#dotdot : à Grenoble, une start-up invente la connectivité solidaire en réutilisant les gigas non consommés

Avec son innovation brevetée de partage de gigas mobiles entre particuliers, la jeune entreprise grenobloise #dotdot trace un nouveau sillon dans l’univers des technologies connectées. Sélectionnée pour le Concours Lépine 2025 dans la catégorie « Univers connecté », et déjà primée au CES de Las Vegas, la start-up veut désormais s’imposer comme un acteur de la sobriété numérique et de l’inclusion digitale, avec un modèle hybride mêlant tech, écoconception, circularité et impact social.
Une innovation made in Grenoble qui prend racine dans l’ère post-Covid
Fondée en 2021 dans le sillage de la crise sanitaire, #dotdot est née d’un constat simple : la plupart des forfaits mobiles sont surdimensionnés par rapport aux usages réels, tandis qu’une partie croissante de la population reste en difficulté d’accès à Internet. En moyenne, un utilisateur français consomme 15 Go de data par mois, quand son forfait en propose souvent 80, 100 ou 150 Go — non réutilisables.
L’idée de #dotdot consiste à rendre ces gigas « dormants » disponibles à d’autres, sous forme de partages anonymes et sécurisés, via une technologie propre à la start-up. Grâce à un petit répéteur WiFi de poche, baptisé #dot, chaque utilisateur peut créer un accès temporaire visible autour de lui. Les personnes alentour peuvent s’y connecter via l’application #dotdot pour bénéficier d’un accès Internet partagé.
Une solution technologique compacte, brevetée, et industrialisée en France
Le #dot est un boîtier léger, éco-conçu, qui se connecte au smartphone de son propriétaire. Une fois activé, il crée un point d’accès WiFi temporaire, dans un rayon d’environ 100 mètres. Le partage s’effectue dans des conditions de sécurité strictes : le #dot masque les adresses IP, chiffre les échanges, et isole les connexions.
La fabrication est intégralement réalisée en France :
– Les cartes électroniques sont produites par un industriel français,
– L’assemblage est assuré à la ReFactory Renault de Flins, dans le cadre du programme #TheFutureIsNeutral,
– Le design du produit a été soumis à une analyse de cycle de vie complète, avec un impact carbone limité à 1,94 kg CO2e pour la fabrication, et 0,18 kg CO2e pour cinq ans d’utilisation.
Ce choix d’industrialisation locale est assumé comme un acte fort de souveraineté technologique et de cohérence environnementale.
Une innovation saluée par les écosystèmes tech
En janvier 2025, #dotdot a été primée au CES de Las Vegas dans la catégorie « Smart City », ce qui lui a permis de gagner en visibilité à l’international. Quelques mois plus tard, sa sélection au Concours Lépine International Paris consacre son positionnement comme projet d’intérêt général, croisant innovation numérique, sobriété énergétique et utilité sociale.
Ces deux reconnaissances mettent en lumière un modèle technologique qui ne cherche pas uniquement à capturer des parts de marché, mais à inventer une nouvelle approche de la connectivité mobile, inclusive et distribuée.
Un modèle économique entre solidarité, circulation et responsabilité
Le fonctionnement repose sur une place de marché embarquée. Les détenteurs de forfaits avec data excédentaire — appelés #doteurs — peuvent activer leur #dot pour partager des gigas, gratuitement ou moyennant une micro-rémunération. Les bénéficiaires — les #dotés — peuvent se connecter immédiatement, de manière anonyme et temporaire.
Le système est conçu pour s’adapter aux usages urbains : besoin ponctuel de connexion dans un parc, salle d’attente, gare, bibliothèque, festival… mais aussi dans les quartiers où la fracture numérique reste forte, en particulier pour les jeunes, les étudiants, ou les personnes précaires.
L’entreprise se positionne à l’interface du BtoC, du BtoB et du BtoT (territoires), avec un axe de développement particulier autour des entreprises et institutions publiques.
Une offre BtoB RSE pour les entreprises
Au-delà du marché grand public, #dotdot développe une offre dédiée aux entreprises, dans une logique RSE. Il s’agit de permettre à une structure (PME, collectivité, groupe) d’acheter des kits #dot en volume, à distribuer ensuite : – à ses salariés précaires (apprentis, intérimaires, CDD), – à ses usagers, dans une logique d’inclusion numérique, – à des associations locales, dans le cadre de partenariats solidaires.
L’enjeu est double : réduire la fracture numérique tout en valorisant l’engagement environnemental de l’entreprise, via un produit conçu et fabriqué localement. Ce dispositif “clé en main” est d’ores et déjà expérimenté auprès de plusieurs collectivités et bailleurs sociaux en Auvergne-Rhône-Alpes.
Un potentiel de déploiement urbain décentralisé
L’ambition affichée est claire : créer un maillage de connectivité mobile distribué, complémentaire des réseaux opérateurs, entièrement porté par ses usagers. Dans les villes, les #dots pourraient demain devenir aussi répandus que les bornes de trottinettes ou les capteurs de pollution : discrets, mobiles, activables à volonté, ancrés dans les usages de proximité.
L’entreprise réfléchit à des extensions futures :
– intégration dans du mobilier urbain partagé,
– collaborations avec les organisateurs d’événements,
– déploiement dans des zones rurales peu couvertes,
– et interopérabilité avec des programmes de smart city.
Une start-up en pleine structuration
Installée à Grenoble, #dotdot bénéficie d’un écosystème régional favorable, entre laboratoires d’ingénierie numérique, soutien institutionnel, et infrastructures d’incubation. Elle fait partie d’une nouvelle génération de start-up qui revendiquent une tech utile, circulaire, et au service de l’intérêt collectif.
Après la phase d’expérimentation, l’entreprise entre désormais dans une phase de consolidation industrielle et commerciale. Des levées de fonds sont en discussion pour accélérer la production, étendre le réseau de distribution, et structurer l’offre entreprise.
En misant sur une technologie simple, partagée, sécurisée et écoresponsable, #dotdot propose une autre manière de concevoir la connectivité mobile, à la fois agile, décentralisée et socialement engagée. À partir de son ancrage grenoblois, la start-up pourrait bien jouer un rôle dans la transition vers un numérique plus sobre, plus humain, et plus solidaire.