Hervé Kratirof et Eric Versini, ces deux entrepreneurs lyonnais qui viennent de s’offrir 7 hectares de vignes à haut potentiel en Bourgogne
Ils mènent leur barque à la Lyonnaise, lentement et sûrement, sans esbroufe.
Créateurs de la société Solexia, un fonds d’investissement, Hervé Kratirof et Eric Versini développent pas à pas leur entreprise en acquérant année après année des sociétés essentiellement axées dans le domaine agro-alimentaire.
ils sont présents dans les volailles haut-de-gamme, les salaisons, mais aussi les gratons et les jus de fruits, puis se sont récemment diversifiés dans l’hôtellerie privative de luxe, et notamment des chalets haut-de-gamme
Leur dernier coup d’éclat : le rachat du domaine viticole « Les Terres de Velle ».
Il ne s’agit pas d’un vignoble dans le Beaujolais, actuellement très tendance dans les family office lyonnaises où les acquisitions sont plus faciles, mais de manière plus surprenante en Bourgogne, région où le foncier viticole est réputé à juste titre très très cher.
Beaucoup de monde lorgnait ce domaine viticole.
Pourquoi donc le propriétaire a—t-il choisi nos deux Lyonnais ?
« Le propriétaire ne voulait pas vendre à d’autres domaines bourguignons : il souhaitait que soit gardé le nom du domaine, refusant également les fonds d’investissement », explique Eric Versini. Le côté familial et patrimonial de Solexia, le professionnalisme de ses deux actionnaires a fait le reste.
Ce Domaine de 7 hectares qui est très représentatif d’une mosaïque viticole à la bourguignonne où règnent les « climats » est situé à Auxey-Duresses, son cœur étant situé au sein d’un ancien moulin du 19ème siècle où sont installés les chais.
Pour les deux investisseurs lyonnais , il s’agit d’un domaine à « haut potentiel » puisque pas moins de seize vins différents en Côtes-de-Beaune y sont élaborés (66 % de cépages blancs, chardonnay et aligoté, pour 36 % de rouges, en l’occurrence, le pinot noir), avec des appellations régionales et villages en Meursault, Volnay, Monthélie, Chassagne-Montrachet, Puligny-Montrachet, mais aussi en Corton-Charlemagne grand cru.
La majorité du vignoble est cultivée en biodynamie.
Unique à Lyon
Pourquoi avoir opté pour la Bourgogne ? Ce n’est pas un coup de tête, c’est la conséquence logique du goût de ces « épicuriens dans l’âme » comme ils se définissent eux-mêmes, pour les vins bourguignons qui les a amené, d’abord à créer, en 2014 ce qui semblait alors fort osé, quai Saint-Antoine à Lyon, le Burgundy Lounge.
Il est depuis devenu « le Burgundy by Matthieu » du nom du chef Matthieu Girardon : un lieu de dégustation et de restauration strictement dédié aux vins de Bourgogne, ce qui est unique à Lyon.
Apparemment, les Lyonnais ne sont pas uniquement dopés aux Beaujolais ou aux vins des Côtes-du-Rhône, mais ils en redemandent, puisque le Burgundy by Matthieu constitue depuis une solide ambassade bourguignonne à Lyon, fort courue.
D’où ce pas supplémentaire des deux actionnaires de Solexia à travers le rachat de ce vignoble bourguignon dont ils préfèrent taire le prix d’acquisition, à la demande du vendeur, assurent-ils, mais reconnaissent-ils, ils l’ont acheté « très cher », « une folie » même. Pour eux, il s’agit là d’un coup de cœur « pas de spéculation ».
48 000 bouteilles
« Une folie » permise par la bonne santé de Solexia : ce fonds d’investissement lyonnais affichait ainsi à fin 2022 un chiffre d’affaires de 113 millions d’euros, employant 487 salariés.
Ce domaine « Terres de Velle » produit bon an, mal an 48 000 bouteilles (chiffre 2022) avec des prix s’étageant pour les blancs de 27 à…239 euros et pour les rouges, de 27 à 65 euros.
Les deux entrepreneurs lyonnais ont conservé le couple qui gère le domaine et opère les vinifications : Sophie et Fabrice Laronze.
Objectif affiché désormais : la poursuite de la montée en gamme du Domaine. « Nous souhaitons produire dans ce domaine des vins avec beaucoup de fraicheur, purs, droits avec de la densité et de la minéralité et une finale avec du reps et de la tension », expliquent-ils.
En bon connaisseurs de l’écosystème viticole bourguignon, Hervé Kratirof et Eric Versini n’ont pas effectué « cette folie » par hasard…