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Eric Guillaumot (Apec) : “les embauches de cadres devraient connaître une croissance de 11 % cette année en Auvergne-Rhône-Alpes”

L’Apec (l’association pour l’emploi des cadres) a le même ressenti que Pôle emploi pour les mois à venir après déconfinement : les entreprises et notamment les PME comptent embaucher de façon importante. On ne devrait par revenir au record de 2019 où pour la première fois en Auvergne-Rhône-Alpes, le embauches de cadres avaient dépassé la barre des 30 000, mais selon un sondage effectué auprès d’un panel d’entreprises, les embauches pourraient connaître un bond de 11 % cette année dans la région. Plus qu’au plan national.

Délégué régional pour l’Apec (Association pour l’emploi des cadres), Eric Guillaumot est tout aussi optimiste que son confrère de Pôle Emploi.

Après une année 2020 évidemment difficile, les entreprises pourraient bien renouer avec la croissance et rechercher des cadres en nombre.

L’enquête que l’Apec a mené auprès de 975 entreprises de la Région indique que la hausse pourrait s’établir jusqu’à 11 %. Soit un recrutement de 28 350 cadres en 2021. On ne retrouverait certes pas la hausse “il est vrai exceptionnelle de 2019, avec plus de 30 000” embauches, mais “on pourrait se situer au niveau de 2018 qui était aussi un bon millésime”, assure le délégué de l’Apec.

Mieux que l’Hexagone

Première constatation pour le responsable de l’Apec : à la hausse comme à la baisse, Auvergne-Rhône-Alpes fait mieux que l’Hexagone pris dans son ensemble.

Pendant la crise la chute des embauches était l’année dernière de 16 % dans la Région, alors qu’elle était de 19 % sur l’ensemble du territoire.

Avec donc + 11 % dans la région, les perspectives de hausse sont également supérieures au plan national où la croissance des embauches ne devrait pas dépasser les 8 %.

Pourquoi cette différence ? Elle va conforter les pro-industries. : l’industrie concentre en effet 25 % des emplois cadres et les besoins de cadres y sont importants : 19 % des embauches (69 % pour les services).

Mais à nouveau, on risque de se retrouver un paradoxe que l’on connaît bien : les entreprises craignent d’être confrontées à des difficultés pour  recruter les bonnes compétences !

Plusieurs raisons peuvent l’expliquer.

D’abord pour des problèmes d’inadéquation entre les niveaux de formation et les besoins des entreprises. La plus forte appétence des entreprises concerne les emplois dans l’informatique.

Or, l’on sait que malgré la création du Campus du numérique de la Région (trop récente au sein de l’ancien siège de la Région à Charbonnières), on manque d’informaticien, de spécialistes de la data, des réseaux, etc.

Idem dans l’industrie.

D’autre part, ce sont la métropoles de Lyon et de Grenoble qui concentrent à elles deux plus de 50 % des embauches.

Les jeunes diplômés et les cadres seniors souffrent

“ Les PME situées sur certains territoires un peu isolés ont des difficultés à faire venir des cadres”, explique Eric Guillaumot.

Cette coloration plutôt optimiste pour l’avenir des cadres tend à se teindre cependant de gris, s’agissant des jeunes diplômés qui sont particulièrement impactés par la crise, même si cinq entreprises sur dix déclarent rechercher un cadre de moins de cinq ans d’expérience qui sont moins exigeants côté salaire.

Reste qu’un diplômé sur quatre de la promotion 2019 est toujours à la recherche d’un emploi.

Même situation teintée de gris pour les cadres seniors. “Les recrutements restent en retrait pour les cadres de plus de quinze ans d’expérience : seules 11 % des entreprises ont l’intention de les recruter en 2021”, est bien obligé de constater Eric Guillaumot.

Pire : près d’un quart des cadres de plus de 55 ans actuellement en poste “se sentent directement menacés par le risque de licenciement.”

De ce fait, il va y avoir cette année, face à ce danger une moindre mobilité pour les cadres : 71 % d’entre eux considèrent risqué de changer d’entreprise en cette période post Covid…