La mauvaise passe de l’immobilier de bureaux à Lyon, une simple transition, ou plus grave..?
Il y a d’abord la conjoncture, mauvaise. Ce qui provoque l’incertitude. Les entreprises qui sont dans le brouillard et développent le travail partiel sont actuellement très frileuses en matière d’immobilier de bureaux qui plonge de – 50 %. A cette situation conjoncturelle, il faut y ajouter un cadre nouveau dû à l’arrivée d’élus Verts à la Ville de Lyon et à la Métropole qui refusent le “tout bureau” à Lyon et veulent que ceux-ci se développent désormais en périphérie..
Attention, ça va tanguer ! Les professionnels de l’immobilier d’entreprise à Lyon doivent s’accrocher au bastingage.
Leur métier, florissant pendant l’ère Collomb est en cours de bouleversement. Là, comme d’autres secteurs, la crise due au Covid-19 constitue un accélérateur de tendance.
La crise bien évidemment est là.
Si, bonne nouvelle tout-de-même pour notre industrie, l’immobilier de locaux d’activités qui accueillent les usines tient bon, ce n’est pas du tout le cas pour le secteur tertiaire, les bureaux.
Moins 50 % au 3ème trimestre
L’un des principaux leaders du marché à Lyon, Brice Robert que dirige Jean-Pascal Denys constate ainsi une chute du marché des bureaux de – 50 % au troisième trimestre, exception faite d’une très grosse opération portant sur 18 000 m2 à Gerland pour Enedis la filiale de distribution d’électricité d’EDF.
“Au final, 2020 devrait se terminer sur 200 00 mètres carrés placés, soit – 20 % par rapport à la moyenne enregistrée au cours des dix années qui précédent”, constate-on chez Brice Robert. Drôle de manière de fêter la quarante ans, cette année, de cette société spécialisée dans l’immobilier d’entreprise…
Derrière cette situation purement conjoncturelle qui ne devrait pas durer, peut-on espérer, du moins, se profilent deux autres tendances de fond.
“Nous constatons une déferlante de changements profonds sur la façon de travailler aux sein des TPE, PME et ETI et grands groupes, ce qui va bouleverser leur demande immobilière”, constate Jean-Pascal Denys, le président de Brice Robert.
Au premier rang de ces bouleversements : le télétravail “qui a connu un essor phénoménal et booste dans son sillage de nouvelles façons d’occuper l’espace professionnel et d’organiser les flux de personnes”, ajoute le boss de Brice Robert. En témoigne le nouveau concept de pro-working qui verra prochainement le jour, sur 5 300 mètres carrés dans la future Tour Silex2, par exemple.
Des immeubles de bureaux à Givors ou Rive-de-Gier ?
Pour Jean-pascal Denys, “le télétravail pourrait bien conduire les entreprises à occuper des surfaces en moyenne 20 % moins importantes avec des salariés absents des locaux un à deux jours par semaine. Ce qui devrait consacrer le co-working qui a explosé à Lyon, ainsi que le desk-sharing (bureaux partagés et non plus attitrés).”
Au bilan, “devant tant de bouleversements et d’incertitudes, les investisseurs ne financent plus d’immeubles en blanc, les utilisateurs n’investissent plus et les négociations s’étirent dans le temps…” Ainsi 15 % des entreprises qui avaient un projet d’implantation dans la métropole lyonnaise l’ont ajourné.
La deuxième tendance lourde émane des nouveaux exécutifs Verts à la Métropole de Lyon et à la Ville de Lyon qui veulent mettre un frein à la politique menée par Gérard Collomb qui a multiplié ces dix dernières années les immeubles de bureaux, non seulement à la Part-Dieu où les tours ont commencé à pousser (1 million de mètres carrés), mais aussi à Gerland, à Vaulx-en-Velin, dans l’Est lyonnais, etc.
Les nouveaux exécutifs verraient ainsi bien voir se construire des immeubles de bureaux à Givors, voire à Rive-de-Gier, mais bien loin du centre de Lyon ou de la Part-Dieu où actuellement l’offre de bureaux neufs est à zéro. “Les investisseurs vont-ils suivre ?”, s’interroge Jean-Pascal Denys… Pas si sûr…
Photo–Les immeubles de bureaux Park View (22 300 mètres carrés à Villeurbanne) du promoteur lyonnais DCB International ont été distingués lors des trophées CIEL attribués cette année, en l’absence du salon de l’immobilier d’entreprise, annulé pour cause de Covid.