Bérangère Préault : « 100% de gaz vert en 2050 »
Quel bilan faîtes-vous de l’année 2023 ?
Sur l’année 2023, on a consommé 39 TWh de gaz ce qui représente 10% de la consommation française. Cette valeur est en baisse de 14% par rapport à 2022 et cela confirme une rupture tendancielle de la consommation de gaz qui a débuté en 2021, depuis cette date, on enregistre une baisse de 24% de consommation gaz.
Comment expliquez-vous cette baisse de la consommation gaz, par le changement climatique, les économies d’énergies… ?
Ce sont effet les deux principales raisons. On a un climat doux avec 2022 et 2023, qui ont les deux années les plus chaudes depuis 1900. Et donc, plus il fait chaud et moins on consomme de gaz. On pense également qu’il y a des changements de comportement avec des actions d’économies d’énergies et de sobriété énergétique. Enfin, la crise et l’inflation jouent sans doute aussi un rôle dans ce phénomène de baisse de la consommation.
Est-ce que le phénomène de baisse de consommation gaz est similaire dans le monde de l’industrie et dans le milieu professionnel en général ?
Dans le domaine de l’industrie, on a constaté une baisse de consommation gaz de 29% entre 2022 et 2023. Cette baisse s’explique en premier lieu par une année 2022 particulière avec une baisse de la consommation des centrales de production d’électricité à partir de gaz. En 2022, ces pôles de production, du fait de la mise en veille -partielle- de certaines centrales nucléaires, avaient été particulièrement mises à contribution. Et en 2023, on a retrouvé des consommations comparables à 2021. Ensuite, dans les domaines papiers-cartons et chimie, directement reliés au réseau de transport, on pense qu’il y a eu des efforts consentis en matière d’économies énergétiques. On pense qu’il y a eu des efforts de substitution d’énergie en vue de la décarbonation qui est enclenchée et qui fait moins appel au gaz. La crise économique a sans doute eu des conséquences sur la consommation industrielle. En terme de perspectives, on sait que la consommation de gaz fossile va baisser au profit des gaz renouvelables en France, mais nous n’avons pas de chiffres prés!s à l’échelle régionale mais on peut affirmer que nous serrons sur cette même tendance.
Les gaz renouvelables sont donc amenés à prendre plus de place dans les années futures ?
Exactement ! Dans la région, la méthanisation a progressé avec 54 sites, injectant sur les réseaux gaziers à fin 2023 (vs 42 en 2022) pour une capacité totale de production de 635 GWh/an, soit une hausse de 39% par rapport à 2022. Cela représente l’équivalent de la consommation de 50 800 logements soit la consommation en gaz d’une ville comme Saint Priest. De fait, on estime que l’on aura entre 10 et 20% de consommation de gaz renouvelable en 2030 dans la région et l’ambition de GRT Gaz national est que 100% de gaz renouvelable soit dans les tuyaux à horizon 2050.
Quelles sont les principales pistes de réflexion et de développement afin de réaliser vos objectifs ?
On a la méthanisation qui est en cours, mais pas que. Il existe d’autres technologies qui peuvent venir accompagner la méthanisation, comme la pirogazéification et la gazéification hydrothermale qui permettent d’aller chercher des gisements et des solutions plus solides et plus acqueuses , comme des boues ou des déchets industriels. Ce qui permet donc une valorisation de déchets. Et c’est la combinaison de l’ensemble de ces solutions qui permettra de réaliser l’objectif. Ca, c’est sur l’existant. On pense aussi qu’il aura à l’avenir un réseau hydrogène séparé pour relier des producteurs et des consommateurs. Ce qui viendra compléter la décarbonation du système gazier.
GRT Gaz, en région, en quelques mots…
Dans la région, GRTgaz emploie 427 salariés et 18 alternants, et exploite 3925 kilomètres de réseau. En 2023, l’entreprise a investi 28 millions d’euros en Auvergne-Rhône-Alpes pour assurer la sécurité d’approvisionnement, entretenir et moderniser ses installations et accélérer son soutien à la transition énergétique.