3 285 chefs d’entreprise ont perdu leur emploi en 2021 en Auvergne-Rhône-Alpes : les seniors, les plus touchés
Ce sont des données que l’on évoque peu, alors que rares encore sont les chefs d’entreprise qui bénéficient d’un filet de sécurité lorsqu’ils se retrouvent au chômage. L’association GSC (*) et la société Altares viennent de dévoiler la 6ème édition de l’Observatoire de l’emploi des entrepreneurs. En 2021, 3 285 femmes et hommes chefs d’entreprise ont perdu leur activité professionnelle en Auvergne-Rhône-Alpes, soit une diminution de 9,5 % par rapport à l’année 2020.
La raison de ce léger mieux : les aides gouvernementales qui, pendant la crise du Covid ont permis d’amoindrir les effets de la crise et continuent (un peu) de doper l’économie.
Il faut bien avoir conscience que les chefs d’entreprise seniors, souvent expérimentés, restent les premiers touchés.
La majorité des départements de la région enregistre une diminution du nombre d’entrepreneurs en situation de perte d’emploi. Le département du Rhône (915 dirigeants) représente à lui seul plus d’un quart des pertes d’emploi de la région malgré une baisse de 4,3 %.
Dans six départements, la baisse des dirigeants en situation de « chômage » est supérieure à 10 % : Ain (231 dirigeants, – 18,4 %), Allier (103 ; – 13,4 %), Isère (515 ; – 10,7 %), Puy-de-Dôme (230 ; – 12,2 %), Savoie (242 ; – 12 %) et Haute-Savoie (308 ; – 16,5 %).
Le département du Cantal enregistre la plus grande baisse de la région avec – 29,6 %. En 2021, 38 chefs d’entreprise ont perdu leur emploi alors qu’ils étaient 54 en 2020.
Anthony Streicher, président de l’association GSC craint que ces chiffres un peu plus favorables ne durent pas. « Le soutien de l’Etat continue de produire ses effets pour aider les entreprises à maintenir la tête hors de l’eau. Nous n’avons pas été confrontés au raz-de-marée des faillites redouté. Néanmoins, les chefs d’entreprise devront faire face à de nouvelles menaces, conséquences de la guerre en Ukraine et il convient d’être particulièrement prudent pour l’avenir”, assure-t-il.
Le problème, estime-t-il est que pour l’immense majorité d’entre eux, il n’y a pas pas de filet de sécurité. “Et c’est un véritable drame, lorsque ces derniers viennent trop tardivement demander de l’aide et nous disent « si j’avais su » ! “
Les chefs d’entreprise « seniors » particulièrement exposés
L’âge moyen des chefs d’entreprise impactés en Auvergne-Rhône-Alpes est de 46,8 ans, en légère baisse par rapport à 2020 (47 ans). La crise économique touche particulièrement des entrepreneurs pour lesquels le rebond professionnel sera plus difficile.
Cette population, dite de « seniors », est généralement installée dans une vie personnelle construite, avec des charges familiales et financières parfois importantes. Ce contexte personnel peut amplifier la pression et l’inquiétude en cas de perte d’emploi, et amener à prendre de mauvaises décisions.
« Si le chiffre d’affaires n’est pas au rendez-vous en 2022 pour certains chefs d’entreprise, le paiement des reports de cotisations sociales accordés pendant la crise du Covid-19 ou le début des remboursements des prêts PGE pourraient mener à des situations dramatiques. Notre devoir est de continuer à accompagner ces chefs d’entreprise et de les inviter à anticiper ces situations », souligne le président de l’association GSC.
Les entrepreneurs à la tête de petites structures de moins de trois salariés, représentent plus de sept pertes d’emploi sur dix dans la région en 2021.
Construction et commerce les plus touchés
Les chefs d’entreprise des secteurs de la construction et du commerce restent les plus impactés.
Les entrepreneurs des secteurs de la construction (au nombre de 894) et du commerce (764) représentent à eux seuls plus de la moitié des pertes d’emploi de la région.
Les acteurs de l’immobilier subissent une hausse de… 120,2 %, soit 196 dirigeants de la branche en situation de chômage en 2021 contre 89 en 2020.
Les chefs d’entreprise dans le domaine agricole apparaissent comme ceux ayant le moins bien résisté à la crise en Auvergne-Rhône-Alpes. 72 professionnels ont perdu leur activité en 2021 (+ 63,6 % par rapport à 2020). Les éleveurs connaissent la plus forte progression (+ 153,3 %) et subissent la hausse des prix pour nourrir le bétail.
Les difficultés sont également présentes dans le domaine de l’information et de la communication : 105 entrepreneurs ont perdu leur emploi, une augmentation de 9,4 % par rapport à 2020.
Les dispositifs mis en place par l’État permettent aux secteurs liés à l’hébergement, à la restauration, et aux débits de boisson d’être en net recul en 2021 avec – 43,4 %. Cette baisse concerne l’ensemble du secteur.
Le secteur du service enregistre enfin un net recul des pertes d’emploi avec – 31 % dans les services aux particuliers.
(*) Depuis plus de 40 ans, l’association GSC se donne pour mission d’informer et de sensibiliser les chefs d’entreprise des risques de leur situation, et plus particulièrement la perte d’emploi. La GSC est la réponse qu’ont élaborée les organisations patronales face au besoin de protection chômage des indépendants. L’association GSC est l’association qui a souscrit le contrat d’assurance de groupe GSC auprès d’un pool d’assureurs.
: les seniors, les plus touchés