Le bio et l’irrigation : les deux priorités du nouveau président du syndicat des vignerons des Côtes-du-Rhône
Le syndicat des vignerons des Côtes-du-Rhône a un nouveau président : Denis Guthmuller, 47 ans. Comme son nom l’indique, il est originaire d’Alsace. C’est un autodidacte de la vigne que ses pairs ont porté à la présidence : il a débuté sa carrière dans …le bâtiment avec pour diplôme un DUT en Génie climatique !
C’est en rendant visite à son frère, étudiant au lycée viticole d’Orange qu’il rencontre sa future épouse, Florence dont les parents sont viticulteurs en appellation Côte-du-Rhône, à Sainte-Cécile-les-Vignes dans le Vaucluse.
Son école de viticulture sera donc pour une part l’exploitation des ses beaux-parents qu’il rejoint après toutefois une formation au lycée agricole de Carpentras.
Rapidement, parallèlement, Denis Guthmuller s’investit dans la cave Coopérative de Sainte-Cécile-les-Vignes dont il devient co-président, tout en convertissant les 40 hectares de l’exploitation familiale en bio.
C’est ce parcours qui vient de lui valoir d’être élu par ses pairs, président du syndicat des vignerons des Côtes-du-Rhône.
On l’aura compris, dans son parcours, il a toujours concilié le respect de l’environnement avec le réalisme économique.
Feuille de route
Dans son projet de mandat, en l’occurrence, sa feuille de route, qu’il vient de présenter, il concilie les deux.
Il fixe un objectif, particulièrement ambitieux à la profession : “70 % de vins bio ou en HVE (Haute Valeur Environnementale) dans les Côtes-du-Rhône, à l’horizon 2025”.
“Il y a une demande sociétale croissante, il nous faut y répondre”, lance le nouveau président.
Il est vrai que la vallée du Rhône recèle un atout que ne possèdent pas d’autres appellations : le mistral qui assèche les raisins et éloigne de ce fait les maladies. La pratique du bio y est donc plus facile qu’ailleurs.
Pour ce faire, une “commission Environnement” est créée au sein du syndicat de vignerons. De même va être mis en place un lieu d’échanges et de partages d’expériences “sur les pratiques vertueuses” ; tandis que va être relancée la formation des vignerons sur la biodiversité et que des partenariats “biodiversité” vont être signés avec des associations de protection de la nature.
Dans le même temps, pour le nouveau président des vignerons, il faut faire en sorte que les viticulteurs puissent vivre de leur produit. Celà passe par une amélioration des rendements, mis à mal par le changement climatique et les sécheresses à répétition.
Pendant longtemps, l’irrigation a pu constituer un tabou dans le monde du vin. Ce n’est plus le cas.
“L’irrigation est devenue incontournable ; nous avons besoin d’amener de l’eau sur nos territoires”, scande le nouveau président qui préconise pour ce faire, “une approche collective”.
Pour faire face à l’évolution du climat, il veut “accompagner les projets d’accès à l’eau”. De même, des études vont être réalisée “sur les pratiques culturales liées au changement climatique”.
Elargir la palette
Il souhaite également qu’à côté des rendements de base autorisés par l’appellation, chaque viticulteur puisse bénéficier d’un surplus pour les années difficiles, sous la forme d’un Volume Complémentaire Individuel” (VCI), “une sorte d’assurance récoltes en cas de coup dur”, explique Denis Guthmuller .
Autre direction, enfin, qu’entend prendre le nouveau responsable des viticulteurs rhodaniens : élargir la palette des vins des Côtes-du-Rhône qui sont des rouges pour 80 % d’entre eux. ; et ce, alors que le marché demande plus de rosés et plus de blancs.
Une manière aussi de voir la demande se raffermir dans la grande distribution qui représente…75 % des ventes de vins en France. Si les Côtes-du-Rhône sont leaders sur le marché, ils voient leurs ventes s’éffriter année après année ; et ce, non pas au profit d’autres appellations françaises ou étrangères, mais d’autres boissons alcoolisées…
“Nous allons auditer nos ventes dans la grande distribution pour nous adapter le plus possible aux attentes du marché”.
Bref, un nouveau président des viticulteurs rhodanien bien dans l’air du temps de sa génération, liant la sensibilité environnementale à l’efficacité économique.
Il est vrai que la période est bien choisie : les Côtes-du-Rhône figurent parmi les appellations qui souffrent le moins de la crise, actuellement. La génération actuellement aux manettes entend bien faire en sorte que çà continue…