1er mai : l’U2P Auvergne-Rhône-Alpes défend le droit des artisans à travailler
Alors que le 1er mai approche, l’Union des Entreprises de Proximité (U2P) Auvergne-Rhône-Alpes alerte sur une situation qu’elle juge incohérente et pénalisante pour les petites entreprises de la région. À travers un communiqué diffusé le 25 avril 2025, l’organisation patronale appelle le gouvernement à clarifier sa position sur le travail durant cette journée classée comme fériée et chômée par le Code du travail.
Pour l’U2P, interdire l’ouverture de certains commerces de proximité, notamment dans les secteurs de l’alimentation et des services essentiels, revient à freiner des activités économiques localement structurantes, dans une conjoncture déjà tendue pour les très petites entreprises.
Des secteurs clés privés d’une opportunité commerciale
Dans des départements comme la Savoie, la Haute-Loire, l’Ardèche ou le Rhône, où le 1er mai coïncide avec des rassemblements familiaux, des événements locaux ou une affluence touristique importante, la fermeture contrainte de commerces alimentaires — boulangers, bouchers, fleuristes, charcutiers — suscite incompréhension et frustration.
Pour ces professionnels, cette journée représente souvent un pic d’activité, avec un chiffre d’affaires qui peut représenter plusieurs jours de vente en période normale. L’U2P souligne que la législation actuelle empêche, dans plusieurs cas, ces entreprises d’ouvrir, même si les salariés sont volontaires et rémunérés en conséquence.
Un flou juridique jugé contre-productif
L’organisation dénonce une situation de double discours institutionnel. D’un côté, certaines déclarations ministérielles récentes se veulent tolérantes à l’égard des ouvertures encadrées. De l’autre, des menaces de sanctions sont brandies contre les employeurs ne respectant pas à la lettre les dérogations prévues par la loi, en particulier en dehors des grandes zones touristiques ou commerciales.
Ce flou juridique persistant crée de l’incertitude et dissuade les dirigeants de proximité de s’engager, même dans le cadre d’une rémunération doublée et d’un accord formel avec les salariés. Pour l’U2P, il est urgent de clarifier le cadre d’application, afin que les entreprises puissent travailler en toute légalité et sérénité, dans un respect mutuel des droits.
Une situation symptomatique des freins rencontrés par les TPE
Au-delà du cas du 1er mai, ce débat illustre une difficulté plus large rencontrée par les petites structures indépendantes : celle de naviguer dans un cadre législatif peu lisible, souvent conçu pour des entreprises plus grandes, avec des fonctions RH et juridiques internalisées.
Dans les secteurs représentés par l’U2P — bâtiment, métiers d’art, restauration, coiffure, santé, paysage — la charge administrative est devenue un facteur de découragement croissant, en particulier lorsque les règles varient selon les jours, les lieux et les seuils d’effectifs.
L’organisation estime qu’il est temps de rétablir une équité de traitement, qui tienne compte de la réalité économique et sociale des TPE. Elle demande que les entreprises qui respectent leurs obligations en matière de droit du travail, notamment en rémunérant leurs salariés double et sur la base du volontariat, ne soient ni sanctionnées, ni stigmatisées.
Un appel au dialogue social territorial
La présidente de l’U2P Auvergne-Rhône-Alpes, Marie-Françoise Gondard-Argenti, propose qu’une concertation soit ouverte avec les partenaires sociaux afin de repenser le cadre législatif applicable au travail lors des jours fériés. Cette concertation, selon elle, devrait permettre d’adapter les règles à la diversité des contextes économiques locaux, tout en garantissant la protection des salariés.
Il s’agirait d’en finir avec les situations absurdes dans lesquelles une entreprise est autorisée à ouvrir dans une zone, mais pas dans la commune voisine, ou encore avec des contrôles renforcés qui visent des artisans en pleine activité dans des zones touristiques à forte demande.
Cette approche territorialisée du dialogue social fait écho à d’autres propositions déjà formulées par l’U2P, notamment en matière de fiscalité locale, de politique de l’emploi ou d’apprentissage.
Un signal politique dans un contexte économique tendu
Le communiqué intervient dans un climat où de nombreuses TPE expriment leur inquiétude face à la baisse de fréquentation, à l’augmentation des charges et à la pénurie de main-d’œuvre. Pour nombre d’entre elles, les jours fériés ne sont pas synonymes de relâchement, mais d’opportunités commerciales à saisir — parfois indispensables à l’équilibre du mois.
En empêchant certaines professions de travailler un jour comme le 1er mai, sans justification opérationnelle claire, l’U2P estime que l’État envoie un signal dissonant aux acteurs économiques de terrain, notamment ceux qui jouent un rôle social de premier plan dans les territoires ruraux et les centres-villes en reconquête.
Une demande d’engagement formel pour 2025 et après
Concrètement, l’U2P réclame que l’État prenne un engagement clair pour cette année : aucune sanction ne serait appliquée aux entreprises qui décident d’ouvrir le 1er mai, à condition de respecter les droits des salariés (volontariat, rémunération doublée, conditions de travail appropriées).
Elle souhaite également que, dès 2026, une concertation soit lancée pour revoir la législation applicable à l’échelle nationale, avec une possible adaptation par territoire ou par secteur. L’objectif : sécuriser juridiquement les entreprises et valoriser l’emploi de proximité, dans une logique de réciprocité et de bon sens.
À travers cette prise de position, l’U2P Auvergne-Rhône-Alpes met en lumière les contradictions d’un système réglementaire qui ne tient pas toujours compte des réalités économiques locales. Son message est clair : dans un contexte où chaque journée compte pour la survie de nombreuses TPE, il est urgent d’apporter clarté, équité et souplesse. Pour les petites entreprises, la liberté de travailler — avec respect des règles — est aussi une condition de leur résilience.