La région Auvergne-Rhône-Alpes « une plaque tournante » des cigarettes contrefaites (PMI)
L’industriel du tabac Philip Morris International, propriétaire de Marlboro, Chesterfield ou encore Philip Morris, tire la sonnette d’alarme face à la hausse du marché noir de la cigarette en France, et notamment en Auvergne-Rhône-Alpes. En 2021, le groupe américain estimait à 16,4% la part des cigarettes estampillées d’une de ses marques sur le marché de la contrefaçon dans cette région.
Il l’a dépeint comme une plaque tournante des cigarettes de contrebande et de contrefaçon, lors d’une conférence organisée à Lyon mardi 6 décembre dernier. Selon les données de PMI, 12,3% de la consommation nationale de cigarettes contrefaites proviendrait même d’Auvergne-Rhône-Alpes.
Dans le détail, 12,7% des Lyonnais consommeraient des cigarettes illicites de la marque Philip Morris. Un chiffre qui monte à 22% à Saint-Etienne. Le record régional se situe à Aurillac (Cantal), avec 38% des habitants qui consommeraient des cigarettes contrefaites.
Aux yeux de Philip Morris International, le responsable de la hausse du marché noir est tout trouvé : le prix. Afin de lutter contre la prévalence tabagique, les pouvoirs publics français misent sur la dissuasion par l’argent. Le prix du paquet a ainsi progressivement augmenté ces dernières années, pour atteindre les 10 euros depuis 2020. Et c’est depuis cette date que PMI dit constater une montée en puissance des cigarettes contrefaites.
Tandis qu’entre 2015 et 2017, période durant laquelle le paquet coûtait encore 7 euros, la consommation de tabac illicite était beaucoup moins élevée, selon le cigarettier. « Je pense qu’acheter un paquet de clopes à 10 euros au buraliste est mal passé dans les consciences. Quelque part, 10 euros c’est symbolique », estime Daniel Bruquel, chef du service prévention du commerce illicite chez Philip Morris International. D’après ce dernier, une cigarette consommée sur six avait été contrefaite l’année dernière.
Les fumeurs peuvent aujourd’hui acheter des cartouches contrefaites pour 50 euros. C’est moitié moins cher que celles vendues chez le buraliste. De quoi attirer des consommateurs déjà fragilisés par l’inflation. PMI précise que 2,4 millions de paquets contrefaits ont été consommés à Lyon en 2021. Le trafic s’effectue surtout « aux abords de toutes les stations de métro où circulent plus de 20 000 personnes à la journée, à l’image de la Guillotière », souligne Daniel Bruquel.
Si le marché noir sévit en sous-sol, il prolifère également sur les réseaux sociaux. Canal privilégié : Snapchat, une application de partage de photo et de vidéo qui disparaissent instantanément après visionnage. Il est donc plus difficile pour les douaniers de retrouver la trace des trafiquants. Ils seraient près de 400 à commercer sur la plateforme.
Avec Snapchat, il faut d’abord trouver le pseudo du vendeur puis ensuite devenir « ami » avec lui. C’est du bouche-à-oreille
détaille l’expert de la lutte contre les cigarettes illégales au sein de la société Webdrone Didier Douilly.
Les consommateurs peuvent même profiter de promotions, et se faire livrer les paquets gratuitement dès 30 euros d’achat.
C’est le Uber de la cigarette
déplore Didier Douilly