Une étude de l’Insee : Rhône-Alpes demeure une région industrielle
Même si la crise est passée par là, même si l’industrie après avoir connu une forte croissance dans les années 90, s’est ensuite essoufflée, Rhône-Alpes demeure une région industrielle. Tel est le constat d’une étude de l’Insee qui s’est livrée à une intéressante étude sur le Produit Intérieur Brut régional qui s’élevait en 2009 à 182 milliards d’euros, soit 9,7 % du PIB de la France métropolitaine. Il s’agit du deuxième PIB de France, derrière l’Ile de France.
On a souvent tendance à appréhender le poids de l’industrie dans une économie par le nombre d’emplois qu’elle représente. Mais selon Serge Maury, statisticien de l’Insee, cet indicateur n’est pas le plus pertinent car grâce à d’importants gains de productivité, l’industrie a employé au fil des ans de moins en moins de salariés, tandis qu’elle sous-traitait ce qui ne constituait pas son cœur de métier.
Le plus pertinent indicateur est la valeur ajoutée. A cette aune, « la part de l’industrie dans le PIB n’a pas baissé au cours des vingt dernières années : elle est passée de 21 % en 1990, à près de 22 % en 2007 », explique l’auteur d’une intéressante étude de l’Insee Rhône-Alpes qui traite du PIB régional (*).
Rhône-Alpes est une région riche, en 2009, le PIB régional représentait 182 milliards d’euros, soit très précisément 9,7 % du PIB national. Elle est l’une des régions françaises les moins touchées par la précarité : la part des personnes percevant le RSA (Revenu de Solidarité Active) y est la plus faible de la métropole derrière la Bretagne.
La région arrive également seulement en 18 ème position pour le nombre de personnes bénéficiant de la CMU (Couverture Maladie Universelle).
Cette richesse tient pour une bonne part à l’importance de son industrie, socle de l’économie régionale : son dynamisme a été particulièrement vif dans les années 90 avec une croissance de 2,9 % par an avant de décélérer entre 2000 et 2007 avec 1,2 % seulement de croissance annuelle. Mais précise l’auteur de cette étude, « Cette croissance globale n’a toutefois reposé que sur un seul pilier, la pharmacie dont la croissance globale occulte les difficultés rencontrées par les autres composantes du secteur. »
Le tableau dressé des différents secteurs de l’industrie s’inscrit en faux face à l’analyse de certains d’une industrie sinistrée.
C’est le secteur des biens intermédiaires qui a le plus souffert. Leur croissance a été quasi-nulle entre 2000 et 2007 Seuls les composants électriques et électroniques produits par les entreprises appartenant au pôle de compétitivité grenoblois Minalogic voient leur part ajoutée régionale augmenter…très légérement.
Le secteur automobile régional (si on ne construit pas de voitures en Rhône-Alpes, on y produit des poids-lourds et on compte beaucoup de sous-traitants) a contrairement à la situation nationale, connu une croissance moyenne de 3,8 % alors qu’elle reculait de 1,9 % dans l’ensemble de la France.
Même constat pour la production de biens d’équipement qui constituent une part importante de l’identité industrielle rhônalpine. C’est même ce secteur qui a connu la croissance la plus forte, tant dans les années 90 (+ 4,7 % par an) que de 2000 à 2007 (+ 2,2 % par an).
L’énergie qui pèse 13 % de la valeur ajoutée de l’industrie régionale a elle connu une progression significative.
Il faut cependant moduler ce tableau avec le déclin de longue durée de l’industrie textile, mais aussi celui de la chimie, même s’il est moins spectaculaire et si cette dernière a d’ores et déjà retrouvé son niveau d’avant crise.
Ce tableau plutôt favorable a bien évidemment été fortement secoué par la crise financière de 2008 qui a fait sentir ses effets en 2009 sur tous les secteurs de l’industrie régionale, Rhône-Alpes ayant été l’une des régions les plus touchées par la crise économique.
Le PIB rhônalpin a ainsi chuté de 3,5 %, plus que le recul national (- 2,6 %). La raison : tout bonnement le poids important de son industrie. Ce fut une chute brutale : – 20 % pour le secteur automobile, – 14 % pour les biens d’équipement et – 17 % pour les biens intermédiaires. « Ce sont les branches industrielles où la région connaît des spécialisations prononcées qui ont été les plus durement frappées par la récession », constate Serge Maury.
Depuis, une bonne partie du chemin aurait due être rattrapée si la crise n’avait pas frappé à nouveau dès le second semestre 2011, après un redémarrage en flèche au premier semestre. Pour autant l’auteur estime que « la situation économique de la région demeure malgré tout solide. » Si cette étude devrait amener les décideurs économiques à rester très vigilants, elle ne les inclinera pas pour autant à broyer du noir.
(*) Le Lettre n°161, janvier 2012 (Le PIB mesure l’ensemble des biens et services produits par l’économie d’un pays ou d’une région sur une année ; c’est un indicateur de richesse, mais qui reste imparfait car il ne prend pas en compte la question de la soutenabilité de la croissance économique, notamment en termes écologiques.)