Le fabricant de réservoirs automobiles Plastic Omnium se pose en leader mondial de la mobilité hydrogène
Les milliards valsent actuellement du côté de l’hydrogène, la nouvelle frontière de la mobilité pour beaucoup. Un plan de développement de 9 milliards en Allemagne, de 7 milliards en France. De son côté Auvergne-Rhône-Alpes qui compte sur son sol 2/3 des entreprises françaises spécialisées a aussi des plans ambitieux en la matière. L’équipementier automobile Plastic Omnium qui est né à Lyon et est encore très présent a décidé lui aussi de faire le pari de l’hydrogène : on espère des retombées régionales…
Même si c’est le nouveau carburant à la mode, ce n’est pas d’aujourd’hui que l’équipementier automobile Plastic Omnium, spécialiste des réservoirs automobiles, s’intéresse à l’hydrogène. Précurseur, son président, Laurent Burelle, s’est engagé dans la mobilité hydrogène dès 2015. Il a déjà investi 200 millions d’euros depuis cette date.
De l’argent dépensé dans des moyens de Recherche&Développement en Europe et en Chine et quelques opérations de croissance externe bien ciblées avec les rachats de Optimum CPV, spécialisé dans les réservoirs hydrogène et Swiss Hydrogen qui avait développé des systèmes hydrogène intégrés. Il s’agit “d’accroître notre expertise sur chacun des segments de l’hydrogène”, explique la direction de Plastic Omnium.
Aujourd’hui, PO accélère. Avec un objectif pour le moins ambitieux : “se positionner en leader mondial de la mobilité hydrogène” ! Pas moins !
Plastic Ominum qui a revendu ses fameux bacs poubelles plastiques pour pouvoir se concentrer sur ce domaine a récemment annoncé la création, avec l’équipementier allemand ElringKlinger d’une co-entreprises, baptisée EKPO Fuel Cell Technologies, spécialisée dans la pile à combustible ; et ce, tout en acquérant la filiale d’ElringKlinger en Autriche, spécialisée dans le système hydrogène intégré. Au final, 115 millions de plus versés dans la corbeille hydrogène du groupe. “Ce qui nous permet de prendre un avance technologique et industrielle majeure”, estime sa direction.
Lancement d’une ligne de production de réservoirs hydrogène
Pourquoi ? Tout simplement “parce que nous sommes aujourd’hui le seul acteur à proposer un offre complète sur l’ensemble de la chaîne de valeur de l’hydrogène avec des capacités de production déjà installées”.
Une ligne de production de réservoirs hydrogène vient ainsi d’être mise en service en Belgique pour livrer les premiers contrats de bus et de camions dès 2021. Dans ce cadre, la co-entreprise dispose d’une capacité annuelle de construction de 10 000 piles à combustible dans son usine allemande.
Ainsi dans l’écosystème hydrogène, Plastic Omnium fabrique aussi bien les réservoirs, que la pile à combustible ; voire encore le système hydrogène intégré permettant à l’ensemble de fonctionner.
“Notre ambition est d’être leader sur chacun de ces segments,n en développant une offre technologique et commerciale compétitive.”
Objectif : 25 % de part de marché
S’appuyant sur son avance, l’équipementier vise ainsi 25 % de part de marché en 2030 dans les réservoirs hydrogène, entre 10 et 15 % sur la pile à combustible et 10 % sur le système hydrogène intégré.
Pour arriver à ses fins, le groupe table sur une baisse de ses prix par l’effet volume de 30 % sur les réservoirs, d’ici 2030 ; et carrément une division par cinq des coûts de la pile à combustible et du système hydrogène intégré !Actuellement, les quelques voitures à hydrogène qui circulent de par le monde sont hors de prix.
Mais les choses évoluent très vite. Un nouveau modèle de la Toyota Mirai (hydrogène), déjà vendu à 10 000 exemplaires, vient de sortir, à un tarif 30 % moins cher que le précédent. Toyota compte en vendre dix de plus…
La direction de Plastic Omnium en fait le pari “D’ici 2020, le coût total du système hydrogène pour un véhicule particulier sera de l’ordre de 6 000 à 8 000 euros, rendant la technologie accessible à un marché de masse”. Encore faudra-t-il que l’hydrogène non seulement soit décarboné, ne soit donc pas produit à partir d’énergies fossiles, mais voit aussi son prix fortement baisser.
Projections ambitieuses
L’hydrogène décarboné coûte actuellement 5 fois plus cher que l’hydrogène dit “gris”. Mais là n’est pas le problème de Plastic Omnium. Encore que, s’il veut développer ce marché…
Toujours est-il que les projections de Plastic Omnium sont ambitieuses : 3 milliards d’euros de chiffre d’affaires dans un marché qu’il prévoit à au moins 2 millions de véhicules. Un vrai pari, donc qui laisserait la place à une nouvelle génération de voitures, après les véhicules purement électriques avec batteries.
Pour arriver à cet objectif, Plastic Omnium compte investir 100 millions d’euros par an au cours des prochaines années.
Si ces pronostics se réalisent, à l’horizon 2030, l’équipementier français disposerait d’une quinzaine de lignes de production hydrogène…
Quelles retombées de ce plan ambitieux dans la région Auvergne-Rhône-Alpes. Pour l’heure, ce ne sera pas le grand centre de R&D Sigmatech de Plastic Omnium, basé dans l’Ain qui en bénéficiera, mais celui d’Alphatech à Compiègne (500 personnes actuellement) qui va être étoffé…