Marie-Odile Fondeur : « Le Sirha Green veut être le salon de la prise de conscience… »
C’est son bébé. Estomaquée de voir qu’un salon milanais dédiée au bio était en train de battre tous les records d’affluence, Marie-Odile Fondeur, directrice du pôle agro-alimentaire de GL events et donc du Sirha, s’est dit qu’il était peut-être temps de verdir sérieusement le Sirha, l’un des plus grands salons mondiaux de la gastronomie. Contrairement aux métiers de la distribution, les professions de la restauration sont bien en retard dans ce domaine en France. L’occasion de leur proposer des cours de rattrapage… D’où le Sirha Green qui se déroule du 17 au 19 juin…
Quelle a été la réflexion qui a amené GL events à lancer cette nouvelle manifestation, cette déclinaison verte du Sirha ?
Chez GL events, nous sommes en veille permanente. Or, une visite que j’ai effectuée au salon Natexpo de Milan, le salon des professionnels du bio m’avait impressionné : en quelques années, il s’est développé de façon considérable. Cela a nourri notre réflexion et nous avons estimé que le Sirha devait s’inscrire lui aussi sur ce marché du bio, mais pas que…
C’est-à-dire ?
La volonté est de ne pas nous circonscrire qu’au bio, mais à l’ensemble de la filière agro-alimentaire verte : l’agriculture raisonnée, les produits sans allergènes, sans gluten, la nourriture végane, végétalienne, etc.
Natexpo s’adresse à à la distribution du bio. Le Sirha Green veut s’adresser aux producteurs et à ceux qui utilisent leurs produits, les chefs.
Vous pensez donc que les produits sans allergènes constituent déjà un vrai marché ?
Absolument. Il y a un rapport évident entre les OGM et les allergènes. Les industriels de l’alimentation ont rajouté du gluten dans leurs produits, ça faisait liant ; mais ce faisant, trop c’est trop, et un nombre grandissant de consommateurs se retrouvent avec des allergies. L’intolérance, les allergènes ne cessent de se développer. Les 19/35 ans qui figurent parmi les plus touchés sont extrêmement sensibles à toutes ces problématiques. C’est en train de devenir un vrai problème de santé publique…
Mais pourquoi ne pas avoir intégré simplement un secteur « green » dans le Sirha qui accueillait déjà des producteurs bio ?
Il faut bien avoir conscience que le Sirha généraliste est devenu un énorme salon. Créer une section particulière aurait consisté à la noyer dans ce grand ensemble. Or, ce que nous voulons faire à travers le Sirha Green est d’amener une prise de conscience et pour ce faire, il fallait absolument créer un salon dédié.
Quel sera alors la taille de ce premier Sirha Green ?
Comme le Sirha, il se déroulera à lyon-Eurexpo. Cette première édition occupera l’équivalent d’un hall, soit près de dix mille mètres carrés. On y attend près de 250 exposants avec les marques. S’agissant d’un premier salon, difficile à dire quel sera le nombre de visiteurs. Nous avons cependant quelques indications à cet égard : ce salon suscite un intérêt certain car nous avons déjà engrangé plus de six mille pré-réservations.
Le budget de ce premier salon sera de l’ordre d’un million d’euros.
Vous avez parlé de prise de conscience. Qu’est-ce à dire ?
Il faut bien reconnaître qu’un niveau de la restauration green, nous sommes en retard en France. L’objectif de ce salon est aussi de booster la profession pour qu’elle évolue rapidement.
Nous voulons accompagner les acteurs pour qu’il s’adaptent à ce nouveau marché, ce qu’ils ne savent pas toujours faire. Ce nouveau salon a pour but de leur donner les clefs. A cet égard le monde bouge très rapidement, il convient d’accélérer le mouvement !
Tous les chefs s’en plaignent : ils ont de plus en plus de mal à recruter, notamment chez ceux que l’on appelle les « millenials ». Prenez-vous en compte ce problème ?
Oui, la gestion du personnel sera l’une des thématiques de ce Sirha Green. Il faut là aussi que les chefs apprennent à s’adapter. Les jeunes ont besoin de perspectives.
Ils ont besoin qu’on leur fasse confiance. Si on leur donne des perspectives, si l’on sait mieux communiquer avec eux, ce problème de la difficulté de recrutement peut être, pour une part, résolue. Des professionnels de la communication vont ainsi intervenir au cours de ce salon : il faut désormais que toute la profession se bouge ! C’est ce message que le Sirha Green va aussi lancer…
Le Sirha Green se veut un salon biennal en alternance avec le Sirha. Aura-t-il toujours lieu en juin ?
Non, nous n’avons pas eu le choix, car c’est un salon que nous avons monté en six mois. Il ne restait plus de créneaux à Lyon-Eurexpo en janvier 2018. Mais le prochain Sirha Green aura bien lieu en janvier, l’année qui suivra la prochaine édition 2019 du Sirha, c’est-à-dire en janvier 2020…