La pépite de l’incubateur Pulsalys veut construire à Lyon une usine révolutionnaire de recyclage de batteries automobiles
Si cette usine voit le jour-en 2025- selon les vœux de ses promoteurs, ce sera grâce à la conjonction de “l’incubateur et accélérateur d’innovation” lyonnais Pulsalys et d’un chercheur de l’Université Lyon1, Julien Leclaire. Il a mis au point une technologie de rupture qui a le double avantage de capturer du CO2 et de recycler les métaux rares des batteries automobiles avec un coût deux fois moindre que les technologies actuelles…
Il croit très fort dans sa technologie. “Mecaware (*) va apporter quelque chose de vital pour l’industrie européenne”, affirme tout de go, Arnaud Villers d’Arbouet, le Pdg de la jeune start-up lyonnaise.
Son entreprise a en effet pour vocation à répondre à un double enjeu : celui du changement climatique et de donner dans une certaine mesure accès à l’Europe aux terres rares et aux métaux stratégiques dont elle ne dispose pas, contrairement à la Chine ; et ce, par le biais du recyclage.
Installée sur le campus de La Doua, cette jeune entreprise a deux actionnaires : son Pdg et Julien Leclaire, responsable du laboratoire Chimie Supramocléculaire Appliqué au sein de l’ICMBS.
En partenariat avec d’autres labos, ce chercheur a mis au point une technologie qu’il entend exploiter avec son associé sur le sol lyonnais.
Dans un premier temps, la phase de maturation et validation en laboratoire au sein de l’incubateur Pulsalys a permis de confirmer la technologie qui, en flux continu permet d’obtenir sélectivement des métaux stratégiques avec un haut niveau de rendement et un très haut niveau de pureté, de l’ordre de 98 à 99,9 %.
Lingots verts
Le Graal, selon le Pdg de la start-up : “simple de mise en œuvre, cette technologie permet de produire un métal compatible avec les filières industrielles et de surcroît, elle est peu énergivore et ne rejette pas d’effluents”.
Et de lancer : “Nous allons fabriquer des lingots verts qui vont être précieux pour nos clients industriels !”
L’objectif de la start-up est désormais de construire une unité pilote pré-industrielle destinée à préfigurer l’équipement de la future usine.
Il ne reste plus pour la start-up qu’à réunir le budget estimé à 3 millions d’euros sur trois ans, dont 2 millions d’euros pour la réalisation du site pilote et 1 million d’euros pour le positionnement stratégique et le développement commercial.
Après ce pilote, restera ensuite à construire l’usine après avoir réuni l’investissement nécessaire, nettement plus important, cette fois. Celle-ci pourrait voir le jour en 2025.
Cette usine devrait être capable d’extraire annuellement 5 000 tonnes de métaux « critiques » (nickel, cadmium, lithium, manganèse, etc.) à partir de broyats de batteries usagées, selon Arnaud Villers d’Arbouet.
“Cinquante millions d’euros maximum”
Elle devrait, selon lui, pouvoir être construite pour « quelques dizaines de millions d’euros » – « cinquante au maximum » ; soit le tiers du coût d’une usine recourant aux technologies existantes, qui sont de surcroît extrêmement polluantes et énergivores…
Quant à la capture du C02, connexe de la technologie développée par Professeur Leclaire, elle tient au fait que les fumées d’usines chargées en CO2, mélangées à des amines (en l’occurrence des composés organiques) sont capables de s’associer sélectivement avec les divers métaux contenus dans des broyats de batteries.
L’installation pilote devrait voir le jour dans la Vallée de la Chimie lyonnaise.
Ce qui permettrait à l’industrie régionale d’être en phase avec les nombreux projets développés dans le cadre de “l’Europe des batteries” boostée par Bruxelles, puisque pas moins de 24 projets d’usines géantes de batteries sont programmés en Europe ! Celles-ci auront à la fois besoin de métaux rares et d’usines de recyclage pour les batteries produites…
(*) Mecaware est l’acronyme de Metal capture for waste recycling