Hugo BERTHE (HB) :
Bien sûr. La Première Brique est née du constat que, à l’ère du digital, il devrait être possible pour tout le monde de prêter de l’argent à des personnes ayant un projet immobilier rentable, et ce de manière très simple. L’immobilier reste un investissement qui attire les Français, avec un actif tangible et solide, comme la pierre. Donc, quand mon associé et moi avons voulu créer cette société, nous avons naturellement pensé à l’immobilier et au financement participatif dans ce domaine.
JFP :
Le terme « participatif » est important dans votre modèle. Pouvez-vous expliquer ce que cela signifie concrètement et comment cela fonctionne ?
HB :
Bien sûr. Le financement participatif est une activité réglementée par l’Autorité des Marchés Financiers en France, et il est uniformisé à l’échelle européenne. Son principe est de mettre en relation, d’un côté, des épargnants – qu’il s’agisse de particuliers ou de sociétés – avec, de l’autre, des opérateurs immobiliers professionnels. Les épargnants peuvent placer leur argent avec un rendement moyen d’environ 11 %. En face, nous avons des professionnels de l’immobilier, comme des marchands de biens ou des promoteurs, qui ont besoin de financement pour leurs projets. Notre plateforme facilite cette mise en relation.
JFP :
Depuis combien de temps existe votre société, et combien de personnes composent votre équipe ?
HB :
La société a été fondée en 2019, cela fait donc cinq ans maintenant. Aujourd’hui, nous sommes une équipe de 23 personnes, basés à Lyon, quartier Maréchal Joffre, proche de la place Carnot. Mon associé et moi avons eu cette idée en combinant nos parcours – lui dans le droit des affaires et moi en expertise comptable. Nous nous sommes rencontrés en ingénierie financière, et partageons une passion pour l’immobilier et l’entrepreneuriat. Aujourd’hui, La Première Brique rassemble plus de 55 000 investisseurs et a levé 200 millions d’euros depuis le début, dont 83 millions pour 2024, et l’année n’est même pas terminée.
JFP :
Comment expliquez-vous un tel succès ?
HB :
Je pense que cela repose sur la sincérité de notre démarche. Dès le début, nous avons mis un point d’honneur à la transparence avec nos investisseurs. Chaque investisseur, qu’il place 50 euros ou 50 000 euros, reçoit le même niveau de service et d’attention. Nous nous assurons qu’ils ont toutes les informations nécessaires pour prendre des décisions éclairées, qu’elles soient bonnes ou mauvaises, et cela a construit une relation de confiance durable.
JFP :
Quel est l’investissement moyen des utilisateurs sur votre plateforme ?
HB :
L’investissement moyen est de 567 euros. Ce chiffre montre que nous avons une large base d’investisseurs par projet – entre 1 300 et 4 000 personnes par opération. Cela signifie aussi que nos investisseurs diversifient leurs placements, ce qui est bénéfique pour la gestion des risques.
JFP :
Votre secteur, comme d’autres aujourd’hui, subit les turbulences économiques. Comment arrivez-vous à tirer votre épingle du jeu malgré ce contexte ?
HB :
Je dirais que notre succès repose en partie sur notre transparence, qui nous donne une bonne réputation, notamment sur les réseaux sociaux et les sites d’avis comme Google et Trustpilot. Mais un autre aspect clé est notre choix de financer principalement des projets de réhabilitation et des opérations à taille humaine, que nous comprenons bien. Cela représente environ 95 % de notre activité, avec des projets de revalorisation du parc immobilier français. Ces projets reposent sur des actifs tangibles, ce qui réduit le risque en cas de problème.
JFP :
En parlant de risques, comment abordez-vous la méfiance actuelle du public envers le financement participatif immobilier, alors que votre entreprise prouve que ce modèle peut fonctionner ?
HB :
Cette méfiance vient en partie du fait que certains acteurs ont choisi de se concentrer sur le financement de promoteurs. En période de crise immobilière, ce sont surtout les promoteurs qui rencontrent des difficultés, car ils ont du mal à écouler leur stock, ce qui entraîne des retards de remboursement. Chez La Première Brique, nous avons fait le choix de rester dans le “mass market”, en visant le financement par la foule pour monsieur et madame Tout-le-Monde, ce qui nous permet d’offrir une certaine stabilité.
JFP :
Pour conclure, quel conseil donneriez-vous à quelqu’un souhaitant investir chez vous ?
HB :
Mon premier conseil est de bien comprendre que chez nous, les investissements offrent un rendement de 12 %, mais comportent également un risque. À ce niveau de rendement, le risque est plus élevé qu’à 5 %, par exemple. C’est pourquoi il est essentiel de diversifier. Nos investisseurs ont la possibilité d’investir dans trois à quatre opérations par semaine, ce qui permet une vraie diversification.
JFP :
Dernière question, Hugo : comment envisagez-vous l’avenir de votre marché à moyen et long terme ?
HB :
Sans boule de cristal, je pense que le marché est en train de se stabiliser. Les taux bancaires commencent à baisser, ce qui était l’un des facteurs aggravant de la crise immobilière. Les opérateurs immobiliers retrouvent progressivement une capacité de commercialisation. C’est donc un bon moment pour investir dans cette industrie, car les projets actuels ont été acquis à des prix intéressants grâce à la crise et devraient bénéficier d’un contexte plus favorable dans un avenir proche.
JFP :
Merci, Hugo, d’avoir partagé votre vision et votre expérience. Bonne continuation pour La Première Brique !
Merci à vous de nous avoir suivis. Retrouvez l’émission sur notre site internet, notre chaîne YouTube et nos réseaux sociaux. Passez une excellente journée et à bientôt.