Etude : développement des Zones à Faible Émission (ZFE), une pression supplémentaire lourde à gérer pour les professionnels du BTP
L’apparition de la loi sur les ZFE a suscité de nombreuses interrogations pour les entreprises du secteur.
Face aux problématiques actuelles concernant le développement durable, l’impact du trafic routier est souvent pointé du doigt.
À cette occasion, Olivier Aubert, (Président de la commission environnement & innovation FFB AURA) et Eric Bouvard, (Président de la section « Équipements Techniques » de BTP Rhône &Métropole) ont précisé les attentes des acteurs du BTP.
Le trafic routier est en effet reconnu comme étant un enjeu écologique et sanitaire important. Ce trafic, contribue à la dégradation de l’air, au réchauffement climatique et à l’épuisement des ressources. La problématique de la qualité de l’air est aujourd’hui majeure en région Auvergne-Rhône-Alpes.
Les pouvoirs publics comptent ainsi sur des politiques locales pour faire face à cette problématique.
Pour répondre à cela les villes de Lyon et Grenoble ont mis en place depuis le 1er janvier 2020, des Zones à Faibles Émissions (ZFE). Cette pratique devrait s’étendre à l’ensemble des agglomérations de plus de 150 000 habitants d’ici 2025.
Pour rappel une ZFE est une zone urbaine dont l’accès est seulement autorisé aux véhicules les moins polluants.
Dans ce contexte, la FFB (fédération française du BTP) AuRA engage une réflexion sur la mutation du parc automobile des entreprises vers des solutions plus respectueuses de l’environnement.
Pour ce faire la FFB a réalisé une étude avec 2 volets principaux. Dans un premier temps, faire un état de la demande, expliquer ce qu’est une ZFE et les contraintes des entreprises. Dans un second temps, faire un point sur l’offre offerte aux entreprises du BTP en termes de circulation décarbonée.
Cette étude a permis de faire un état des lieux et de pouvoir échanger avec les politiques et les entreprises afin de les informer sur les problématiques des ZFE.
Éric Bouvard alerte sur les risques d’incohérence, « La ZFE du Rhône a été annoncée en 2017. En 2021, c’était critère 2 maximum et il y a eu en ce sens un gros travail des entreprises, or la nouvelle mairie a mis en place des nouveaux objectifs donc les règles s’entrechoquent et ça devient très compliqué pour les entreprises ».
Un enjeu économique et social fort
Ils expliquent que les chefs d’entreprises font tout pour que leurs salariés se sentent mieux dans le BTP. Ces derniers précisent qu’il faut rester attentif sur les conditions de travail.
« On ne va pas, pour de la mobilité, faire de la régression sociale »
Éric Bouvard alerte sur le fait que « derrière certaines solutions on oublie la pénibilité ». C’est l’exemple du vélo cargo mis en avant par certains écologistes. « Une journée de travail avec ce vélo, c’est beaucoup plus physique. Le salarié va en plus devoir s’exposer au froid et à la chaleur ».
De plus, nos métiers ont fait d’énormes progrès notamment dans la manutention en matière de levage. On a du mal à imaginer que ces outils passent uniquement à l’énergie décarbonée. »
« Pour les entreprises cela représente des investissements lourds qui ne seront pas amortis avant 20 ou 25 ans entre l’amortissement économique et l’amortissement du matériel ».
Par exemple un poids lourd type 26 tonnes électrique coute environ 300 mille euros contre 100 mille pour le même véhicule en diesel.
S’il existe des aides aux niveaux national, et quelques unes au niveau régional celles-ci ne réduisent que de manière infime cet écart qui reste énorme.
S’ajoute à cela, toujours d’un point de vue économique et social, que pour l’instant le temps d’un plein pour un véhicule électrique multiplie environ par 30 le temps d’un plein de diesel.
« Ils ont l’habitude de s’adapter », Les entreprises ont déjà commencé la mutation pour les véhicules légers. Selon l’étude 67% des gestionnaires de flottes de 10 véhicules ou plus, prévoient l’achat d’au moins un véhicule à motorisation alternative sur la période 2021-2025.
Actuellement 85 mille poids lourds circulent en AuRA, Un peu moins d1 % de ce parc est en énergie décarbonée. Il existe un énorme décalage entre la réglementation et l’offre constructeur. Ainsi la mise en norme de ces parcs est actuellement quasi-impossible pour les entreprises dans les délais annoncés…