La liquidation désormais inéluctable : les élus régionaux votent contre la reprise d’Erai par l’Ardi
Ils actent de ce fait la liquidation judiciaire de cette association, sachant qu’aucun autre repreneur ne s’est manifesté. L’acte de décès d’Erai et de ses 126 salariés s’est joué lundi 18 mai à la Région par 92 voix contre la reprise du bras armé de la région à l’international, voté par la droite, l’extrême droite et les Verts pour seulement 64 voix favorables à sa survie dans le cadre de l’Ardi : PS, PRG et Front de Gauche.
Après vingt-cinq ans d’existence, Erai (Entreprise Rhône-Alpes International), la structure d’accompagnement des entreprises à l’international de la région Rhône-Alpes est morte sous les projecteurs. Ceux de la grande salle de l’assemblée de la région Rhône-Alpes, où avaient pris place les élus régionaux, non loin des salariés qui eux, étaient installés sur les bancs du public.
Pressé par Me Meynet, l’administrateur judiciaire chargé du dossier déposé au Tribunal de Grande Instance pour cessation de paiement, l’exécutif avait organisé lundi 18 mai, une séance plénière spécifique consacrée à ce seul sujet sensible.
La date limite : le 20 mai
Il y avait urgence. La date limite de dépôts des offres de reprise était fixée au 20 mai. Et aucun repreneur ne s’étant-sans surprise-fait connaître, seule la région Rhône-Alpes avait la possibilité de sauver ce qui pouvait l’être.
Ainsi, une délibération est proposée aux votes des élus autorisant l’attribution par la Région, d’une une subvention de 4,70 millions d’euros à l’ARDI (Agence régionale pour le développement et l’innovation), permettant à cette autre structure financée par la Région, de reprendre à la fois, près des trois quarts des salariés d’Erai, mais aussi une bonne part de ses implantations à l’étranger.
Jean-Louis Gagnaire, en tant que vice-président chargé de l’Economie propose donc aux suffrage des élus, la reprise en direct de 57 salariés sur 117, mais aussi 37 travaillant dans les filiales d’Erai.
Sur les 97 contrats portés par Erai dans le monde entier, par des PME de la région Rhône-Alpes, il propose d’en sauver 82 %.
Le plan de sauvetage d’Erai présenté par l’exécutif régional portait également sur les financements de la reprise du siège, mais aussi de cinq filiales : Allemagne, Chine, Italie, Etats-Unis et Canada. Et enfin, le maintien des activités fiscales et juridiques de filiales très sensibles : dans les Emirats Arabe Unis, la Turquie, au Vietnam et au Maroc.
En effet, dans ces pays, où les passifs sont interdits, des comptes dans le rouge, suite à la disparition pure et simple d’Erai, auraient pu amener leurs directeurs en prison ! Ainsi, 4,7 millions supplémentaires figuraient dans la délibération de l’exécutif, afin de payer tout simplement les loyers, les factures et et les salaires : 360 000 euros, par exemple pour les seuls Emirats Arabes Unis…
92 contre, 64 seulement pour le sauvetage
« En reprenant Erai, l’Ardi ne se lancera pas dans une course au chiffre d’affaires, comme Erai, ni à la concurrence avec les structures privées ou publiques avec lesquelles, elle privilégiera des partenariats », lance à la tribune Jean-Louis Gagnaire dans le but d’amadouer à la fois les Verts d’EELV ou le groupe UDC (UMP et centristes).
Même assorti d’un long plaidoyer de Jean-Jack Queyranne, président de la Région, pour le sauvetage d’Erai, cet argument ne fait aucunement mouche auprès des groupes politiques les plus opposés à Erai et suscpetible de le sauver en s’abstenant seulement : UDC (UMP et centre) et les Verts d’EELV.
A l’heure du vote, le verdict est sans appel : 92 voix contre le sauvetage d’Erai par l’Ardi (UDC, Verts, hormis la conseillère régionale Fatia Benamed qui siégeait au conseil d’administration d’Erai et le Front National).
Seuls votent pour le sauvetage, les conseillers PS, PRG et Front de Gauche, soit 64 voix. Bien insuffisants pour sauver le soldat Erai !
Un amendement proposés par les Verts est cependant adopté, rendant un peu moins douloureuse cette fin programmée.
Reprise des filiales sensibles
Il propose à l’administrateur judiciaire la reprise pour un euro symbolique par la région « des filiales d’Erai dans lesquelles les salariés se trouvent en situation de risques fiscaux et juridiques vis-à-vis de la législation en vigueur dans les pays concernés. » Et ce, à hauteur de maximum de 1,1 million d’euros.
Le deuxième amendement adopté au cours de cette séance concerne la création d’un « groupe de transition chargé de redéfinir les modalités en matière d’accompagnement des entreprises à l’international » à la Région. Une manière sans doute de se donner bonne conscience à peu de frais…