Toute l’actualité Lyon Entreprises

lyon entreprises auvergne rhone alpes

Après une année 2024 marquée par un ralentissement progressif, l’Auvergne-Rhône-Alpes entre dans 2025 sur une note mitigée. L’activité économique régionale subit le contrecoup d’un contexte national et international dégradé, pesant sur l’emploi, la création d’entreprises et l’investissement, malgré quelques signaux plus encourageants dans la construction et le tourisme.

Une activité économique en perte de vitesse

Le quatrième trimestre 2024 a confirmé l’essoufflement de l’économie régionale. Le volume d’heures rémunérées recule de 0,1 % par rapport à la même période l’année précédente. Un chiffre certes modeste, mais qui s’inscrit dans une tendance de fond : depuis deux ans, l’activité fléchit de manière continue, pénalisée notamment par un mois de novembre particulièrement mauvais.

Ce ralentissement est généralisé. Dans la construction, la chute est lourde (-2,9 % sur le trimestre). L’industrie, historiquement solide en Auvergne-Rhône-Alpes, est désormais à l’arrêt (-0,3 %), tandis que le tertiaire marchand ne progresse plus (+0,1 %). Seul le tertiaire non marchand affiche une croissance notable (+1,2 %), ce qui peut interroger sur la capacité du secteur privé à reprendre le relais.

L’emploi salarié en repli pour la première fois depuis 2011 (hors crise sanitaire)

Le nombre d’emplois salariés diminue de 0,2 % sur la fin de l’année 2024, soit 7 800 postes perdus. Ce recul, inédit depuis plus d’une décennie hors contexte sanitaire, illustre la fragilité de la reprise économique. Il touche aussi bien le secteur privé que public, ce dernier enregistrant une baisse marquée de 0,5 %.

Le Rhône, département moteur de la région, est particulièrement touché avec 3 600 suppressions d’emplois (-0,4 %). La tendance est globalement baissière dans les autres départements, à l’exception notable de la Savoie (+0,3 %). La persistance d’une baisse de l’intérim (-1,7 % au quatrième trimestre, -7,9 % sur l’année) ajoute à ce constat une dimension plus préoccupante encore, en affectant directement la flexibilité du marché du travail régional.

Créations d’entreprises en repli : un signal inquiétant

Autre indicateur en berne : les créations d’entreprises, en recul de 2,3 % par rapport au trimestre précédent. La baisse touche tous les secteurs, en particulier la construction (-7,9 %) et le commerce (-4,1 %).

Même si le nombre cumulé sur 2024 reste historiquement élevé (130 000 créations), la dynamique semble s’essouffler. Cette inflexion est d’autant plus préoccupante qu’elle survient dans un contexte où l’innovation entrepreneuriale est un levier crucial pour revitaliser l’économie régionale.

Par ailleurs, les défaillances d’entreprises continuent d’augmenter (+19 % sur un an), avec 7 900 procédures ouvertes en 2024, un chiffre supérieur à celui enregistré lors des précédentes années de crise.

Industrie : stabilité fragile, construction : profonde crise

Le secteur industriel, pilier économique de l’Auvergne-Rhône-Alpes, reste stable au dernier trimestre (+0,2 % sur un an). Certains segments, comme l’agroalimentaire et l’énergie, tirent leur épingle du jeu. Toutefois, cette stabilité dissimule des disparités territoriales : l’Isère, par exemple, subit un recul de 0,6 % de son emploi industriel.

Quant à la construction, elle demeure en crise malgré un léger sursaut des mises en chantier (+12 % au dernier trimestre). Le recul du nombre de logements autorisés (-16 % sur l’année) souligne que la reprise est loin d’être acquise, dans un secteur vital pour la croissance régionale.

Peut-on espérer que cette embellie de fin d’année s’installe durablement ? La prudence reste de mise, tant les signaux de fragilité structurelle persistent.

Tourisme : une note positive grâce à la clientèle étrangère

Seule éclaircie notable : l’activité touristique, portée par une hausse de la clientèle étrangère (+6,3 % de nuitées hôtelières sur le trimestre). Avec cinq millions de nuitées enregistrées en fin d’année, la région limite la casse dans ce secteur stratégique.

Toutefois, sur l’ensemble de l’année 2024, la fréquentation hôtelière régionale affiche un léger recul (-0,2 %), principalement dû à la baisse de la clientèle française (-2,6 %). Le secteur de l’hébergement-restauration bénéficie néanmoins d’une progression du nombre d’heures rémunérées (+0,7 % dans l’hébergement et +0,8 % dans la restauration), offrant un certain soutien au marché de l’emploi local.

Un chômage en légère baisse : un trompe-l’œil ?

Le taux de chômage régional passe de 6,5 % fin 2023 à 6,3 % fin 2024, suivant la tendance nationale. Si cette évolution peut sembler rassurante, elle s’explique en partie par un recul de la population active, et non par une dynamique économique robuste. La question demeure : cette baisse est-elle durable, ou s’agit-il d’un simple répit avant une remontée attendue en 2025 ?