A la recherche d’une aura internationale : mâchon, bouchons : tous veulent avoir le label Unesco !
Alors que des bouchons historiques changent de main, les deux associations de défense des bouchons font la paix pour frapper à la porte de l’Unesco et obtenir le précieux sésame du patrimoine mondial immatériel. Un mouvement déjà initié il y a quelques mois par le mâchon qui effectue actuellement un retour en force dans les établissements lyonnais…
Le mâchon a été le premier à regarder ardemment vers l’Unesco, au printemps dernier.
Ce repas traditionnel des canuts tôt matin, a ainsi postulé pour être inscrit au patrimoine mondial immatériel de l’Unesco.
Il n’a en fait jamais vraiment disparu, mais depuis quelque temps, il revient à la mode : dès potron minet, les bouchons lyonnais s’animent et pas seulement en cuisine : c’est le mâchon, un solide en-cas du matin plutôt salé que sucré, autour d’une bonne dose de cochonnaille. A l’origine de cette demande à l’Unesco, on trouve Maxime Caminale, un juriste amateur de gastronomie et président du Mâchon de Sainte-Foy-lès-lyon.
Mais la cuisine lyonnaise, ce n’est pas que le mâchon. C’est aussi le bouchon qui lui sert de cadre, d’où la volonté de mettre aussi en avant le patrimoine représenté par le bouchon.
Deux autres associations de défense des bouchons frappent en effet aussi à la porte de l’Unesco pour mettre en avant la culture culinaire lyonnaise.
Lyon compte en effet deux associations de défense des bouchons qui se livraient une guerre plutôt picrocholine, alors qu’en fait elles sont complémentaires.
La première qui compte des propriétaires de bouchons s’appelle tout simplement « Les bouchons lyonnais » : elle délivre un label tout simplement appelé « les bouchons lyonnais » destiné aux restaurants répondant à un « strict » cahier des charges.
La seconde « l’Association de Défense des authentiques bouchons lyonnais » est présidée par Patrick Deschamps ; elle délivre, elle, aussi un label et sort un guide annuel recensant les « bouchons authentiques ».
Ces deux associations s’apprêtent à déposer aussi auprès de l’Unesco, le classement au Patrimoine immatériel mondial. « La meilleure manière de défendre l’authenticité des bouchons », explique Patrick Deschamps.
Le dossier est en cours d’instruction avant le dépôt à l’Unesco à Paris.
Verra-t-on fleurir des dessins montrant bouchons et cochonailles à l’entrée de la Métropole sur les autoroutes aux entrées de Lyon ?
Cette volonté de remettre en lumière le mâchon lyonnais, mais aussi le bouchon où il se déroule, constitue aussi en cette époque où ce patrimoine risque s’étioler, une manière de le sauvegarder ad aeternam.
Il s’agit en l’occurrence de maintenir haut et fort la tradition lyonnaise qui aurait pu aussi être mise à mal avec le départ annoncé de deux de ses dignes représentants : Arlette Hugon (chez Hugon) et Brigitte et Benoît Josserand (Café du Jura) qui ont décidé de prendre leur retraite.
Ces deux bouchons labellisés allaient-ils disparaître ?
Eh bien non, puisque Arlette Hugon, 77 ans a trouvé de dignes successeures avec Paola, une ancienne serveuse qui reprend l’établissement avec une cheffe amie ; tandis que la continuité du « Café du Jura » sera poursuivie par Edouard Baudin, patron du « Val d’Isère », rue de Bonnel et Daniel Moouton.
Dans les deux cas, les deux nouvelles équipes ont promis de ne rien changer. Ces deux bouchons resteront authentiques. Ouf !