au préalable. Premièrement, ils ne sont pas digitalisés pour la plupart, et ne peuvent ainsi pas avoir accès à leurs fichiers. Autre conséquence, et pas des moindres, de leur manque de digitalisation : ils ne peuvent actuellement plus former leurs clients. De plus, les organismes de formation doivent se concentrer actuellement sur une autre obligation encore plus immédiate : réaliser leur bilan pédagogique, qui constitue l’équivalent de leur bilan comptable.
Enfin, afin d’obtenir le précieux sésame que constitue la certification Qualiopi, les organismes de formation doivent recevoir dans leurs locaux les personnes chargées de réaliser l’audit. En effet, les auditeurs doivent être présents directement sur le site, une condition non-négociable pour l’obtention de la certification. De nombreux obstacles mis sur la route des organismes de formation, tous conséquences de l’épidémie de coronavirus qui a mis à l’arrêt la quasi-intégralité de la planète depuis plusieurs mois maintenant. Mais quelle sera donc la suite pour ces entreprises de formation ? Le doute persiste sur la validité des anciennes certifications, en attendant de pouvoir obtenir le précieux sésame que constitue la certification Qualiopi.
Quelle sera la suite pour les organismes de formation ?
L’avenir est aujourd’hui incertain pour les organismes de formation. Le Covid 19 a poussé dans leurs retranchements la quasi-totalité des secteurs de l’activité économique, éducative et sociale de l’Hexagone. De ce fait, le flou règne autour de l’octroi de financement aux organismes de formation. En effet, même si l’entrée en vigueur de la certification Qualiopi a été repoussée à 2022, les textes de lois ne valident pourtant pas la reconnaissance du Datadock ou des certifications CNEFOP pour l’année 2021. En résumé, si la date butoir a été repoussée pour la certification Qualiopi, rien ne spécifie que les anciennes reconnaissances fonctionneront toujours pour l’année à venir.
Et si les entreprises de formations subissent de plein fouet la déferlante du coronavirus, ces dernières n’ont pas mis les chances de leurs côtés, et sont en partie responsables de ce qui leur arrive aujourd’hui. En effet, des statistiques démontrent que les organismes de formation rechignent depuis un certain temps à réaliser leurs obligations imposées par l’Etat. Sur les 90 000 existants, seulement 40 000 sont datadockés, c’est-à-dire moins de la moitié. Autre preuve de ce manque d’engagement : moins de 20 000 sont certifiés CNEFOP (Conseil National de l’Emploi, de la Formation, et de l’Orientation Professionnelle).
En ce qui concerne la certification Qualiopi, environ 500 l’ont obtenu à ce jour. Une statistique très faible qui s’explique en partie par la jeunesse de son existence, mais qui reflète une piètre confiance dans le processus de certification des organismes de formation. D’un point de vue général, il est donc clair que l’engagement n’est pas présent, et la crise du Covid 19 a mis en lumière ces nombreuses défaillances. Le risque est donc aujourd’hui de voir s’établir un régime à deux vitesses, divisé entre ceux qui auront pris le soin de se certifier en avance, et de l’autre côté, ceux qui se sont permis d’attendre et qui risquent d’être tributaires de jugements conditionnés pour l’octroi de leurs financements. Cependant,, certaines mesures prises par l’Etat et organisations dans le passé, et d’autres découlant de la période actuelle, font apparaître une lueur d’espoir.
D’abord, les organismes de formation ont déjà eu le droit à des « mesures de secours » par le passé, avec des solutions gratuites mises en place par les OPCO (Opérateurs de compétences) pour aider ces derniers à se « datadocker ». Enfin, la ministre du travail Muriel Pénicaud a décrété en octobre dernier un report d’un an de la collecte de la contribution formation professionnelle. De quoi fait naître des motifs d’espoir pour les organismes de formation qui compte sur la bonne volonté de l’Etat au vu des circonstances actuelles pour effectuer un report similaire des certifications Qualiopi. Une requête qui semble légitime, et qui devrait trouver écho auprès du gouvernement et des instances étatiques en charge de la formation. Les décisions prises par les responsables au pouvoir semblent prouver leur volonté de favoriser au maximum la continuité éducative dans cette période de crise liée au Covid 19. Acteurs majeurs de ce secteur, les organismes de formation seront dans tous les cas les principaux concernés par les mesures à venir, et croisent les doigts pour sortir indemne de cette guerre sanitaire.